L’archipel des British Virgin Islands, de leur petit surnom affectueux les BVI, c’est-à-dire les Îles Vierges Britanniques en français, constitue notre dernière étape dans les Petites Antilles.
Il s’agit d’un archipel situé à l’ouest de l’île de Saint Martin, territoire d’outre-mer du Royaume-Uni. Il est accolé aux USVI, les Îles Vierges Américaines. Nous n’irons pas là-bas car apparemment, comme pour tous les territoires américains, les formalités en voilier sont un vrai casse-tête. Les BVI sont composées d’une myriade d’îles, certaines plutôt grandes, d’autres minuscules s’apparentant même plus à des roches émergeant de l’eau.
Tortola est la plus grande des îles, avec la capitale Road Town. A l’est, on trouve l’île de Virgin Gorda, de l’autre côté d’un vaste espace navigable nommé Sir Francis Drake. La profondeur étant assez réduite dans tout l’archipel (environ 20 m), on navigue sur de l’eau turquoise en permanence ! D’ailleurs, pas besoin de prévoir de longs trajets, chaque mouillage étant séparé l’un de l’autre d’environ une heure de voile ou de moteur (en fonction de la motivation du bord), voire même moins.
Damien adore ce genre de navigation, c’est-à-dire aller voir un mouillage différent chaque soir. Moi, je préfère rester un ou deux jours sur place que bouger tous les jours, mais il faut avouer que les BVI se prête plus à ce mode de vie itinérant.
On en croise en plus des beaux bateaux ! On l’avait vu à Antigua celui-là, pour la Classic Yacht Regatta.
Bref, on ne peut pas vraiment s’ennuyer par ici, il y a toujours un nouvel endroit à aller découvrir !
Nuit en mer entre Saint Martin et les BVI
Pour nous rendre jusqu’aux BVI, il était d’abord nécessaire de naviguer de nuit depuis Marigot à Saint Martin.
En effet, devant nous s’étendait une distance en ligne droite de 85 milles. Bien qu’au portant, sachant notre moyenne avec Manwë, cela correspondait à environ 16 h de navigation. Donc trop pour penser arriver avant la nuit si nous levions l’ancre au petit matin. Or, arriver de nuit dans un archipel aux multiples îles, cailloux et barrières de corail n’est pas vraiment recommandé…
C’est donc aux alentours de 17 h un dimanche soir (pour arriver en semaine, question de clearance) que nous avons quitté notre dernière escale française des Caraïbes. J’appréhendais un peu cette navigation car c’était la première nuit en mer que nous faisions depuis longtemps ! La dernière en date remontant à notre traversée entre Bequia et la Martinique. Plein vent arrière, ça aurait pu pourtant être très tranquille, comme lors de notre traversée de l’océan Atlantique. Mais c’était sans compter sur des houles croisées et des vagues dans tous les sens, quasiment tout le long de notre trajet…
J’ai réussi quand même à assurer mes quarts, bien que le mal de mer n’était pas jamais loin pour moi. Heureusement, nous n’étions pas mouillés par les embruns dans le cockpit, pouvant ainsi sortir coussins et smartphones pour le confort et les occupations. Mais la nuit fut quand même longue, à rouler sans cesse dans les vagues… Nos quarts ont duré 2h30 chacun, pour en avoir deux par personne. En début de matinée, c’est assez fatigués que nous avons commencé à contourner les premiers îlots des BVI. Eh oui, sur une seule nuit, difficile de trouver son rythme !
Terre en vue !
Round Rock, balayé par le vent et les vagues
Irma et ses conséquences
On ne peut manquer malheureusement les dégâts occasionnés par le cyclone Irma, passé sur l’archipel avec violence le 6 septembre dernier. Après Antigua & Barbuda, Saint Barthélémy et Saint Martin, c’est encore une autre destination où nous faisons face aux conséquences d’une catastrophe de la nature. Pas de pitié encore ici, l’ouragan a balayé tout ce qu’il pouvait !
La végétation est désolée, les arbres sont sans dessus dessous. De nombreux bâtiments et maisons sont encore abîmés (le toit le plus souvent), surtout dans les « grosses » villes. On a pu voir quelques épaves de bateaux dans un ou deux mouillages. Néanmoins, en comparaison de ce que nous avions entendu ou vu sur des images avant de venir, il y a eu beaucoup de travaux et de mises en œuvre locale pour que la plaisance reste possible ! Chaque chenal dans les passes entre les îles ou les coraux a été réinstallé. Les (nombreuses) bouées pour mouiller sont présentes dans les mouillages et la majorité des plages a été déblayée.
Le royaume des bouées et des bateaux de location
On le savait avant d’arriver mais les bouées pour mouiller sont omniprésentes dans les BVI. C’est donc une multitude de bouées blanches qui attendent les plaisanciers à chaque mouillage sur les différentes îles. Pour protéger les fonds, je ne dis pas, c’est plutôt une bonne idée. Mais quand il n’y a que du sable, je ne vois pas trop l’intérêt, à part pour faire payer tout le monde !
Car elles sont loin d’être gratuites ! La nuit sur une bouée coûte la modique somme de 30 $US (soit 25€) (à partir de 18 h apparemment, si on reste quelques heures, ce serait gratuit). A ce prix-là, la semaine dans l’archipel revient chère ! Heureusement, elles ne sont pas toutes obligatoires, on a quasiment le droit de mouiller sur son ancre partout, excepté à certains endroits (on vous explique où et pourquoi dans notre prochain article!).
On a de toute façon rarement vu quelqu’un venir réclamer quoi que soit aux bateaux sur bouées autour de nous. Ce qui est surprenant, c’est que la totalité des bateaux croisés choisissaient de se mettre sur bouées. Est-ce parce que ce sont des bateaux de location et qu’ils préfèrent ne pas s’embêter à mouiller par leur propre moyen ? Ou qu’ils ont prévu le budget pour? Nous, nous préférons mettre notre ancre le plus souvent possible.
Aux BVI, en dehors des bouées partout, ce sont des bateaux de location qu’on croise en permanence (pour un nombre très réduit de voiliers de particuliers) ! C’est le paradis des loueurs, Sunsail et Moorings se disputant les plus grosses parts de marché. Il y en a pour tous les goûts ! Du monocoque de 45 pieds standard aux catamarans plus ou moins énormes. Et même des catamarans à moteur ! C’est la première fois qu’on en voit autant, ceux de Moorings étant particulièrement moches à regarder, il faut l’avouer…
Pas beaucoup d’occasion de lier connaissance avec ces vacanciers venus pour une semaine ou deux. Les allées et venues n’arrêtent pas, chaque bateau voulant évidemment en faire le plus possible durant leur croisière. On se sent à peine à notre place ici, comme si la zone était uniquement réservée à la location. Heureusement, les matinées sont plutôt tranquilles, les mouillages se vident, les bateaux partent naviguer et changer de baie. C’est plutôt en fin d’après-midi que les mouillages sont pris d’assaut. Bon, il ne faut pas exagérer non plus, il n’y en a pas tant que ça non plus au final ! Il reste encore un grand nombre de bouées libres à chaque fois.
Est-ce d’ailleurs parce que nous sommes en fin de saison (mi-mai) que les BVI sont plutôt calme ? Et que les voiliers de plaisance des particuliers n’y sont pas, la plupart retraversant l’Atlantique vers l’Europe en cette période ? Ou est-ce à cause du passage d’Irma, rendant la destination moins attrayante ?
Rencontre avec une faune sous-marine diversifiée
Faire du snorkeling dans les eaux chaudes des BVI est une des activités principales au mouillage. L’eau turquoise la plupart du temps, si claire qu’on peut voir l’ombre de notre voilier au fond, invite à s’y immerger. Et les poissons sont au rendez-vous ! Nous avons pu reconnaître la majorité des espèces déjà rencontrées dans les Petites Antilles : poissons de toutes les couleurs dont de magnifiques poissons perroquets, raies, tortues, lambis et de nombreux barracudas !
C’est même le premier endroit où on en croise autant. Que ce soit en palmes, masques, tubas sur les coraux ou en naviguant entre les îles, il semble y en avoir partout et pas des petits ! Sous l’eau, on évite de nager dans leur direction ou dans le même sens qu’eux, mieux vaut quand même les éviter. Ils ne sont pas rassurants, avec leur gros œil torve qui semble nous suivre… On aurait pas envie de se faire mordre !
Sinon, c’est à la traîne derrière Manwë que nous en avons pêché 3 lors de nos navigations dans l’archipel. Or le barracuda, ça ne se mange pas, surtout par ici. Non en raison de sa chair mais de la maladie qu’il porte, la ciguatera. Le risque est beaucoup trop élevé dans ces eaux du nord des Petites Antilles. Alors on les a relâché, dépités de ne pas attraper de dorades coryphènes. Est-ce parce que les profondeurs entre les îles sont peu importantes qu’on y trouve surtout des barracudas ?
Deux sont repartis nager dans la mer mais l’un n’a pas sans doute pas survécu le pauvre. En même temps, plonger sa main dans sa gueule pleine de dents pointues pour en retirer l’hameçon le plus vite possible est toute une affaire quand le bateau gîte en plus ! Damien fait de son mieux mais c’est un peu choisir entre un doigt ou le poisson lui-même…
Voici pour les généralités ressenties sur cet archipel, on vous parle très vite de nos différents mouillages dans les îles !