Nager avec les baleines à bosse, un instant magique ! Quelque peu troublé par des requins trop curieux…

Nageoire caudale de baleine à bosse devant l'île de Moorea.

Voir des baleines en vrai, on a eu la chance de réaliser cette expérience plusieurs fois déjà. Car naviguer sur l’océan offre en effet la possibilité de croiser ses habitants. Certains très souvent et avec peu d’émotions à la longue – comme les poissons volants 😉 – et d’autres plus rarement, mais avec une toute autre excitation, comme les dauphins et les baleines !

Quoi que les dauphins, évidemment, on en a vu plus souvent. Quasiment à chaque sortie en mer d’ailleurs autour des Marquises et près de la presqu’île de Tahiti ! Mais on reste toujours autant émerveillés quand ils viennent jouer dans l’étrave et sauter autour de nous !

Nager avec des baleines, par contre, c’est une toute autre histoire. Alors quand on a su que c’était (encore) autorisé en Polynésie française, on a vite été tentés! Les voir sous l’eau, les voir nager, les voir sauter même peut-être… Bref, admirer ces animaux marins à la fois si gracieux et impressionnants au sein de leur milieu naturel, on ne voulait pas manquer ça.

Cependant, comme toute excursion organisée, ça a un coût. C’est pourquoi on en fait peu d’ailleurs. On tenait aussi à choisir un bon prestataire, respectueux des animaux et de l’environnement, qui suit les règles imposées autour de l’approche de ces cétacés sauvages.

La venue de mes parents en octobre 2019 nous a conforté dans l’idée de nous lancer. Peut-être que sans eux, on aurait renoncé, préférant tenter notre chance lors de navigations à la voile, laissant faire le hasard et la nature.

 

Mais d’abord, pourquoi des baleines en Polynésie française ?

 

Les baleines à bosse sont des animaux migrateurs. Après s’être nourries durant l’été austral dans les eaux froides du globe, les baleines à bosse remontent dans des latitudes plus clémentes, pour se reposer, se reproduire, mettre bas et allaiter leur petit.

On en rencontre partout sur la planète, en fonction de la saison et de leur trajet. Celles qu’on peut observer en Polynésie française sont remontées sur plus de 7000 km de la zone polaire Antarctique, pour venir s’établir durant l’hiver austral, entre juillet et novembre, dans ces eaux plus chaudes. Particulièrement autour de l’île de Rurutu aux Australes et de Moorea dans la Société. Mais on peut en croiser dans tous les archipels.

Dans les eaux polynésiennes, il n’y a d’ailleurs pas que des baleines à bosse ! Il y a en tout 85 espèces de cétacés recensées dans le monde. Et il y en aurait 16 à fréquenter la Polynésie, voire même 25 selon certains spécialistes.

Comme les baleines cherchent à se reproduire dans ces eaux, on peut rencontrer à la fois des mâles et des femelles. La saison des amours fait même chanter les mâles ! Le chant est une des grandes caractéristiques des baleines à bosse.

Note : Le lien entre reproduction et chant n’est pas vraiment encore établi. Ni le fait que ce soient uniquement des mâles chanteurs d’ailleurs. Nous avons entendu dire que des femelles auraient déjà été entendues chanter, contrairement à la théorie…

S’il y a reproduction, la gestation durant 11 mois, ce ne sera que l’année suivante que les femelles auront leur petit une fois de retour en Polynésie. Elles attendront alors le temps de la saison qu’il grandisse avant de repartir plus au sud.

Les baleines à bosse restent en plus assez proches des côtes et des barrières de corail pendant cette période. Elles peuvent même rentrer par certaines passes dans les lagons ! Pour se reposer, se protéger, elle et leur petit. Par exemple de prédateurs comme les orques, parfois aussi observés en Polynésie.

 

La réglementation en matière d’observation de baleines

 

Afin de respecter au mieux ces animaux, il est important d’établir certaines règles.

La saison officielle des guides et prestataires en Polynésie française démarre au mois d’août et se termine début novembre, même si la saison réelle peut dépasser cette limite de temps bien évidemment. Les baleines n’ont pas un timing hyper précis : pour la saison 2020, les premières observations ont eu lieu près de la passe de Taapuna devant Tahiti, dès le début du mois de juin !

L’observation des baleines est autorisée au large mais interdite dans les lagons, les baies et les passes. La restriction s’étend sur 1 km autour des passes. Au large, les professionnels (mais aussi les plaisanciers) doivent rester à 100 m minimum des baleines et ne pas influencer leur trajectoire, ni les faire fuir ou les pousser vers le récif. Ils doivent aussi réduire la vitesse du bateau à 3 nœuds dans un rayon de 300 m. En effet, les baleines sont sensibles au bruit, notamment des moteurs. C’est aussi pour réduire le risque de collision.

Le bateau doit se positionner de sorte à laisser la baleine libre côté océan, donc ne pas la bloquer côté récif ou terre. Le temps d’observation avec un même spécimen est enfin limité à une quinzaine de minutes.

 

Et on a le droit de nager avec elles ?

 

La Polynésie française est l’un des rares endroits au monde où la mise à l’eau avec des baleines reste autorisée. Elle n’est pratiquée que lorsque les conditions sont optimales et interdite dans les lagons, baies et passes. Il faut que les baleines soient calmes, nageant doucement en surface. Si elles commencent à battre des nageoires ou à effectuer des sauts, cela peut indiquer qu’elles sont en train de communiquer, qu’elles sont inquiètes voire même en colère, la mise à l’eau n’est pas engagée.

Note : Souvent, ce sont les mâles qui sautent, une sorte de parade pour attirer les femelles.

Les nageurs doivent rester groupés dans une même direction, suivre le guide et ne pas encercler la baleine. Le groupe ne doit pas s’approcher de trop près et rester en surface (pas de plongée en apnée).

 

Le choix du prestataire

 

En admirant les photos sous l’eau de notre amie Anna (du voilier Dir Na Dor), on avait tellement envie de faire pareil ! Elle travaille depuis son arrivée sur Moorea dans une agence d’excursion de baleines, Moorea Activities Center (qui propose aussi sorties en quad, jets ski, etc.).

Problème, leur guide était en congés lors de la venue de mes parents. Toujours sur les conseils d’Anna, nous avons alors choisi un autre prestataire : Pacifik Attitude.

Note : Tous les prestataires ne sont pas exemplaires. Anna entend parfois des retours de certains qui ne sont pas bien respectueux… Pacifik Attitude nous a aussi été conseillé par un autre couple d’amis, Vladimir & Ondine, qui ont adoré leur sortie avec eux.

Nous avons réservé une sortie le matin : départ à 8h30 sur leur bateau à moteur, amarré à un ponton de l’Hôtel Intercontinental Moorea Resort & Spa. Oui j’aime bien nommer les hôtels par leurs noms complets, c’est tellement pompeux 😀

Comme avec beaucoup de professionnels, le côté pratique, c’est qu’on passe nous prendre en pick-up gratuitement juste avant. Pour nous, ce fut donc à 7h45 devant la plage publique de Ta’ahiamanu, où nous étions mouillés.

L’excursion est prévue pour 4h et coûte 10 000 XPF par personne (soit environ 85 €), avec rafraîchissement compris. Évidemment, personne ne garantie de voir des baleines ! C’est la nature, ne l’oublions pas.

Note : Pacifik Attitude propose aussi des excursions à l’aube, pour le même prix, avec lever de soleil et petit-déjeuner. Pas de transfert par contre, le rendez-vous est à 5h devant l’hôtel.

 

Panique à bord : un accident survenu la veille avec un requin !

 

La veille de notre excursion, le soir, je reçois un message d’une amie en France. Elle savait que je faisais une sortie baleine le lendemain et elle me dit qu’un accident est survenu avec un requin aujourd’hui !!!

En effet, dans la journée, une attaque de requin a eu lieu lors d’une excursion baleine à Moorea, où nous allons évoluer le lendemain lors de notre propre tour ! Alerte ! Panique à bord !!

Bon, je me renseigne le plus possible avant de (trop) stresser. Si mes informations sont exactes, il s’agissait d’une sortie avec un guide seul, non affilié à une société. Il a loué le bateau d’un autre prestataire et a emmené un groupe de touristes sur l’eau. Ne trouvant pas les baleines, ils ont suivi des dauphins globicéphales et se sont mis à l’eau avec eux.

Note : Les globicéphales sont connus pour être souvent suivis par des requins du large, des requins à pointes blanche océaniques, appelés localement parata. Ces requins mangent notamment leurs excréments. Se mettre à l’eau avec eux induit donc un risque et de nombreux prestataires s’y refusent.

Une femme de 35 ans s’est retrouvée à l’arrière, à nager seule. Un parata l’a attaquée, la blessant très gravement aux poignets et au torse. Elle a été prise en charge à l’hôpital de Tahiti.

Pourquoi la femme s’est-elle éloignée du groupe ? Était-elle fatiguée de nager ? Des parata tournaient-ils déjà autour du groupe avant de la prendre pour cible ? Comment s’en est-elle sortie après ça, ses blessures, etc.

Autant de questions qui m’ont pris la tête avant de dormir et qui m’ont empêché de bien trouver le sommeil… J’étais surtout stressée pour mes parents, étant moins à l’aise dans l’eau. Le snorkeling au motu Fareone était leur première expérience avec masque et tuba et ils n’avaient pas encore essayé de nager avec des palmes !

 

Comment se rassurer après une telle nouvelle ?

 

J’ai longuement discuté avec Anna par message, notre amie qui travaille chez Moorea Activities Center. Elle me dit qu’en cette période, même vers la fin de la saison des baleines (nous sommes fin octobre), 100 % des excursions de son centre en aperçoivent et plus de la moitié effectuent des mises à l’eau. C’est plutôt sympa de savoir qu’on a de grandes chances de profiter du tour.

Mais dans tous les cas, on n’est pas obligé de se mettre à l’eau, on peut choisir de rester sur le bateau et d’observer de loin.

Les attaques de requins restent extrêmement rares en Polynésie française (je ne connais pas les statistiques mais elles sont très faibles). En général, les cas d’attaques sont liés à des situations précises, des comportements non sécurisants, des plongées avec feeding des animaux, etc. Comme ici avec une mise à l’eau sur des globicéphales et non des baleines…

 

Rencontre avec les membres de Pacifik Attitude

 

Le pick-up de transfert nous dépose devant l’Hôtel Intercontinental. On traverse le hall d’entrée, le restaurant et l’extérieur pour rejoindre le ponton des bateaux. Pas souvent qu’on découvre un hôtel de luxe ! Pas vraiment jaloux, car on a la même vue et le même lagon depuis notre voilier;)

Sur le ponton, nous sommes rejoint pour l’excursion par un jeune couple en lune de miel. Nous faisons ensuite la connaissance de notre guide, Lorelei (j’espère que je me souviens bien de son prénom!), et du pilote du bateau, Robert. Tous deux sont très sympathiques et nous mettent rapidement à l’aise.

Note : On règle le montant de la sortie au début. On peut payer par carte bancaire, quoi que le terminal à bord ne semblait pas très fiable. Mieux vaut avoir des espèces avec soi.

 

Quid de leur réaction sur l’accident de la veille ?

Évidemment, on n’a pas attendu longtemps pour mentionner « l’événement requin ». D’ailleurs, trois personnes ont annulé. Ce ne sont sans doute pas les seuls sur les tours de la journée !

Note : Pacifik Attitude ne prend que 7 personnes maximum par sortie. Cela reste donc assez intimiste dans tous les cas.

Lorelei nous rappelle que n’importe quelle mise à l’eau dans l’océan peut comporter des risques. Nous ne sommes pas en terrain conquis, pas sur notre territoire mais sur celui des habitants de la mer, dont les requins.

Mais comme déjà expliqué, les attaques n’arrivent (normalement) jamais. Robert et elle précisent aussi qu’eux ne font pas nager avec des globicéphales. Ils nous expliquent que les parata sont des requins océaniques, qu’ils vivent au large et ne viennent pas en temps normal proches des côtes. Surtout, ils ne viendraient pas près des baleines, qui les feraient fuir.

Rassurés, la sortie peut débuter sereinement et en confiance !

 

Début du tour, seuls sur l’eau

 

Le bateau quitte le ponton vers 8h30, en direction de la passe Taotoi juste devant l’Hôtel Intercontinal. Le grand avantage de Pacifik Attitude, c’est que ce sont les premiers sur l’eau ! En effet, les autres tours ne commencent qu’à 9h30, ça nous laisse une heure entière pour être tranquille à chercher les baleines et à en profiter.

Nous voici sur l’océan, on avance tranquillement vers l’est, au large de la passe d’Opunohu. Pas d’équipement spécial ou de formule magique pour repérer les cétacés, il faut scruter l’horizon et tenter d’apercevoir un souffle d’air.

Les reliefs de Moorea vus depuis la mer.
Cela nous permet aussi d’observer depuis l’autre côté du récif, les magnifiques montagnes de Moorea qui se jettent dans le lagon !

Après seulement 10 min à naviguer, on s’exclame : baleine, baleine !! Même si Anna m’avait prévenue, je suis agréablement surprise d’en voir aussi rapidement, j’ai l’impression déjà que notre sortie est une réussite.

Approche d'une baleine à bosse en excursion au nord de Moorea.

Robert avance doucement le bateau et Lorelei confirme qu’une maman baleine et son baleineau sont bien devant nous. On est tous très excités, de vrais enfants ! Mon père n’arrête pas de mitrailler avec son appareil photo, ne l’oublions pas, première fois pour eux !😉

Baleine à bosse qui sort de l'eau lors de notre excursion organisée à Moorea.
C’est toujours un moment incroyable de pouvoir voir des baleines en vrai !
La baleine plonge en profondeur, avec un mouvement de nageoire caudale.
De temps en temps, elles plongent vers les profondeurs, elles sondent.
Plongeon de la baleine avec sa nageoire caudale encore hors de l'eau.
Elles peuvent rester de longues minutes sous l’eau, voire même une demi-heure !

Pendant qu’on ne perd pas une miette du spectacle, Lorelei nous donne plein d’informations intéressantes. Sur les différents cétacés présents en Polynésie française, sur les baleines à bosse en particulier, sur leur mode de vie et leur comportement. C’est très enrichissant et agréable de se retrouver avec une guide passionnée qui maîtrise son sujet.

 

Première mise à l’eau, une sorte de test

 

Pour notre plus grand plaisir, d’après Lorelei, une mise à l’eau va être possible ! On se prépare pendant qu’elle nous explique la procédure. Il va falloir rester bien groupés derrière elle. Elle nagera en tête pour suivre les baleines, tout en nous surveillant, mais le groupe doit avancer au même rythme qu’elle. Pour ne pas se retrouver à la traîne, voire seul.

Il faut donc bien savoir nager, avec palmes, masque, tuba, sur une distance minimum de 100 m. Car rappelez-vous, le bateau n’a pas le droit de s’approcher à une distance inférieure à 100 m des baleines. Ne pas avoir peur de l’océan, bien sûr, ni des vagues. Savoir garder son calme dans l’eau et respecter en permanence les consignes du guide.

Mer d'huile au nord de l'île de Moorea, sans vagues ni vent.
Bon, pour les vagues, nous sommes très chanceux aujourd’hui. On est sur une véritable mer d’huile !

J’avoue, je suis un peu inquiète pour mes parents. Ils ne sont pas des nageurs expérimentés, surtout dans le grand bleu, et encore moins avec des palmes. On se lance quand même : je sais bien me débrouiller, tout comme Damien, je resterais en duo avec ma mère et Damien aidera mon père si besoin.

Nous voilà partis pour tenter une observation sous-marine tant attendue. Le rythme est soutenu, notre guide nage vite car la baleine et son petit avancent eux aussi ! On tient tous la cadence, restant bien regroupé comme prévu.

J’ai un peu la tête ailleurs, il faut l’avouer, car je ne peux m’empêcher de penser aux requins ! Je scrute sous l’eau, au cas-où une forme étrange apparaîtrait… Bon, on voit encore le fond c’est assez rassurant. Le tombant de Moorea, au nord d’Opunohu, est en pente douce. Mais ce maudit accident me perturbe l’esprit !

Lorelei nous arrête, pas de chance, la baleine s’est trop éloignée. Nous remontons sur le bateau venu nous récupérer, pas grave, on va retenter notre chance ! Au moins, notre guide est rassurée sur le comportement de notre petit groupe dans l’eau, elle a pu voir que nous suivons sans souci. Test réussi !

 

Moment magique et inoubliable

 

Maman baleine et baleineau nous feront-ils l’honneur de réapparaître ? Par bonheur, nos observations sont loin d’être terminées. On voit la baleine souffler un peu plus loin avec son petit et ralentir même sa nage.

Retour dans l’eau sous l’œil vigilant de Lorelei, que l’on suit sereinement mais vivement vers les deux cétacés. Cette fois-ci, la magie opère, en regardant dans notre masque sous la surface, le baleineau apparaît dans toute sa splendeur !

Le baleineau vu sous l'eau, dans le bleu de l'océan.
Un beau bébé déjà ! A la naissance, il pesait déjà près de 800 kg pour 4 m de long !

L’instant est furtif, il faut profiter à fond de ces quelques secondes privilégiées et garder ces images précieusement imprimées dans la tête. Et rester patient aussi, car groupés comme nous sommes, pas évident que tout le monde ait la meilleure vue à tout moment !

Lorelei nous garde à distance et indique par geste lent la direction à suivre, pour ne pas gêner le baleineau dans son mouvement. On le voit sonder vers les profondeurs, retrouvant sa mère sous l’eau en apnée.

L’eau est pleine de sédiments et d’organismes, je ne verrais pas la maman, Damien lui distinguera une forme sombre. Sa taille est si grande qu’on a beaucoup de mal à la repérer au fond. Eh oui, la baleine à bosse mesure environ 14 m de long et pèse entre 25 et 35 tonnes ! Dur à évaluer🙂

 

Moment (très) stressant mais aussi inoubliable

 

Comme les deux cétacés avancent toujours, Lorelei nous fait nager pour les suivre. Peut-être pourrons-nous les observer de nouveau. Pour l’instant, l’eau est trop trouble et nous sommes trop éloignés pour les voir.

On commence à peine à entrer dans le grand bleu – c’est-à-dire à ne plus voir le fond de l’océan – quand Lorelei nous stoppe vivement. Tout se passe alors très vite ! Je la vois lever ses bras en croix au-dessus de la tête, le geste d’urgence pour indiquer « fin de plongée » et appeler le bateau.

On ne comprends pas vraiment ce qui se passe. Elle nous dit d’une voix calme mais ferme : « Tout le monde se regroupe, en cercle, on se tient les uns les autres » . On s’exécute et elle explique alors qu’il y a des requins sous nous, plusieurs mêmes, et que ce sont peut-être des parata.

Personne ne panique extérieurement, le temps sans doute de se rendre compte de la situation. Mais moi, j’ai bien compris et je repense aussitôt à la veille, mon cœur se met à battre à cent à l’heure !! On suit les ordres de Lorelei, qui nous parle en permanence, même si je la sens un peu stressée quand même. Elle ajoute : « On se tient en position debout, ne palmez pas, pas de geste, on reste le plus immobile possible. »

Cette position de groupe, serrée, verticale et immobile, est une position de sécurité face aux requins. On ne ressemble tout simplement à rien de ce qu’il connaisse en tant que proie, donc ils n’auraient pas envie d’attaquer. Lorelei demande aussi de garder un œil sur le danger, de ne pas le quitter des yeux, ça c’est plus facile à dire qu’à faire !

Je suis plus concentrée à serrer ma mère et Damien le plus possible contre moi. Contre nous tous en fait, car nous ne sommes plus qu’un amas de 7 personnes serrées à fond les uns contre les autres. Je vois Lorelei refaire le geste des bras pour appeler le bateau.

Requins gris en excursion baleines à bosse à Moorea.
Je jette un bref regard furtivement sous l’eau, où j’aperçois brièvement deux requins sous nous. Damien a gardé sa GoPro contre lui, allumée pour filmer le fond.

Les secondes sont longues, très longues, avant que Robert n’arrive enfin. Je n’aurais jamais autant attendu un bateau de ma vie !

Une fois que Robert est à notre hauteur, Lorelei lui crie la situation et il lui jette une gaffe au cas-où. Il nous parle calmement, avec un peu d’humour pour nous rassurer, nous aidant à remonter par l’échelle les uns après les autres.

Lorelei remonte en dernier, elle nous dit que les requins avaient fui dès l’arrivée du moteur. Nous sommes tous un peu secoués et notre guide surtout surprise. Elle n’en revient pas, ce n’est vraiment pas habituel de croiser des requins en excursion baleine.

Surtout avec le comportement agressif qu’ils montraient ! Au nombre de 6 au minimum, ils sont arrivés d’un coup des profondeurs, dès que nous avons dépassé le tombant. Ils tournaient sous nous, avec des virages brusques et rapides vers nos palmes. D’après elle, c’étaient des parata, l’espèce de requin océanique qui a attaquée la veille mais qui pourtant, vit au large et ne se voit quasiment jamais.

 

De retour à bord, l’adrénaline diminue

 

En soi, cet événement impressionnant n’a duré que quelques minutes à peine. Mais je tremblais encore sur le bateau en enlevant ma combinaison. Ce qui est étrange, c’est que j’ai eu peur pour ma famille, pour Damien et mes parents, et non pour moi-même. Ça doit être l’instinct de protection:) Je me sentais aussi responsable de cette aventure, c’est moi qui ait eu l’idée d’emmener tout le monde en sortie baleine… J’étais donc très rassurée qu’on soit remonté à bord sain et sauf !

Pendant qu’on se remet de nos émotions multiples – entre la vue magique du baleineau et celle plus stressante des requins – Robert appelle d’autres prestataires sur l’eau pour les informer.

Note : Certains prestataires sont en concurrence, d’autre sont amis. Ces derniers s’indiquent entre eux les sites où les baleines se trouvent sur la journée. L’information requin est donc vite relayée !

Bien que Lorelei et Robert les aient averti du potentiel danger, après quelques minutes d’hésitation, d’autres groupes se mettent à l’eau. On s’éloigne du site sans savoir si les guides et leurs nageurs apercevront eux aussi les requins gris…

Note : Vu comme ça, on peut croire que les baleines sont un peu harcelées. Ça y ressemble quand on voit des groupes de plus d’une quinzaine de personnes et plus de trois bateaux au même endroit ! L’avantage de Pacifik Attitude, comme déjà dit, c’est qu’ils démarrent plus tôt le matin et n’ont que peu de personnes à bord.

 

Aura-t-on le fin mot de cette histoire ?

Eh bien oui, en analysant les images de Damien sur la GoPro ! On ne voit pas très bien, mais on peut tout de même reconnaître des requins gris, et non les fameux parata, assez différents en forme.

Requins gris sous nos palmes, dans le grand bleu.

Il faut savoir que Damien et moi, nous n’avons pas peur des requins à la base. Surtout depuis qu’on en voit en vrai, comme lors de nos nombreux snorkeling aux Tuamotu, que ce soit pour aller les admirer volontairement ou quand on en croisait par hasard.

Requins gris nageant face au courant dans la passe réputée de Fakarava, à Tetamanu.
On avait d’ailleurs admirer des centaines de requins gris, inoffensifs à la base, dans la passe sud de Fakarava, sans jamais se faire peur !

Mais là, ils étaient beaucoup plus curieux, avec un comportement agressif, c’est étrange. On se demande pourquoi, les divers comportements de l’homme sur la nature et ses conséquences n’en sont sans doute pas étrangers, malheureusement.

 

Décidément, une sortie vraiment hors du commun !

 

Robert nous emmène cette fois-ci au nord-ouest de Moorea, au large des deux motu, motu Tiahura et motu Fareone. Toujours à la recherche de cétacés à observer 🙂 Mais aucun de nous n’a envie de tenter une troisième mise à l’eau !

Fou brun s'élançant à la surface de l'eau pour attraper un poisson volant.
Cette mer paisible, belle et lisse nous laisse tout le loisir d’observer des scènes incroyables, comme ici avec ce fou brun qui chasse un poisson volant !
Chasse fou brun contre poisson volant dans les eaux de Moorea.
Et qui semble l’avoir attrapé !

Fou brun qui décolle sur la mer.

Fou brun volant à la surface de l'eau, au nord de Moorea.

Après un peu de temps à naviguer un peu au hasard, se laissant promener, la chance est de nouveau avec nous. On aperçoit un aileron au loin !

Aileron de rorqual commun dans les eaux de Moorea.

Hop, Robert avance le bateau tandis que Lorelei tente de déterminer l’espèce. Eh bien, c’est plus difficile que prévu ! Il y a deux animaux dans l’eau devant nous, mais notre guide et notre pilote peinent à trouver à quelle espèce de cétacés ils appartiennent.

Encore une maman et son petit apparemment, qui nagent tranquillement, fendant la surface avec leur aileron pointu. Ils semblent avoir une bande blanche sur le flanc, ils sont plus gros que des dauphins mais plus petits que des baleines à bosse.

Sortie baleines au nord de Moorea, avec vue d'un rorqual commun.

Fiche de recensement des cétacés en Polynésie française.
Dur de trancher, même en lisant la fiche de reconnaissance de Lorelei, qui liste les cétacés présents dans les eaux polynésiennes. Ce document provient de la Direction de l’Environnement de Polynésie française.

On hésite entre des petits rorquals communs ou des rorquals de Bryde. Lorelei n’en revient pas, décidément, quelle journée ! Elle nous explique que les observations de ce type d’animaux restent assez rares sur une saison. On s’en souviendra de cette excursion !

 

Snorkeling au nord-ouest du lagon et délicieux rafraîchissement

 

On finit par faire demi-tour et rentrer vers le lagon. Notre tour sur l’océan est terminé, mais pas notre excursion ! Il nous reste encore quelques activités, place à une session snorkeling près du motu Fareone.

Poisson volant qui s'enfuit effrayé par le bruit du moteur du bateau.
Encore un poisson volant, effrayé par le bruit du moteur sans doute.
Snorkeling dans l'eau chaude du lagon, près du motu Fareone.
Nous voici donc de retour dans l’eau plus chaude et plus paisible du lagon. Pas de risque avec des requins gris ou des parata par ici !
Raie léopard sous l'eau.
Rencontre avec une magnifique raie léopard, qui vole doucement sur le fond sableux sans se soucier de notre présence !

On arrive au milieu des deux motu, où Robert ancre le bateau. Aussitôt, une raie pastenague, sans doute en quête de friandise quelconque, vient tournoyer autour de nous. On est aussi vite entouré sous l’eau cristalline par des dizaines de poissons papillons et de sergents majors !

Snorkeling dans l'eau turquoise entre les deux motu de Moorea.

Raie pastenague et nombreux poissons dans l'eau transparente.

Pas bêtes ces poissons, ils doivent savoir que des bateaux de touristes les nourrissent parfois. Robert et Lorelei nous préparent en effet un superbe goûter, à base de fruits frais et de jus de fruits. Noix de coco, mangues, ananas, bananes, etc. un véritable régal, dont on ne laissera pas une miette pour les poissons gourmands;)

 

Conclusion de cette sortie « whale watching » unique

 

Ce rafraîchissement clôture en beauté cette sortie aussi surprenante qu’incroyable ! On remercie vivement notre guide et notre pilote pour cette aventure. On reste impressionné d’ailleurs par la réaction de Lorelei avec la présence des requins, elle a su nous guider, nous rassurer et prendre les choses en main comme il faut.

Le moment magique de la rencontre avec le baleineau sous l’eau restera gravé dans ma mémoire ! L’intégralité de cette excursion même. Car je ne m’attendais à rien de spécial, laissant la nature faire car on ne sait jamais ce qu’elle va nous offrir.

On recommande la prestation de Pacifik Attitude, ils ont été parfaits. Même si on ne sait pas de quoi l’avenir sera fait, peut-être qu’avec l’attaque du parata de la veille, les mesures seront plus strictes pour la saison de 2020 et les mises à l’eau plus réglementées, voire interdites…

Note : Et puis, après avoir parlé des requins ici, ça ne donne peut-être pas envie à tout le monde non plus. Je suis contente quand même qu’il ne soit rien arrivé de fâcheux… Mais autant en garder un bon souvenir !

Il nous reste encore à voir des baleines sauter hors de l’eau ! Ce doit être un sacré moment. Les entendre chanter, ça aussi, on aimerait bien. Bref, encore de beaux moments à vivre, mais ce sera pour une prochaine fois !

Notre séjour à Moorea avec mes parents touche à sa fin. Nous y reviendrons plus tard, mais place maintenant à une autre île aux charmes et attraits différents : Huahine !

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