Rangiroa, analyse approfondie de notre dernier stop aux Tuamotu

Le Lagon Bleu dans l'atoll de Rangiroa.

Après l’atoll d’Apataki, nous voilà en vue au petit matin de Rangiroa, dernier arrêt prévu dans les Tuamotu. Et pas des moindres ! Le plus grand atoll de l’archipel mais aussi le plus touristique. Moins fréquenté par les voiliers que Fakarava au sud-est, il n’en reste pas moins une destination privilégiée par les touristes en avion et dans les circuits de lune de miel. Alors, est-ce que Rangiroa va remplir toutes ses promesses à nos yeux ?

On en avait lu des choses sur l’atoll, présenté dans les guides touristique comme le lieu incontournable des Tuamotu. Paysages sublimes, excursions magiques, paradis pour les plongeurs, etc. les superlatifs ne manquent jamais pour le décrire. A nous de vous montrer (ou pas) la véracité de ces richesses !

 

La passe de Tiputa : dauphins ou pas dauphins ?

Vue satellite de notre navigation entre Apataki et Rangiroa.
Notre navigation entre Apataki et Rangiroa.

Rangiroa possède seulement deux passes sur sa côte nord. Elles sont séparées par un long motu où se situe l’aéroport.

Vue OpenCPN de l'atoll de Rangiroa.
Côté passe Tiputa à l’est, on trouve le village du même nom, côté passe Avatoru à l’ouest, c’est le village d’Avatoru.

Quand on songe à Rangiroa, ce qui nous vient en premier en tête, ce sont les dauphins ! On les verrait soi-disant en permanence sauter à Tiputa et on pourrait même nager avec eux.  Alors, véridique ?

Les passes de l’atoll sont en effet réputées pour abriter à l’année une communauté côtière d’environ 60 grands dauphins communs. Pouvant mesurer jusqu’à 3,5m de long, ils font partie des 20 espèces de mammifères marins identifiés en Polynésie française.

 

On espère les voir dès notre entrée dans la passe, tant qu’à faire !

Arrivée au lever du soleil, à l’étale de marée, la passe de Tiputa était alors calme. Presque aucune vague…et pas de dauphins pour venir nous saluer. Bon, ne restons pas sur cette première impression.

On se glisse sans difficulté dans le lagon en suivant le chenal balisé, qui tourne autour du petit motu Nuhi Nuhi. On longe le quai de Tiputa et nous voici devant l’unique mouillage de la côte nord de l’atoll, sous le luxueux hôtel Kia Ora et ses bungalows sur pilotis.

Le Kia Ora, l'hôtel luxueux de Tiputa à Rangiroa.

Ne manquez pas notre prochain article détaillant nos entrées et sortie des passes dans les Tuamotu !

Note : Il n’y a pas de mouillage protégé devant Avatoru. Il se peut qu’on puisse stationner au quai car c’est là-bas qu’il y a du gasoil mais à vérifier, on n’a pas testé.

 

On cherche alors les fameux dauphins des yeux depuis les berges

On met pied à terre après une courte sieste pour nous remettre d’aplomb de cette nuit en mer. Pratique, on peut accrocher son annexe au quai de débarquement. La route plus ou moins ombragée remonte vers le nord du motu et on arrive sur un beau point de vue côté océan.

La passe de Tiputa et ses vagues au nord de l'atoll de Rangiroa.
Les vagues se sont un peu levées, le vent n’est pas fort mais le courant pousse l’eau de plus en plus.
Damien face à la passe de Tiputa à Rangiroa.
On reste longtemps à admirer cette puissance de la nature qu’est l’océan venant se briser nuit et jour sur le récif. Même après plus de 3 mois dans les Tuamotu, ça nous impressionne toujours !

Malheureusement, pas encore de dauphins de ce côté-ci… Patience, nous serons beaucoup plus chanceux le lendemain ! On traverse la passe en annexe pour aller de l’autre côté, sur le motu qui abrite l’autre partie du village de Tiputa. On vérifie le courant avant, il semble encore rentrant, presque à l’étale. Bon, il ne faudra pas revenir trop tard, au risque de se voir expulser dans la passe en annexe par courant sortant !

On accoste à un petit quai et on marche jusqu’aux rives de la passe. Cette fois, ça y est, les dauphins sont là ! Ce n’était donc pas un mythe… En fait, ils viennent jouer dans les grosses vagues stationnaires, créées quasiment chaque jour avec le courant sortant (même si le vent reste faible).

Observation des dauphins dans la passe de Tiputa.
On scrute attentivement pour repérer les dauphins. Désolé, pas de photos ensuite de leurs sauts mais ils étaient bien là !

Donc on peut venir les admirer tous les jours si on veut ! Un réel plaisir de les observer, ces dauphins communs, de belle taille effectivement, s’amuser à sauter par dessus l’écume et le déferlement des vagues. Ils vivent là depuis si longtemps que les locaux les reconnaissent et leur ont même donné des surnoms !

Note : Pas de problème en annexe au retour, malgré le début du courant sortant. Mieux vaut éviter quand même de traverser la passe quand il est au plus fort. Un bateau taxi relie les deux motu si vous préférez.

 

Mouillage devant le Kia Ora : calme ou mouvementé ?

 

Le mouillage sous l’hôtel de luxe reste bien abrité du vent d’est, le clapot étant bloqué par le quai de débarquement et par le motu Nuhi Nuhi.

Mais dès que le vent tourne, c’est une autre histoire… Ne pensez pas trop être au calme par vent de sud-est ou sud, surtout si le mara’amu annoncé risque d’être soutenu. Eh oui, le lagon peut s’agiter très vite ! Il fait quand même 46 milles de long pour 15 milles de large… L’atoll est d’ailleurs si vaste qu’il pourrait encercler l’île de Tahiti toute entière.

Pas de répit dans ce mouillage non plus par vent d’ouest. Il s’est levé sur deux jours, pourtant juste à 15 nœuds, mais entraînant d’énormes vagues de ketch !

Enfin, en dehors des conditions météorologiques, ce sont les va et viens incessants des clubs de plongées et bateaux de touristes qui perturbent la tranquillité du lieu. Rangiroa est victime de son succès, il faut l’avouer. Rien à voir avec le paisible village de Rotoava au nord de Farakara !

 

Snorkeling et plongée dans la passe de Tiputa, alors on voit du gros ou pas ?

 

Déjà pour se mettre en jambes, petite sortie snorkeling dans l’Aquarium, une zone de faible profondeur autour du motu Nuhi Nuhi, face à la passe de Tiputa. Un joli bain de mer où évoluent des poissons colorés, avec en prime un parcours éducatif sous l’eau pour les plus jeunes. On se croirait un peu dans une attraction aménagée (surtout entre les autres baigneurs et les baptêmes de plongée) mais ça reste une balade aquatique agréable.

 

Dérivante dans la passe, dis donc les requins semblent plus gros ici non ?

On se motive ensuite pour un snorkeling dans la passe de Tiputa elle-même. Confiants après nos multiples sorties dans la passe sud de Fakarava, on étudie rapidement le profil et le courant et hop annexe à l’eau, c’est parti !

Bon, il s’avère que le courant est plus subtil ici qu’à Fakarava sud. On avance jusqu’à l’entrée de la passe côté océan, on se met à l’eau, Damien attaché à l’annexe. On pensait être à l’étale, finalement le courant est déjà sortant… En palmant fort, on arrive à avancer mais c’est la visibilité qui se trouble, dues aux sédiments flottant hors du lagon.

Puis, soudain, en voulant plonger en apnée sur le tombant, quatre ou cinq gros requins gris remontent rapidement du fond sur nous ! Euh, on en a déjà vu (même des centaines) à Fakarava, ils ne sont pas considérés comme dangereux. Mais ceux-là tournent et reviennent, ils semblent un peu trop curieux à notre goût. Sans hésiter, on remonte dans l’annexe. Et si on allait nager à l’Aquarium plutôt?;)

Retour sur le tombant du motu Nuhi Nuhi, où le courant se fait moins ressentir. Un peu secouée par notre rencontre, je guette autour de moi. C’est juste avant d’arrêter la baignade que Damien me pointe le fond, j’ai le temps d’apercevoir une grosse forme grise disparaître dans les profondeurs. Requin baleine ? Requin marteau ? Après réflexion sur les deux ailerons dorsaux, il semblerait que c’était un gros requin citron. Pleine de surprises cette passe, dis donc !

 

Plongée sous-marine en club, à la recherche des dauphins

Bon, on se fait plaisir, on décide de s’offrir deux plongées sous-marines. Tant qu’à être ici, ce serait dommage de pas essayer de voir des dauphins sous l’eau, un des seuls endroits en Polynésie française où ils sont aussi sédentaires.

La majorité des clubs sont autour de Tiputa, la passe a d’ailleurs des airs de Disneyland en journée. Peu importe l’orientation du courant, les zodiacs se succèdent, il faut rentabiliser !

On a choisi Rangiroa Diving Center, le plus proche du quai de débarquement. Il a fallu y retourner plusieurs fois pour les trouver ouvert (sinon ils sont sur l’eau) mais on a réussi à réserver deux plongées avec eux.

Note : Le tarif par plongée et par personne est de 7500 Fr. Le club est si proche de la passe qu’on revient à terre entre les deux sorties, c’est toujours plus agréable d’attendre au soleil avec un thé chaud sans rouler sur un zodiac !

 

Première mise à l’eau, traversée de la passe de Tiputa

Notre moniteur hésite du parcours jusqu’au dernier moment, évaluant le courant. Notre petite palanquée (3 et le moniteur) descend devant une grotte où on aperçoit quelques requins pointe noire, avant de traverser la passe dans un vaste canyon sous-marin, à 20 m de profondeur environ. Raies léopards et énormes murènes sont au rendez-vous, mais le fond en soi n’a rien d’exceptionnel. Le courant peut être si fort qu’il empêche les coraux de pousser ! Et malheureusement, pas encore de dauphins…

 

Deuxième sortie, dans le bleu profond de l’océan Pacifique

Dernière chance de voir les dauphins. Le moniteur l’a bien compris, il guide le pilote du zodiac sur le tombant extérieur, côté océan. L’objectif ? Se mettre à l’eau dans le bleu, descendre et attendre un peu. Si rien ne vient, on ira sur le tombant.

Aussitôt dit, aussitôt fait, bascule arrière et notre petit groupe se retrouve en haute mer. On plonge, on plonge, première fois pour nous qu’on descend dans le bleu profond sans aucun repère visuel ! L’ordinateur m’avertit, 15 m, 20 m, 30 m… 40 m ! Et là, mais que voit-on?! Un énorme requin marteau qui ondule à une dizaine de mètres sous nos palmes ! Sa forme est reconnaissable entre toutes, enfin on voit en vrai ce requin à la tête si particulière. L’instant est aussi furtif qu’intense, la bête s’éloigne dans l’obscurité des profondeurs.

On est tous excités, si en plus les dauphins maintenant arrivaient ! Mais non, après quelques minutes à scruter autour de nous, aucune trace de mammifères marins. Retour vers le tombant en remontant à 15 m de profondeur. On suit aveuglément notre guide pour nous ramener à bon port. Dans ce bleu à perte de vue, aucun moyen de se repérer sans boussole ! Et sans expérience non plus

Cette fois-ci, les coraux sont bien plus diversifiés que dans la passe. Gros napoléons, bécunes, bancs de poissons en tout genre, on en prend plein les yeux.

Une très belle sortie donc ! Notre guide est satisfait et nous encore plus, on aura vu le requin marteau ! Ce dernier vivrait aussi dans les parages mais il est beaucoup plus rare de le croiser que les dauphins. Quand on sait d’ailleurs que ce requin mange d’autres requins, on n’a pas forcément envie de le voir si souvent que ça…:)

Quand aux dauphins sous l’eau, eh bien tant pis. On a essayé au moins. Quasar qui ont plongé plus d’une dizaine de fois sur une semaine ne les aura vu que 3 fois, comme quoi c’est la nature et loin d’être automatique.

 

Le Lagon Bleu, joyau préservé ou piscine à touristes ?

 

Le vent se fait très léger pour quelques jours. On décide alors de tenter notre chance au Lagon Bleu, à l’ouest de l’atoll, réputé pour être une piscine naturelle bleue turquoise à ciel ouvert, une belle promesse !

Mais pour s’y rendre, il faut justement que les conditions soient clémentes. Le moindre souffle d’air d’est ou de sud-est peut rendre le mouillage inconfortable, voire impossible sur place.

Pourtant, c’est l’excursion phare de Rangiroa, très prisée des touristes à la journée. Quelques heures de navigation tranquilles nous y mènent, où Manwë file au travers lentement mais sûrement toutes voiles dehors, sans clapot pour nous déranger.

 

Vue satellite du Lagon Bleu à Rangiroa.
Le Lagon Bleu vu par satellite. Il porte bien son nom, n’est-ce-pas ?

On s’ancre dans 10 m d’eau. Pas envie de se baigner du bateau, des gros requins pointe noire arrivent aussitôt, attirés par le bruit de la chaîne. Bon, pas que j’ai peur maintenant des requins, mais je me méfie, ils sont gros à Rangi quand même !

Requin pointe noire qui tourne autour de notre bateau.

Le lagon bleu vu de notre drone Mavicair Dji.
Le Lagon est en fait un mini-lac turquoise, encerclé par du corail, des motu et du sable. Un lagon dans un lagon, quoi !

Rapidement, on est rejoint par plusieurs bateaux d’excursions qui foncent à vive allure jusqu’à mouiller au plus proche du platier. Chaque prestataire déploie ses clients sur son propre motu, où se dressent tables de pique-nique et cabanes.

Motu devant le Lagon Bleu dans l'atoll de Rangiroa.

Avec le paddle sous le soleil, à l'approche du Lagon Bleu.
Comme on ne peut pas passer le platier en annexe pour arriver dans le Lagon Bleu, on s’y rend en paddle.
Requin pointe noire nageant près du Lagon Bleu à Rangiroa.
On croise encore plusieurs requins pointe noire, des adultes en dehors du Lagon, comme ici, et des bébés à l’intérieur.
Arrivée avec le paddle dans le Lagon Bleu de Rangiroa.

On se rendra vite compte que les requins, notamment les plus jeunes dans le Lagon, se regroupent en masse aux heures du repas de midi, profitant des restes des assiettes… Évidemment, les touristes adorent. Nous, on n’aime pas beaucoup le « shark feeding »… Pas naturel tout ça. Les requins prennent peur dès qu’on s’approche, mais mieux vaut éviter de laisser sa main traîner dans l’eau quand les guides jettent les os de poulet !

On évite de débarquer sur les motu en compagnie des touristes, on préfère ramer tranquillement sur l’eau limpide du Lagon. C’est tout aussi magique, quelle palette de couleurs s’offrent à nous !

Le Lagon Bleu et ses motus vu du ciel.
Vu du ciel, le Lagon Bleu ressemble à une magnifique pierre précieuse posé sur le récif.
Les couleurs turquoises du Lagon Bleu vu du ciel, depuis notre drone Dji Mavicair.
Un véritable régal pour les yeux ! Comment se lasser de ce bleu turquoise… Décidément, ma couleur préférée, sans hésiter !
Les coraux vus par transparence dans le Lagon Bleu à Rangiroa.
Même pas besoin de mettre la tête sous l’eau, elle est si cristalline qu’on voit les coraux et les quelques poissons par transparence.

Anaïs sur l'eau transparente du Lagon Bleu de Rangiroa.

Finalement, la réputation du Lagon Bleu est à la hauteur de sa beauté. Les touristes étant cachés sur les motu, le lieu reste paisible, on ne sent pas envahi par le monde, bien au contraire.

Nous ne sommes restés qu’une journée car même si le vent d’est était faible 8 à 10 nœuds, le clapot qui se lève sur toute la longueur de l’atoll se fait rapidement sentir à bord. Peu de voiliers s’aventurent par ici, les conditions sont rarement aussi calmes.

Vue infinie sur le lagon de Rangiroa, vers l'est.
Pas étonnant que le nom de Rangiroa soit à l’origine « Rai’roa » en paumotu, «  le grand ciel ». Une ligne d’horizon à l’infini, avec un immense lagon telle une mer intérieure…

 

L’Île aux Récifs, curiosité à ciel ouvert ou attraction mensongère ?

 

Deuxième attrait de Rangiroa, l’Île aux Récifs, qui nous intriguait rien que par son nom. Nous voilà donc partis du Lagon Bleu vers le sud de l’atoll. Au près, à tirer des bords dans un vent heureusement stable.

Vue satellite de nos navigations dans le lagon de Rangiroa.

On mouille devant l’Île aux Récifs, ou plutôt devrait-on dire LES motu aux récifs. Car il n’y a pas qu’une île qui possède cette particularité géologique, mais quelques milles de platier et de motu qui s’enchaînent le long de la barrière de corail.

Note : On jette notre ancre précisément sous le motu Faama.

On ne sera pas seul ici non plus. Les horaires des excursions sont précises (arrivée 10h du matin – départ 15h). Ce n’est pas vraiment dérangeant, si on évite les plages où les touristes se regroupent, on peut réussir à se promener sans croiser personne.

Découverte de l'île aux récifs au sud de Rangiroa.
Partons donc à la découverte des récifs en question !

En paddle – c’est toujours plus simple pour manœuvrer en faible profondeur – on glisse sur les méandres entre les motu pour atteindre la barrière de corail. Le paysage qui s’offre à nous à des allures d’autre planète ! On part à pied à la rencontre de ces surprenantes résurgences grises datant de plusieurs millions d’années.

Des formes étranges, grises et noires, créées à l’origine par la circulation d’une eau de mer riche en magnésium à l’intérieur des coraux morts. Les pores du corail se sont remplis de calcite magnésienne, ce qui l’a rendu plus dur et plus dense. Lorsque Rangiroa s’est surélevé légèrement par endroit, suite à des mouvements tectoniques (pas autant que Makatea, devenu une véritable île!), ce corail dur s’est retrouvé hors de l’eau.Très résistant, il a été érodé et découpé par le vent, la pluie et les embruns, donnant ainsi des roches extrêmement acérées (impossible de les toucher sans risquer de s’abîmer les doigts !).
Source : Tahiti Héritage.

On se promène sur les chemins creusés entre ces récifs, découvrant ça et là des petites mares d’eau de mer. Le silence, seulement des cris d’oiseaux dérangés par notre présence, rend le paysage encore plus solennel !

Ne manquez pas cet endroit ! Il est très loin d’être surfait. Au contraire, on retrouve une âme d’enfant devant ce que nous offre la nature, toujours plus étonnante et poétique.

Balade sur la plage de l'île aux récifs.

Méditation sur la plage d'un des motu aux récifs au sud de l'atoll.

Note : Venir ici en voilier est plus facile qu’au Lagon Bleu. Le coin est abrité par vent de sud-est, on s’est caché de trois jours de mara’amu là-bas sans être trop dérangés. Par contre, si le vent d’est revient à 15 ou 20 nœuds, le clapot se lève et ce n’est plus confortable. Mieux vaut rentrer à Tiputa.

 

Village de Tiputa : ambiance ou pas ?

 

Ne pensez pas trouver internet facilement à terre

On reste quand même déçu par le nord de Rangiroa. En tant qu’atoll plébiscité par les guides touristiques, on s’attendait à plus de commodités ou à un Yacht Service peut-être, comme à Fakavara…

Mais la partie du village de Tiputa côté Kia Ora ne présente guère d’intérêt. Deux snacks sur le quai, dont celui Chez Lili que nous avons testé. La nourriture y est correcte mais le wifi juste horrible ! Rien ne fonctionne via leur connexion, pas même Gmail…

Quai de débarquement de Tiputa au nord de Rangiroa.
On n’a pas essayé le snack juste en face, à gauche, mais on nous a dit que le wifi était aussi décevant. Dommage, quand on est déjà passé par le très agréable Fakarava Yacht Service, au village de Rotoava, où le wifi était gratuit et plus que satisfaisant.

Quelques dizaines de mètres plus loin, on tombe sur un un hangar/supermarché et sur une mini supérette (encore une fois on a trouvé mieux dans les Tuamotu) et ça s’arrête là. Ah si bien sûr, pas mal de clubs de plongée disséminés un peu partout.

Note : Peut-être trouve-t-on un plus grand supermarché, plus de boutiques, même du wifi, à Avatoru, de l’autre côté de l’aéroport. Mais on ne le saura pas car nous n’aurons pas l’occasion d’y aller. A Tiputa de l’autre côté de la passe, vous aurez en tout cas une Poste (OPT) où vous pouvez toujours acheter une carte Vini pour du crédit internet.

 

Réflexion autour du développement du tourisme

Le plus dérangeant de ce côté de Tiputa, c’est qu’on croise finalement peu de locaux. Par contre, les touristes logeant ça et là dans les hôtels et pensions sont nombreux, et les allers et retours de pick-up et 4×4 ne manquent pas. La plupart se rendent jusqu’au quai pour amener les touristes sur les bateaux d’excursion.

Attention, nous n’avons rien contre les touristes, mais après avoir passé plusieurs mois dans les Tuamotu où les seuls étrangers étaient nous, les équipages de voilier (hormis à Fakarava mais il y avait quand même moins de monde qu’ici), on s’est senti un peu bousculé.

Il va falloir nous habituer, ça ne va pas aller en s’arrangeant ensuite dans les îles de la Société ! Notre isolement, notre voyage hors des sentiers battus, aux Marquises et dans les premiers atolls des Tuamotu, nous apparaît désormais comme une chance inouïe. Grâce à notre mode de voyage, dont la communauté s’avère encore discrète et peu envahissante (du moins on l’espère, ici je parle seulement des bateaux de particuliers et non des charters, très nombreux par exemple dans l’archipel de la Société). Le nombre de voiliers de particuliers à arriver en Polynésie est en tout cas quasiment constant depuis plusieurs années.

Pouvoir découvrir par soi-même des lieux encore épargnés par le tourisme nous rend vraiment privilégié, on en est conscient. Comme les Marquises par exemple, desservies seulement par quelques vols en avion et par la croisière sur le cargo Aranui (tout cela hors de prix). Espérons que ces destinations restent hors du temps et des circuits le plus longtemps possible ! Certains atolls n’ont de toute manière aucun aéroport ni lien en navette, à l’image de Toau

Ne critiquons pas tout, nous sommes nous aussi des touristes ! Mais on espère l’être de manière raisonnée, en ayant le temps d’apprivoiser nos escales, d’aller à la rencontre des habitants, de participer à leur vie et à leur commerce, de respecter leur environnement et de découvrir respectueusement leur culture et leur lieu de vie. Toute la beauté d’un voyage en voilier, c’est qu’on a le temps pour ça !

 

Quiétude dans le vrai cœur de Tiputa

Rappelez-vous, on était parti en annexe dans l’autre partie du village de Tiputa, de l’autre côté de la passe. Là, il faut reconnaître que les petites rues sont très jolies. On s’émerveille devant la multitude de fleurs de toutes les couleurs ! Et surtout, on retrouve l’ambiance paisible et reposante d’un village des Tuamotu, à croiser quelques locaux et à sourire devant les enfants sautant et riant à la sortie de l’école.

Anaïs dans le village de Tiputa au nord de Rangiroa.

Côté océan, au nord de l'atoll de Rangiroa, sur le motu de Tiputa.

 

Festival d’une semaine – mini-Heiva

 

On a eu la chance durant notre séjour sur l’atoll de tomber pendant un festival local, sorte d’Heiva un peu tardif. Les festivités – concours sportifs, danses, chants, etc. – avaient lieu sur la côte nord, près du rivage, à l’ouest du Kia Ora.

On y est allé qu’une seule soirée, un peu par flemme peut-être, c’était assez loin à pied ! On a heureusement réussi à se faire prendre en stop à l’aller comme au retour:) On se rend compte avec plaisir une fois sur place que ce festival est loin d’être uniquement pour les touristes. Au contraire, comme à Makemo, la majorité des explications sont en paumotu et différents atolls sont venus concourir les uns contre les autres.

Concours de découpe de noix de coco au mini-Heiva de Rangiroa.
Concours de découpe de noix de coco. Le record, 120 cocos en 12 min pour les hommes ! Sachant que Damien en découpe une en 15 min:)

Rangiroa est donc un atoll plein de surprises, entre curiosités à ciel ouvert, merveilles de la nature uniques en leur genre, plongées sous-marines à sensations, etc. Mais aussi village un peu décevant et mouillages peu confortables. Dans tous les cas, on vous conseille quand même d’aller y faire un tour, le Lagon Bleu et l’Île aux Récifs en valent la peine ! Et si vous avez en plus la chance de croiser les dauphins en plongée, ou comme nous un requin marteau, vous serez loin d’être venus pour rien:)

 

Alors, la fin des Tuamotu ?

 

Après environ 4 mois passés dans cet archipel, on commence à avoir des envies d’ailleurs. D’autres plaisanciers nous motivent à aller voir Tikehau, l’atoll à l’ouest de Rangiroa mais on se dirigera plutôt vers Tahiti. Retour à la civilisation !

C’est marrant, quand on évoque Tahiti pour nous désormais, on ne pense qu’au Carrefour qui nous attend, et tous les bons produits qu’on va pouvoir y trouver !:) Il ne doit y avoir que les voiliers pour comprendre ça !

 

Sortie mouvementée de Rangiroa et c’est parti pour 215 milles jusqu’à l’archipel de la Société !

Départ en milieu d’après-midi du mouillage du Kia Ora, on visait la passe de Tiputa à l’étale. Dommage, le courant est encore sortant… De grosses vagues stationnaires sont toujours présentes en plein milieu, ça ne me rassure pas du tout. Pas le choix, Damien ne veut pas attendre. On tente de longer la côte à tribord, mais on ne peut éviter deux ou trois énormes vagues qui font taper l’avant du bateau dans des bruits atroces !

Je m’accroche au mieux, fermant les yeux et serrant les dents, quand Damien me crie : « dauphin ! » Lui souris, pas stressé du tout, plus occupé presque à admirer les dauphins sauter à quelques mètres de nous. Un peu plus et l’un deux se retrouvait sur le pont !

On sera encore malmené par les vagues et le courant pendant une petite centaine de mètres après la passe. L’océan n’est guère plus calme, le mara’amu des quelques jours auparavant aura bien secoué la mer… Dure navigation qui s’annonce, espérons que je ne sois pas malade tout du long !

5 commentaires

  1. Simplement génial!! Je vais garder ces infos si précieuses car je compte y aller en 2023

  2. Bonjour à vous deux,
    Je suis « scotché » depuis quelques heures sur votre blog….
    Bravo !
    Belle histoire et très bonnes informations concernant la navigation, je sais de quoi je parle étant pilote d’avion qualifié multimoteurs et ifr (Vol aux instruments tous temps) mais largement pas du même niveau côté maritime…
    Je suis impressionné par vos compétences, votre cohésion ainsi que votre esprit d’aventure qui sont motivants et qui sont un exemple même pour des gens plus mûrs d’ âge.
    Après un tour du monde avec un propriétaire de catamaran au départ de Tahiti prévu à partir de mi-juillet 20 pour me mettre à niveau (en fonction de la situation versus le Covid), j’ai parallèlement le projet d’acquérir un catamaran pour vivre dessus et me balader ces prochaines années en Polynésie tout en mettant à profit mon CMAS 3…
    J’espère avoir le grand plaisir de vous rencontrer un de ces jours au grès des vents.
    Prenez soin de vous.
    Marcel

  3. Merci Anaïs et Damien : c’est vivant, drôle, bien écrit, on apprend plein de choses !
    J’admire Damien pour ses connaissances en navigation.
    Avec Yannick nous partons de Venise de 5 janvier pour un tour du monde en 112 jours sur le Costa Deliziosa en passabt par panama puis l’île de Pâques, Papeete et Bora Bora où nous serons les 17 et 18 février 2020.
    Si vous voyez un petit bateau de 296 m de long avec 2800 passagers et 1000 membres d’équipage, on y sera !
    Puis ce sera la NZ, l’Australie, la Papouasie NG, le japon, la Corée (du sud !) HK, Viet nam, Cambodge, etc etc …
    Et retour par le canal de Suez pour le 26 avril. Difficile pour Yannick de fermer sa valise avec des vetements pour 3 mois et demi !
    Bises de Gex !

    1. Bonjour Philippe, merci beaucoup pour suivre toujours notre blog 🙂 Superbe voyage qui s’annonce, on vous souhaite de bien en profiter, toutes ces magnifiques destinations à venir. Oui j’imagine que prévoir vêtements et valise pour tout ça ne doit pas être évident !^^ On ne manquera pas de guetter votre passage, on peut suivre ici en plus facilement les arrivées de bateaux de croisière, le programme est inscrit dans un journal local. On ne sait pas encore où on sera exactement vers le mois de février, sans doute vers Papeete. Toutes ces destinations font rêvées en tout cas, nous ne sommes pas aussi rapides, mais quel plaisir de changer d’air en plus et d’en prendre plein les yeux à chaque navigation. Pour l’instant, nous traînons dans les îles de la Société, on en profite au maximum, même si la saison des pluies ne rend pas les choses faciles tout le temps. La météo peut devenir rapidement morose, mais on arrive quand même à s’occuper, et à trouver du temps pendant les éclaircies pour aller nager ou se balader !
      A bientôt !

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