A la base, on ne pensait pas faire une escale sur cette île. Parce que nous avions prévu d’autres étapes, parce que c’était principalement une île hôtel et parce que de toute façon, il ne semblait rien rester depuis le passage d’ouragan Irma en septembre dernier.
Finalement, c’est après avoir entendu les témoignages de plusieurs batocopains, dont notamment Vitavi, que nous nous sommes décidés !
Navigation entre Antigua et Barbuda
Départ donc de Green Island à Antigua un beau matin pour sa petite sœur, Barbuda. Il faut d’abord sortir du lagon. Alors, on passe par le sud (comme à notre arrivée) ou par le nord de Green Island ? D’après la carte, on peut quitter le lagon par le nord, ce qui nous évite aussi un détour. Je me mets à l’avant du bateau pour surveiller les fonds et les éventuelles patates de corail. Tout devrait bien se passer, l’entrée du lagon fait environ 80 à 100 m de large.
On avance doucement et ça y est, on est sorti de la barrière. On le sent direct, la houle au-delà du récif nous malmène aussitôt ! Il n’y a vraiment pas beaucoup de fond entre Antigua et Barbuda, environ 20 m tout du long. Les vagues lèvent donc assez vite si un coup de vent s’annonce. Saturnin qui nous rejoindra quelques jours plus tard nous dira que leur nav’ aura été plutôt tranquille. Mais pour nous, on se fait bien rincer et rouler dans tous les sens !
La couleur de l’eau tout au long de notre trajet suffit à garder notre moral au plus haut. Des nuances de bleu profond à l’horizon et proche du bateau, de belles couleurs bleues turquoises. Seul souci, mais elle est où cette île ?? On devrait l’apercevoir, habitués à guetter la terre dès qu’on dépasse les 10 milles restants de distance. Or là, point de terre, rien à l’horizon… Existe-elle vraiment ?
Et là, comme un mirage, on commence à distinguer une étendue blanche immaculée au loin. J’aperçois même ce qui ressemble à des arbres mais sur l’eau… Plus nous avançons, plus il s’avère que ce sont bien des palmiers. En fait, Barbuda est toute plate, presque aucun relief, même moins que Marie-Galante ! Les seules choses qu’on voit, ce sont les plages de sable blanc et les quelques hôtels, blancs eux-aussi ou du moins très clairs, qui se détachent dans le paysage.
On s’approche de la pointe sud, en faisant un petit détour vers l’ouest pour dépasser des bancs de sable. Nous ne sommes pas certains des profondeurs dans les parages, mais finalement, on aurait pu avancer tout droit. Je repasse à l’avant, m’accrochant à l’étai, pour repérer les coraux ou cailloux qui ne seraient pas si profonds que cela. Sur notre carte, il n’y a d’annoncé qu’un gros pâté gris signifiant «rochers » ! Alors on se méfie un peu. Encore une fois, pas de crainte, ça passe partout, surtout pour notre tirant d’eau d’1m70. On ne s’embêtera pas autant à zigzaguer lorsque nous quitterons le mouillage.
Mouillage à l’ouest de Cocoa Point, la pointe sud de Barbuda
Le décor de rêve se concrétise. Nous arrivons face à la plage de Cocoa Point, une plage immense de plusieurs milles de long, d’un blanc si pur qu’il en fait mal aux yeux. L’eau est transparente et il n’y a pas une ride à sa surface, on sera bien protégé, le bateau ne risque pas de rouler !
Plutôt sympa le cadre, non ? 🙂 On n’est pas trop dérangé en plus…
Par contre, on se rend compte direct des conséquences sur l’île du cyclone Irma, qui l’a frappée de plein fouet en septembre dernier, soit 8 mois auparavant. Les palmiers et autres arbres le long de la plage sont tous sans dessus dessous. Les bâtiments de l’hôtel, pour la plupart des maisonnettes individuelles qui devaient être plutôt luxueuses, sont très abîmés, voire complètement détruits pour certains. L’île avait été évacuée avant le passage de l’ouragan et les hôtels abandonnés. Personne n’est revenu s’en occuper, seule la ville principale, sur la côte ouest, est peu à peu reconstruite. Quelques centaines d’habitants à peine reviennent depuis Antigua mais Barbuda a énormément subit.
Malgré cette catastrophe, il y a depuis quelques avantages pour les plaisanciers. Avant, on ne pouvait pas mouiller près de la plage car elle était réservée à l’hôtel. Désormais, on peut se mettre où on veut, et proche du sable en plus car le fond descend vite à 4 m de profondeur. On est un peu seuls au monde aussi ici. Pendant nos quelques jours sur place, on ne sera jamais plus de 5 bateaux en même temps mouillés à Cocoa Point.
Ce qui laisse ce mouillage, spot de kitesurf quasiment parfait, vraiment idyllique car on est tout seul sur l’eau ! On vient donc ici pour se détendre, pour profiter de la plage, du coucher de soleil magnifique sur l’eau et pour ceux qui savent en faire, kiter matin et/ou après-midi.:)
Au bout de trois jours, au petit matin, on aperçoit un peu surpris Saturnin à l’horizon. Pour arriver à cette heure-là, ils ont du partir super tôt d’Antigua ! Un voilier bleu nuit le suit, on ne le connaît pas encore, mais nous en avons entendu parler. Il s’agit de Cotinga, un Moody 39 occupé en ce moment par 4 jeunes marins, 1 équipière et Alex le skipper du bateau.
Exploration de ruines, dans un décor apocalyptique
Dès que nous débarquons à terre le premier jour, on ne résiste pas à aller faire un tour dans le complexe hôtelier. C’est un véritable chaos ! Les portes sont grandes ouvertes (à vrai dire, elles ne sont même plus là), on peut se frayer un chemin parmi les décombres pour aller et venir dans les différents bâtiments. Les bruits de tôles battent sur les toits avec des bruits sourds, les arbres à terre ne facilitent pas le passage. On se prend un peu pour des aventuriers, dans un décor digne de jeux vidéos comme Fallout 4, type fin du monde, ou de séries comme The Walking Dead. Heureusement, point de zombie ici, la seule présence vivante sera des ânes croisés sur le site et un chat à la nuit tombée.
Parfois, il reste des meubles à l’intérieur des bâtiments, dans un sale état, parfois, les pièces sont complètement vides. Dans ce qui semble être une grande cuisine de restaurant, on trouve de la vaisselle encore intacte. Le reste a été vidé au fur et à mesures des allées et venues des locaux ou des plaisanciers. Il n’y a rien d’intéressant pour nous à récupérer. L’équipage de Cotinga trouvera des coques de dériveurs, des planches à voiles et les voiles qui vont avec. Le tout abîmé mais ils réussiront à mettre à l’eau un des dériveurs. Seulement, quelques gardiens sillonnant le complexe de temps à autre, veillant aux pillages justement, leur demanderont de tout remettre en place.
Sessions de kitesurf, apprentissage et perfectionnement
Mis à part ces visites d’un autre monde, l’activité principale sur cette plage de sable blanc reste le kitesurf. La pointe de l’île s’y prête parfaitement. Bon, le vent souffle offshore de ce côté-ci de la pointe. Mais c’est carrément impossible d’aller de l’autre côté ! Les sargasses ont tout envahi sur plusieurs dizaines de mètres. Leur odeur nauséabonde de décomposition est d’ailleurs l’un des seuls points noirs de ce mouillage, arrivant même jusqu’au bateau…
On navigue donc dans l’eau épargnée, bleue transparente, côté ouest. Il vaut mieux se rapprocher du bout de la pointe pour envoyer son aile et y rester pour naviguer, le vent étant instable à cause des bâtiments de l’hôtel. Pour ceux qui maîtrisent, tirer des bords le long de la plage semble vraiment parfait. Moi qui dérive encore (Damien assure mon retour en annexe), je dois faire attention aux récifs à droite et à gauche de la zone plus on s’éloigne de la côte.
Mais la faible profondeur et le vent plus ou moins constant, parfait en 11m², permet de vite progresser. Le waterstart, c’est ok, reste à tirer des bords ! Aie, pourquoi ça ne marche jamais à gauche ? Finalement, ma dernière session sera à la hauteur de mes attentes, je navigue à droite comme à gauche et tente mes premières remontées au vent. Damien quant à lui, s’essaye à plusieurs sauts ! Il perfectionne ses backloop, non sans quelques retombées mémorables dans l’eau:)
A la recherche des coquillages perdus
Nous ne pouvons encore naviguer ensemble car je ne suis pas autonome sur ce spot orienté offshore. Du coup, quand Damien prend l’aile (ce qui peut durer un moment), j’arpente le sable à la recherche des magnifiques coquillages promis par Florian et Stéphanie sur Vitavi, qui en avaient déniché des très jolis. Ramenés sans doute par le cyclone, il faut avouer qu’on trouve énormément de coquilles de lambis et autres gros coquillages sur la plage. Évidemment, les allées et venues des plaisanciers diminuent le stock mais, surtout sur la pointe, on trouve encore quelques beaux souvenirs à ramener !
Notre séjour sur Barbuda se soldera par un barbecue improvisé sur la plage, avec les équipages de Saturnin et de Cotinga. Une belle soirée au clair de lune, à déguster keftas et poisson frais, et à penser aux prochaines escales. Une navigation à trois bateaux d’une journée entière s’annonce vers Saint Barthélémy. J’ai très envie de la visiter, cette petite île prisée par les ultra riches de notre monde. Nous verrons bien les possibilités sur place !
Cela donne envie de se mettre au kite juste pour avoir l’occasion d’en faire sur une plage aussi belle.
C’est pas évident mais bon, ça se fait 😉