Après notre court séjour sur l’île de Mayreau, nous levons l’ancre : retour vers le nord pour l’île de Canouan. Maintenant, il s’agit de remonter les Grenadines tranquillement afin de redéposer mon frère à l’aéroport en Martinique dans quelques jours. Mais en faisant des sauts de puces pour éviter des trop longues navigations au près. Le long des Petites Antilles, on n’y échappe rarement et ce n’est guère confortable très longtemps !
Nous retrouvons notre petit mouillage à Rameau Bay au nord de Canouan pour deux jours. Puis retour à Bequia, à Port Elizabeth.
Sur le retour, nous hésitons ensuite à nous arrêter à Saint Vincent. Enfin, moi j’hésite… Parce que j’avais vu des choses sur internet (il s’y est passé un événement pas drôle apparemment deux ans auparavant). Peu de voiliers semblent oser s’y arrêter. L’île mériterait pourtant qu’on s’y intéresse ! Elle semble très sauvage, avec des sommets verdoyants digne des films de King Kong ou Jurassic Park. Mais comme lors de notre première navigation vers le nord à travers les Grenadines, on se demande si ça vaut le coup de se stresser pour un stop sur une île, sachant qu’il y en a plein d’autres à découvrir !
Allez, on s’y « risque » quand même : mouillage sur l’île principale des Grenadines
Après avoir fait (pour être sûr) notre sortie du territoire à Bequia, nous décidons finalement de faire un stop à Wallilabou Bay, à l’ouest de Saint Vincent. Au final, c’est sur notre trajet, on tente le coup. Et puis, c’est un peu soit ça, soit on se tape une journée entière de navigation. Là non plus, on n’y coupera pas à cette journée entière mais on verra ça plus loin. Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Lors de notre remontée précédente, des locaux sur des barques à moteur étaient venus nous alpaguer près du bateau pour nous convaincre de venir mouiller sur leur île. On se sentait un peu oppressés…
C’est le même schéma qui se répète aujourd’hui ! A hauteur de la baie, une barque vient à notre rencontre. Deux gars, pas méchants du tout il faut l’avouer, nous indiquent de les suivre, ils nous aideront à mouiller. Pas vraiment moyen de négocier ou même de refuser en fait.
La baie est très profonde et le mouillage se fait en accrochant un bout arrière sur la plage. Je fais descendre l’ancre par 25 m de fond (les locaux nous précisent l’endroit propice et coordonnent nos manœuvres) pendant que Damien leur file notre bout flottant arrière afin qu’ils puissent l’accrocher à un poteau sur la plage. Ils veulent ensuite une compensation évidemment. On peut comprendre, ils nous ont rendu un service et ça correspond à leur boulot ici. Sauf que pendant qu’ils attendent accrochés à Manwë, un gars sur un paddle et un autre sur une barque nous arrivent dessus. L’un pour nous vendre des fruits, l’autre du poisson. Le souci, c’est qu’ils sont plutôt insistants à ce moment !
Eh ho, les gars, c’est gentil mais on aurait aimé un accueil un peu plus calme quand même ! A trois barques autour de nous, les gars accrochés aux filières, ça commence à faire beaucoup ! On achète deux noix de coco pour être tranquille, on refuse le poisson (trop cher pour nous et pas forcément envie) et on paye ceux qui nous ont aidé pour le mouillage. Deux bières et 25$EC, après négociation. Une fois posés, on est direct plus tranquille. Quelques locaux passent régulièrement nous proposer leurs denrées mais ils n’insistent plus, ils sont même plutôt sympa, rigolent quand on refuse en nous demandant une bière à chaque fois. Il faut en prévoir un bon stock ici au final si on veut se faire des amis:)
On observe amusés le défilé reprendre rapidement par contre dès qu’un nouveau voilier fait son apparition dans la baie ! C’est à celui qui sera le plus rapide pour les accoster en premier ! Evidemment, tous ne sont pas logés à la même enseigne, les canots à moteur raflant toujours le gros lot face aux paddles…
Manwë est au milieu !
Débarquement à terre : ambiance Pirates des Caraïbes et waterfall
Dans l’après-midi, on met l’annexe à l’eau sans moteur ni rames (mais on se tirant grâce au bout arrière) et on accoste sur la petite plage de sable noire.
On se dirige vers les restes du tournage de Pirates des Caraïbes. Il faut bien dire « restes » car il n’y a plus grand-chose, rien n’a été vraiment entretenu. Un bout de ponton effondré, quelques canons dispersés sur la jetée, une dernière fausse maison Disney encore debout et des photos des acteurs et du tournage à l’intérieur. C’est à la fois dommage et pas si mal en même temps en fait ! Saint Vincent aurait pu choisir de faire de Wallilabou Bay un lieu sympa à visiter, comme un village dans les pas des pirates. Mais ça aurait pu être à double tranchant et devenir un lieu beaucoup trop touristique !
Même si tout est donc laissé un peu à l’abandon, c’est plutôt amusant d’imaginer les scènes du film dans ce décor ! Quand Jack débarque au début du premier volet sur le ponton, avec un navire à demi coulé. Ou quand il pique un gros gallion avec son pote Will Turner. On reconnaît de loin l’arche des pirates pendus et la falaise sur la côte (où était ancré le fameux gallion).
Cascade dans un mini-parc botanique
On s’éloigne ensuite de la baie pour rejoindre une cascade qu’un bateau voisin nous a mentionné comme étant le second attrait du coin. Pour s’y rendre, il faut marcher sur la route vers le nord et la suivre à pied sur une quinzaine de minutes environ. On arrive à un mini parc naturel, où l’entrée est payante (5 $EC par personne).
En passant devant Manwë près de la plage, on aperçoit au loin une bande de gamins qui nagent accrochés à notre bout arrière. Ils se dirigent nonchalamment vers la jupe de notre bateau et ça ne me rassure pas du tout. Ils nous aperçoivent les surveiller depuis la côte, s’arrêtent, nous font des signes en rigolant puis rebroussent chemin vers la plage.
Damien avait pris soin de ranger la canne à pêche à l’intérieur. On n’avait rien laissé d’autre dehors sur le pont ou dans le cockpit. Mais on se fait vite des idées ici ! Désormais, j’appréhende de m’éloigner, même pour une heure ou deux. C’était sans doute une fausse alerte, mais ça ne me donne pas trop confiance tout ça.
On continue tout de même notre chemin. Une fois arrivés au parc naturel par la route, il se visite en un rien de temps. C’est tout petit mais très agréable, à l’ombre sous la végétation. On peut se baigner dans le bassin sous la cascade, l’eau douce et fraîche nous fait tellement de bien par cette vive chaleur !
Alors hop, une petite photo romantique ! Faut dire que le lieu s’y prête bien ! 🙂
Longue navigation pour rejoindre Sainte Lucie
Le lendemain, départ pour Sainte Lucie. On n’a pas envie de continuer directement jusqu’en Martinique car une bonne journée de navigation nous attend déjà pour monter au mouillage de Marigot Bay, au milieu de la côte ouest de Sainte Lucie.
Au près puis au moteur, cette navigation s’éternise… Pourtant, on avait lever l’ancre (et décrocher le bout arrière) avant le lever du soleil à Wallilabou Bay ! Grégoire dormait encore à bord, le bateau ne roulant pas tant que ça sous le nord de l’île. Le canal était long à passer et ça secouait bien dans tous les sens ! Les vagues tapaient contre l’étrave et avec le courant contre nous, on croyait qu’on arriverait jamais ! Car après la remontée au moteur, face au vent, vers la côte de Sainte Lucie (bien débordée à cause du courant) n’est pas rapide non plus… On passe au large des pitons pour nous rapprocher doucement mais sûrement de la côte, toujours vers le nord.
Au petit matin, l’arche où des pirates sont pendus dans Pirates des Caraïbes.
Côte ouest de Sainte Lucie
Marigot Bay, marina colorée et luxueuse
On finit par se faufiler dans le mouillage de Marigot Bay à la fin du jour. On ne met pas longtemps à apercevoir Courlevent juste devant nous ! On les verra brièvement car, eux comme nous, nous ne comptons pas nous éterniser ici. De notre côté, la date de l’avion de Greg se rapproche, quand à Olivier et Aurélie (et leur petite fille qui grandit vite!), ils veulent filer ensuite directement jusqu’à Cuba depuis la Martinique, pour profiter de visiter cette grande et très attrayante île.
Le lendemain, débarquement à terre, pour visiter ce mouillage de Marigot Bay dont nous avons entendu parler, souvent en termes plutôt négatifs. Le mot qui revient tout le temps est « touristique » et on comprend vite pourquoi ! Tout est joli, beau, propre… et surtout luxueux et hors de prix ! Une mignonne petite plage, recouverte de cocotiers, s’avance sur l’eau aux abords d’une marina où sont construit des bâtiments rappelant un peu Disneyland. L’eau, les arbres, le sable, toutes les couleurs nous donnent presque mal aux yeux tellement elles sont flamboyantes. Comme si tout brillait et avait été lustré ! Ça donne un décor de rêve certes, mais pas vraiment dans nos prix:)
On se promène sur les quelques pontons de la marina, admirant les immenses voiliers amarrés. Plus on continue vers le fond de la baie, proche de la mangrove, plus la taille des bateaux augmentent. On finit par atteindre les derniers pontons où deux grands yachts sont installés, face à un resort digne de quartiers chics que je n’ai vu d’aussi près que dans des films ou séries… Tout est ouvert, des petits sentiers en bois permettent d’accéder à ce lieu luxueux et détente. Mais même avec ma jolie robe blanche, je n’ose m’aventurer bien loin, ce n’est pas ma place. Ça donne envie, c’est sûr, les matelas blancs immaculés à baldaquin, autour de la piscine à débordement, avec le bar ouvert en terrasse qui doit proposer de magnifiques cocktails…
Note : Nous avons appris plus tard qu’il est possible de profiter de la piscine juste en consommant au bar (et pas forcément la plus chère des boissons bien sûr) ! Ah, si on avait su…
Plutôt sympa le resort, non ?
On se rabat sur le premier des bars de la marina. La nourriture y est très chère mais les boissons restent abordables, en comparaison à des prix français ++ certes, pas vraiment ce à quoi on s’attendrait pas ici. Je profite du Wifi pour poster un peu sur notre blog, puis retour sur Manwë.
Note : Nous n’avons pas fait de clearance d’entrée ni de sortie à Sainte Lucie. Normalement, c’est obligatoire mais comme nous sommes restés à peine deux jours, on avait la flemme, pas envie de perdre du temps ni de l’argent juste pour ce rapide stop.
Encore quelques milles avant l’arrivée finale à Fort de France
On repart tôt le lendemain, dernière navigation devant nous et dernier canal à traverser. Objectif : l’Anse Chaudière à l’ouest de la Martinique. Un mouillage que nous avions déjà fait avec la mère de Damien. Pas de chance, il sera rouleur cette fois-ci…
Ces derniers milles nous achèvent. Il a fallu se lever tôt presque chaque jour dernièrement, et naviguer au près n’est pas du tout reposant. On arrive épuisés en Martinique, pas beaucoup d’activités de prévues pour les dernières heures de Grégoire à bord, que ce soit aux Anses d’Arlet ou devant Fort de France. Néanmoins, il semble repartir ravi de sa première expérience en mer ! On est content d’avoir pu partager avec lui ces superbes vacances aux Grenadines, on n’aurait pu rêver mieux au final, entre magnifiques mouillages, tortues, eau transparente, temps clément dans l’ensemble (malgré le vent). J’espère mais j’en suis quasiment persuadée qu’il reprend son avion avec plein de belles images dans la tête !