Bilan de notre séjour de 10 mois dans l’archipel de la Société

Mont Rotui avec vue sur la baie de Cook.

Après la solitude et la tranquillité des Tuamotu, retour à la civilisation dans les îles de la Société, qui comprend notamment Tahiti et sa capitale Papeete. Cet archipel, situé le plus à l’ouest sur le Pacifique Sud, c’est 1 593 km² de surface émergée, soit 38% de la superficie de la Polynésie Française. Mais c’est aussi 242 726 habitants soit 87% de la population totale.

Retrouvez tous nos articles en lien avec ces îles dans notre rubrique Archipel de la Société.

 

Un peu de rappel en termes de géographie

 

L’archipel de la Société est divisé en deux secteurs. D’un côté, les Îles du Vent, avec Moorea, Tahiti, Mehetia (inhabitée et accès réglementé), Maiao et un atoll Tetiaroa. La partie occidentale constitue les Îles Sous le Vent, avec d’est en ouest, les îles hautes de Huahine, Taha’a, Raiatea, Bora Bora et Maupiti. On y trouve également 4 atolls : Tupai, Maupihaa (aussi appelé Mopelia), Motu One (aussi appelé Bellingshausen) et Manuae (aussi appelé Scilly).

Carte des îles de la Société en Polynésie française.

Les îles d’un même groupe sont relativement proches. Douze milles seulement séparent Tahiti et Moorea et chaque île des Îles sous le Vent se situe l’une de l’autre à une trentaine de milles. Quant à Taha’a et Raiatea, elles partagent le même lagon.

En revanche, les deux groupes, au Vent et sous le Vent, restent assez distants l’un de l’autre : Huahine se situe à 75 milles de Moorea dans l’axe sud-est nord-ouest. En résumé, les navigations sont tout de même relativement courtes ce qui permet de changer d’îles facilement en voilier, sur un périple de quelques jours à quelques semaines. On vous présente des exemples de croisières en voilier à la fin de cet article !

 

Physiquement, elles ressemblent à quoi ces îles ?

 

Un doux mélange entre les Marquises et les Tuamotu, c’est-à-dire des îles hautes posées au beau milieu d’un lagon. Les mouillages sont généralement bien protégés derrière les barrières de corail, on peut juste être soumis au vent en fonction de l’endroit où on se situe par rapport à l’île en question. La houle peut parfois rentrer, cela dépend encore une fois de l’orientation des conditions mais il ne faut pas se plaindre non plus, rien à voir avec les mouillages potentiellement plus rouleurs des Marquises. Quoi qu’on devient de plus en plus exigeant !

Baie de Haapiti sous les nuages à Moorea.
La diversité des paysages volcaniques nous impressionnera toujours, ici dans la baie d’Haapiti à Moorea.
Le volcan de Maupiti vu depuis son lagon.
Le volcan de Maupiti.
Pose sur le paddle devant la montagne de Bora Bora.
Bora Bora bien sûr !

 

Approvisionnement fourni et urbanisation grandissante

 

Arriver à Tahiti après plusieurs mois aux Tuamotu et Marquises : c’est pour nous le paradis pour se ravitailler en nourriture ! On retrouve tous les produits français, certes plus chers qu’en France voire même exorbitants pour certains, mais ça fait tellement plaisir de pouvoir déguster à nouveau un camembert ou même se faire une raclette tant qu’on y est… Eh oui, c’est surtout le fromage qui nous manquait dans nos escales précédentes !

Le contre-coup, c’est de retrouver la circulation dense d’une grande ville et un paysage où les lotissements s’étalent sur les flancs des volcans. Mais une fois à l’écart de Tahiti et surtout de Papeete, le calme et la tranquillité reviennent rapidement, comme par exemple à Huahine, écartée (encore) des sentiers touristiques ou à Maupiti, petite île paisible et authentique.

Lagon de Huahine avec maisonnette flottante sur l'eau.
Le lagon de Huahine avec Raiatea au loin (et une petite pirogue-maison flottante…)

 

Les activités nombreuses et variées possibles sur les îles de la Société

 

• Randonner. On trouve des chemins sur chaque île, plus ou moins longs ou difficiles. Sur l’île de Tahiti, il faut une voiture pour y accéder, sur les autres non. À Bora Bora, pas trop de randos à terre, c’est le lagon qui compte là-bas !

Jardin botanique Harrison Smith sur Tahiti.
Pas vraiment une randonnée à proprement dite mais une jolie balade dans le jardin botanique d’Harrison Smith au sud de Tahiti.

• Découvrir des cascades et/ou rivières en simple promenade ou en randonnée

Pont et première cascade de Faarumai en arrière-plan.

• Profiter des magnifiques plages de sable blanc et de l’eau chaude turquoise

Sur la belle plage de Temae à Moorea.
Plage de Temae au nord-est de l’île de Moorea.

• Monter jusqu’à un joli point de vue qui englobe plusieurs îles

Point de vue depuis le sommet du volcan de Maupiti.
Sur les hauteurs de la petite montagne de Maupiti, avec vue sur Bora Bora au loin.

Visiter une ferme perlière dans les Îles sous le Vent

Des essais de perle de Tahiti dans la ferme perlière Hinano Pearls.
La ferme perlière Hinano Pearls à Fakarava (mais il y en a aussi dans les Îles sous le Vent, notamment à Huahine et à Taha’a).

• Juste profiter du lagon, en paddle et/ou en snorkeling, à la découverte de la faune sous-marine et des coraux

Paddle sur lagon à Huahine dans le mouillage de la baie d'Avea.
Paddle mis à l’eau derrière le bateau à Huahine.

• S’adonner à des activités nautiques un peu plus sportives comme le wakeboard, le surf tracté, le kitesurf, le kitefoil, etc.

Surf tracté sur le lagon de Bora Bora.
Surf tracté sur le lagon de Bora Bora derrière le bateau à moteur de Phoenix !
Kitefoil sous le soleil couchant de l'île de Bora Bora.
Toujours à Bora Bora : un peu de kitefoil !

• Découvrir les plantations locales : à Moorea, les ananas sont rois et on peut visiter la fabrique de jus Rotui sur les pentes de la montagne du même nom.  À Taha’a, c’est la vanille qui est à l’honneur !

Les pentes du mont Rotui où se situent les champs d'ananas.
Les pentes du mont Rotui à Moorea où se situent des champs d’ananas et la fabrique de jus de fruits.

• Visiter des sites et vestiges archéologiques. Il y en a partout, sur Tahiti, sur Moorea, sur Huahine, etc. Le plus connu étant à Raiatea (nous ne l’avons pas fait).

Le marae Anini situé près du village de Parea, au sud de l'île de Huahine Iti.

Nager avec des raies pastenagues au nord de Moorea. Alors, on n’est pas fan du nourrissage des espèces, mais si on s’y rend en dehors des heures touristiques où tous les jet-ski sont stationnés dans la zone, on peut admirer ces magnifiques animaux sans avoir besoin de les nourrir.

Raie pastenague dans le lagon de Moorea.

• Se balader pour admirer la flore locale (dans ce cas-là, pas besoin d’aller bien loin) : frangipaniers, hibiscus, fleurs de Tiare…

Fleur de tiare, l'emblème de Tahiti et de la Polynésie française.
La mythique fleur de Tiare, l’emblème de Tahiti et ses îles !

• Manger local en pêchant du poisson ou en le dégustant cru dans du lait de coco dans des snacks ou restaurants. Manger plein de fruits locaux délicieux (bananes, pamplemousses, ananas, fruits de la passion…) !

Un ananas de Moorea, poussant sur le relief de la vallée d'Opunohu.
Ananas poussant sur la belle île verdoyante de Moorea.

Croiser des baleines (quand c’est la saison), aux abords de Moorea

Wahou, quel plaisir de pouvoir admirer et entendre déjà leur souffle propulsé par leur évent !

• Faire un baptême de plongée ou des sorties sous l’eau (si vous avez le niveau) pour admirer les fonds marins

Bénitiers admirés en snorkeling dans le lagon à Bora Bora.
Ce n’était pas en plongée mais en snorkeling (quoi qu’on a tout le temps qu’on veut aussi de les admirer en plongée sous-marine) : des beaux bénitiers multicolores !

• Et puis bien sûr, juste profiter du temps qui passe quand on est sur un bateau !

Vue du lagon de Maupiti depuis le pont de notre cher voilier.
Le splendide et calme lagon de Maupiti admiré depuis le pont de notre cher voilier Manwë…

 

C’est quoi la plus belle vue depuis notre bateau ?

 

Sans doute la baie d’Opunohu à Moorea admirée depuis la passe du lagon ! Le décor est magnifique, ce relief acéré et verdoyant qui se détache sur le bleu du ciel, on ne s’en lassera jamais. Mais il y a beaucoup d’autres panoramas magnifiques. Le pic de Bora Bora depuis son lagon. Le volcan effondré de Maupiti. Les pentes de végétation vierge de la presqu’île de Tahiti (on vous en parle bientôt dans un futur article, eh oui, on n’a toujours pas fini de vous parler de la Société en fin de compte). Ou encore les courbes voluptueuses des montagnes de Huahine depuis le nord-ouest…

La baie d'Opunohu au nord ouest de Moorea, vue depuis la passe.
La majestueuse baie d’Opunohu depuis le mouillage devant la barrière de corail.
La baie d'Opunohu vue en drone depuis le mont Rotui.
Et vue du ciel…

 

Et si vous veniez profiter de l’archipel en voilier vous-aussi ?

 

Note : Évidemment, nous parlons ici des séjours possibles hors coronavirus et restrictions au niveau des vols, locations, navigations, etc.

L’idéal bien entendu, c’est de trouver un bateau ami qui peut vous accueillir. On a plus de possibilités et on ne se retrouve pas avec tous les charters. Mais quand on ne connaît personne sur place, on peut bien entendu louer un voilier, la plupart du temps un catamaran, avec ou sans skipper. Les bases de location sont situées sur l’île de Raiatea, il y a plusieurs compagnies de charters qui se disputent le marché. Les séjours sur bateau loué sont donc principalement des périples au sein des Îles sous le Vent (déjà un formidable terrain de jeu!). On vous présente ici différents trajets possibles, sachant que ceux au départ de Tahiti seront donc possibles sur le voilier d’un particulier et non un charter (à moins que des compagnies louent directement à Tahiti mais je n’en suis pas sûre).

L’erreur bien sûr, c’est de vouloir en faire trop. Comme partout. On se presse, on se stresse et ça ne dégage rien de bon dans un séjour qui se veut paradisiaque. En bateau, mieux vaut prêcher le moins que le plus finalement. Surtout qu’il faut sérieusement prendre en compte le temps de trajet entre les îles…

Les parents d’Anaïs sont venus 12 jours à la fin du mois d’octobre 2019. C’est peu mais c’est toujours ça, nous avons quand même énormément profité tous les quatre. Les moments en famille sont précieux tant ils sont rares quand on voyage. Nous leur avions préparé un planning chargé, pour les dépayser et les satisfaire au mieux. Trois îles, avec une nuit de navigation en prime, c’était beaucoup ! Après réflexion et expérience, il faut savoir se contenter de moins, rester raisonnable et on n’en sera que plus heureux:)

Note : J’indique ici les heures de navigation pour les changements d’îles, pour indication. Je ne prends pas en compte les temps entre les mouillages sur une même île, ce qui prend rarement plus d’une heure ou deux. Sauf précisé, les navigations entre les îles seront toujours au portant (vent arrière), donc les plus confortables possibles (sauf conditions exceptionnelles bien entendu).

 

Séjour de moins de 15 jours au départ de Tahiti

 

C’est un conseil, restez dans les Îles du Vent ! Avec nos parents sur 12 jours, nous sommes allés jusque dans les Îles sous le Vent et ils ont ensuite repris un vol depuis Raiatea pour Tahiti. Mais c’était speed, comme nous venons de l’expliquer.

Mieux vaut profiter uniquement de Tahiti et de Moorea, il y a déjà tant à découvrir sur ces deux îles ! Quitte à inclure aussi l’atoll de Tetiaroa (à 30 milles de Moorea ou de Tahiti, soit environ 5 h de navigation) si les conditions s’y prêtent (on mouille en dehors de son lagon donc non protégés de la houle). Et/où à se rendre jusqu’à la presqu’île Tahiti Iti, un lieu moins fréquenté par les plaisanciers, pour aller admirer les montagnes verdoyantes et la mythique vague de Teahupoo. (Nous allons vous en parler dans un futur article).

Le vent peut être un peu plus capricieux dans ce trajet, puisqu’on peut se retrouver plus souvent face au vent en revenant par exemple de Moorea vers Tahiti ou en se dirigeant vers la presqu’île. Il ne faut pas non plus avoir peur de naviguer.

 

Séjour de deux semaines au départ de Tahiti

 

Note : La navigation retour entre les Îles sous le Vent et Tahiti n’est pas bien orientée en général. On se retrouve face au vent, à avancer au moteur et cela prend beaucoup de temps sur un séjour de quelques semaines. Mieux vaut quitter le bateau et prendre un vol local pour rentrer.

 

Itinéraire n°1 : «Moorea, Huahine, Taha’a & Raiatea »

• Arrivée à Tahiti. En fonction de l’horaire à laquelle vous atterrissez (souvent, c’est soit très tôt le matin, soit très tard le soir) :

  • départ direct pour Moorea le matin ou en milieu de journée => 18 milles – 4 h de navigation
  • visite de Papeete (mais vous pouvez tout aussi bien le faire à la fin du séjour lorsque vous revenez à Tahiti, et de toute manière, ce n’est pas non plus indispensable)
  • nuit sur place à Tahiti et départ pour Moorea le lendemain matin

• Plusieurs mouillages à Moorea

• Départ en fin d’après-midi pour Huahine => 85 milles – nuit complète de navigation

• Plusieurs mouillages à Huahine

• Trajet vers Taha’a => 22 milles – 4 h de navigation

• Plusieurs mouillages à Taha’a et à Raiatea (même lagon pour les deux îles donc peu de navigation)

• Vol local depuis Raiatea vers Tahiti.

Résumé : Itinéraire avec le moins de milles à parcourir (130 environ au total entre les îles). Et l’escale à Huahine « l’île authentique » vaut vraiment le coup ! C’est beau, c’est paisible, les gens sont gentils et accueillants et c’est également moins touristique.

 

Itinéraire n°2 : «Moorea, Raiatea, Taha’a & Bora Bora »

• Arrivée à Tahiti (mêmes propositions que pour itinéraire n°1)

• Départ pour Moorea => 18 milles – 4 h de navigation

• Plusieurs mouillages à Moorea

• Départ en fin d’après-midi pour Raiatea => 85 milles – nuit complète de navigation

• Plusieurs mouillages à Raiatea et à Taha’a (même lagon pour les deux îles donc peu de navigation)

• Trajet vers Bora Bora => 25 milles – 5 h de navigation

Plusieurs mouillages à Bora Bora

• Vol local de Bora Bora vers Tahiti.

Résumé : Itinéraire avec un peu plus de milles mais on se rend à Bora Bora, l’île la plus réputée de l’archipel et souvent immanquable pour beaucoup de voyageurs.

 

Itinéraire n°3 : « Moorea, Huahine, Taha’a & Bora Bora »

• Arrivée à Tahiti (mêmes propositions que pour itinéraire n°1)

• Départ pour Moorea => 18 milles – 4 h de navigation

• Plusieurs mouillages à Moorea

• Départ en fin d’après-midi pour Huahine => 85 milles – nuit complète de navigation

• Plusieurs mouillages à Huahine

• Trajet vers Taha’a => 22 milles – 4 h de navigation

• Plusieurs mouillages à Taha’a

• Trajet vers Bora Bora => 25 milles – 5 h de navigation

• Plusieurs mouillages à Bora Bora

• Vol local de Bora Bora vers Tahiti.

Résumé : Itinéraire avec le plus de milles à parcourir (environ 160) car on bouge sur plus de lagons différents. Ce qui implique donc moins de temps par île mais on peut faire à la fois Huahine & Bora Bora. Cela reste l’itinéraire le plus difficile à tenir niveau météo si les conditions sont mauvaises.

Note : Les vols inter-îles avec Air Tahiti sont faciles à déplacer au cas-où et ce n’est pas très cher de changer leur date et leur horaire.

 

Séjour sur trois semaines au départ de Tahiti

 

Profitez, vous avez déjà plus de temps ! Vous pouvez sans crainte inclure Moorea, Huahine, Taha’a, Raiatea et Bora Bora dans votre planning mais en soufflant et prenant plus votre temps.

 

Sur deux ou trois semaines au départ directement des Îles sous le Vent

 

Le planning type « croisière locale ». Les voiliers de locations empruntent ce circuit et c’est d’ailleurs celui où on a le plus de temps par île. C’est également le trajet le plus intéressant pour ceux qui n’aiment pas naviguer trop longtemps, on bouge peu et il n’y a pas de nuit de navigation au programme. Mais c’est le plus cher, car deux vols locaux sont nécessaires, un aller et un retour depuis Tahiti.

Si vous restez trois semaines, vous pouvez même envisager l’île de Maupiti. Mieux vaut alors s’y rendre en début de séjour pour éviter de rester bloquer là-bas suite aux conditions météo – la passe est en effet assez délicate et mérite d’être traversée au bon moment.

Plage de Maupiti, un peu au bout du monde, en Polynésie française.
Une des plages de sable blanc de Maupiti. Mais ce n’est pas son seul intérêt, loin de là !

 

Petit aparté sur le tourisme et notamment à Bora Bora : y a t-il encore quelque chose à sauver sur cette île ?

 

Note : N’hésitez pas à aller voir nos articles qui parlent de Bora Bora pour un aperçu de ce que nous avons pu faire sur son lagon et sur l’île en elle-même.

On vous parle ici plus du côté touristique du lieu. Tout le monde veut aller là-bas et ne pense qu’à cette destination quand on évoque la Polynésie française. Mais est-elle vraiment incontournable ?

Il est vrai qu’à Bora Bora, on est tout de suite mis dans l’ambiance de tourisme de luxe spécial lunes de miel et séjours de rêves. Les hôtels avec bungalows sur pilotis se succèdent sans fin sur les motu et sur le lagon. On finit par s’habituer à ce paysage… Et puis, il suffit de se retourner vers l’île pour contempler toute sa splendeur et comprendre pourquoi la vue ici est si prisée.

Vue sur le lagon de Bora Bora et sur ses hôtels de luxe.
Juste après notre mouillage, à l’est, il y le Méridien Bora Bora, le plus ancien de l’île, celui qu’on voit au fond. Ces hôtels se ressemblent quand même tous énormément !
Le plus vieil hôtel de Bora Bora, le Méridien.
Même s’il est vrai que les bungalows du Méridien ont un look un peu plus vieillot que ses concurrents. Ils sont d’ailleurs en train de le rénover pour deux ans maintenant…

A Moorea, il y a bien quatre ou cinq hôtels de ce type, voire plus, mais ils sont assez distants les uns des autres sur la côte nord de l’île. On ne sent pas oppressés par leur nombre. Ça fait même partie du jeu d’en voir quelques-uns, ils ne gâchent en rien le décor. Ici, à Bora Bora, c’est sûr que c’est différent. Cette accumulation nous laisse une sensation étrange : on se sent tout petit sur notre voilier. Un peu comme un intrus qui s’aventure dans un monde où il n’a pas sa place. Dans un monde où le luxe règne, où les vacances riment avec jacuzzi, champagne, survol en hélicoptère et joailleries prestigieuses.

Certes, ici, la sortie organisée en snorkeling doit encore être abordable. Mais ce n’est jamais suffisant, le champagne est souvent inclus, le service se veut prestigieux. Ici, le luxe règne, ne l’oublions pas ! J’imagine que les simples tours sur le lagon existent mais on trouve également des tours en bateaux plus racés, en bateau-party, en catamaran confortable, du parasailing (sorte de parapente tracté par un bateau à moteur), des sauts en parachute, des tours en ULM, en hydravion, en hélicoptère… !! Tout pour satisfaire le client fortuné ou les jeunes mariés, qui en lune de miel ne regardent pas leurs dépenses, avide de sensations fortes et de souvenirs inoubliables. Rien que la sortie sunset + champagne sur le Vitamin Sea, un voilier skippé par Antonin ou Arthur (qui vivent au mouillage sur leurs propres voiliers), avoisine les 1000 € par personne. Oui, oui, on n’exagère pas !

Croisière sur le lagon de Bora Bora avec le Vitamin Sea.

Mais est-ce qu’il faut pour autant réduire Bora Bora à son tourisme ? Est-ce qu’il n’y a rien d’autre à apprécier sur cette île ?

On dirait un peu que la Polynésie française a « sacrifié » une de ses îles pour la laisser se développer jusqu’à outrance, afin de satisfaire les besoins des vacanciers aisés (voire fortunés) du monde entier. Qu’elle s’est dit, « allez, Bora Bora en a le potentiel, on construit au maximum pour faire rêver et attirer le plus grand nombre et on tente de laisser les autres îles tranquilles ».

C’est notre interprétation bien sûr, mais ça y ressemble. Maupiti juste à côté, Huahine à l’autre bout des Îles sous le Vent, ces îles sont encore épargnées par le tourisme de masse. Mais jusqu’à quand ? Dans les Tuamotu, si isolés, au milieu de nulle part, certains atolls commencent à subir ce sort, heureusement pas encore à la même échelle non plus. A Rangiroa, atoll relativement proche de Tahiti, où les offres de logements se multiplient tout comme les clubs de plongée et les excursions en tout genre.

Attention. On ne déteste pas non plus les lieux « trop » touristiques, on en profite également beaucoup sur notre chemin. C’est un business comme un autre, la population locale vit d’ailleurs principalement du tourisme, en Polynésie française.

La foule ne me dérange pas en général, les sites fréquentés non plus, que ce soit pour arpenter de simples centres commerciaux ou pour aller visiter des lieux historiques. Comme lors de notre passage dans les ruines (très) connues de Chichén Itza au Mexique. Je ne voulais les manquer à aucun prix même si beaucoup préfèrent les éviter, privilégiant d’autres sites car celui-ci serait devenu surfait, exploité, sans authenticité. Car Chichén Itza, l’une des 7 nouvelles merveilles du monde, ne sont pas les seules et les plus grandioses ruines mayas du pays, loin de là. On en trouve des moins réputées tout aussi belles. Exactement comme avec Bora Bora finalement, loin d’être la seule île de Polynésie française aux airs de paradis, aux reliefs impressionnants, à la végétation luxuriante et au lagon sublime.

Mieux vaut dans un sens que certaines autres îles polynésiennes soient encore épargnées. Tout comme les sites mayas en comparaison, que certains restent en dehors des sentiers battus, un peu plus protégés de la dégradation liée à la sur-exploitation humaine.

La publicité a bien fonctionné en tout cas, pour Bora Bora. Comme si, pour les touristes venus par avion (la grande majorité donc, par rapport à nous), ne pas inclure cette île dans son séjour polynésien serait impensable. Comme si ils allaient manquer l’essentiel de la Polynésie française. Comme si ils n’allaient pas rentabiliser leur billet d’avion. Idéalisée par les Français qui ont un jour penser à ce petit bout de France à l’autre bout de la planète, prisée par les étrangers (surtout par les Américains) pour son exotisme et son image paradisiaque, rêvée par tous les jeunes mariés lors de la préparation de leur lune de miel…

Aurait-on été pareil si nous n’étions pas venu jusqu’ici par nos propres moyens, avec notre petit voilier ? Aurais-je désiré ardemment inscrire Bora Bora dans une lune de miel de quinze jours, après notre propre mariage il y a trois ans ? Aurais-je absolument voulu loger dans un de ces bungalows à prix indécent ? Peut-être. Personnellement, je n’ai pas envie de me priver parce qu’un endroit serait devenu trop bondé, trop photographié, trop apprécié (dans la limite d’un budget possible et envisageable bien sûr!).

J’aime aussi aller voir par moi-même, me faire ma propre idée, quitte à le regretter plus tard si vraiment, le lieu en question n’a plus aucun intérêt, rien à sauver.

Mais ici, payer si cher une nuit en bungalow, pour un service cinq étoiles certes, un téléviseur à écran plat, un jacuzzi dans la salle de bains, une belle vue depuis la chambre et un accès privé au lagon, est-ce que ça vaut réellement le coup ? Profite-t-on vraiment de tout ce qu’on nous offre dans ce service ? A t-on le temps de regarder la télévision dernier cri ? Dort-on mieux sur ce matelas king size ?

Je comprends cet engouement. Quand on se marie, après les longs préparatifs, le Jour J génial mais épuisant, on rêve d’une belle pause. D’un peu de luxe pour ces quinze jours à trois semaines qu’on s’organise après. Beaucoup, même sans être aisés, peuvent se le permettre grâce à une cagnotte récoltée pendant le mariage lui-même. Si nous avions organisé une telle honeymoon, j’aurais sans doute songé à un séjour sur des îles paradisiaques ! Quoique l’idée d’un voyage plus aventureux m’aurait tenté également, comme un trek en Patagonie ou un road-trip en Asie du Sud-Est.

A vrai dire, comme nous sommes partis de France en bateau juste après notre mariage, on peut considérer que nous sommes en lune de miel nous aussi ! Une lune de miel à durée indéterminée 🙂 Et finalement, nous y sommes bien passés à Bora Bora, pendant notre lune de miel sans fin.

Alors, Bora Bora, elle en vaut la peine en voilier ?

Beaucoup de plaisanciers peu friands de la grosse fréquentation de touristes boycottent cette île. Ses mouillages et la facilité pour y rester ne sont pas bien réputés non plus. D’autres y passent rapidement, histoire de faire leur sortie pour la suite vers l’ouest ou juste pour se dire : « c’est bon on y a été ».

Nous, c’est surtout grâce à Antonin et Mary qu’on a pu apprécier l’île et faire plein d’activités sur place. On remercie énormément d’ailleurs cette petite famille du voilier Phoenix, sans qui nous n’aurons peut-être pas eu la même appréciation des lieux. Nous sommes restés mouillés derrière leur bateau plusieurs jours durant et ce fut vraiment un séjour superbe en tout point.

Pas vraiment de risque de s’ennuyer sur le lagon. En dehors des activités possibles dessus et dedans, rien que naviguer sur cette immense étendue paisible, c’est un des grands intérêts de l’île ! On peut observer autant qu’on le veut le panorama qui nous entoure : cette île vertigineuse et ses motu tout autour. Sans oublier les magnifiques teintes de bleu ! Beaucoup payent (très) cher pour une telle excursion, en bateau à moteur ou à voiles. Alors on se sent un peu privilégiés c’est vrai depuis notre petit voilier.

(Mais il ne faut pas oublier que les couleurs de l’eau sont toutes aussi belles et limpides autour de nombreuses autres îles de Polynésie française ! Les points de vue ont autant de valeurs dans les autres archipels.)

En revanche, c’est l’île à terre qui ne vaut pas vraiment le coup. La ville principale n’a aucun charme, on y trouve principalement des boutiques de vêtements et de perles de Tahiti hors de prix. Les randonnées ne sont pas indiquées et pas pratiques. Il est possible apparemment de monter sur un des deux pics (un parcours plutôt physique) mais le plus compliqué reste justement de trouver le début du sentier, souvent sur un terrain privé.

On vous conseille tout de même de vous y rendre à Bora Bora ! Elle n’est pas incontournable mais reste une escale magique et magnifique à inclure dans un séjour. Tout l’archipel de la Société peut d’ailleurs se vanter d’être décrit avec des superlatifs. Chaque île a son intérêt, on a envie de toutes les faire c’est vrai. Nos préférées resteront Moorea et Huahine, avec un petit coup de cœur en plus pour Maupiti !

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