On part de Saint Barth un peu dépités par nos trop courtes aventures sur place. En plus, c’est avec une houle plutôt impressionnante qu’on quitte le mouillage de la baie de Colombier et qu’on commence à se faire secouer dans tous les sens. Heureusement, à l’approche de l’île Fourchue, la mer commence à se calmer. Dommage aussi pour ce mouillage d’ailleurs, qui appartient à Saint Barth. Il était trop rouleur pour nous étant donné l’orientation de la houle ces derniers jours. L’île est pourtant très jolie et on nous l’avait conseillé. Trois catamarans sont ancrés là mais difficile de dire si eux, ils bougent^^
Une vingtaine de milles nous séparent encore de Saint Martin. L’île parait toute proche mais ce qu’on voit, c’est sa partie néerlandaise. Elle est en effet coupée en deux dans le sens de la longueur, au nord, la partie française – Saint Martin – et au sud, celle appartenant aux Pays-Bas – Sint Maarten. On doit donc faire le tour de l’île pour arriver devant le port de Marigot côté français.
Cette fois-ci, contrairement à notre navigation entre Barbuda et Saint Barth, on se motive rapidement, hop, on envoie le spi ! Ça en faisait un bout de temps ! La chaussette nous donne d’ailleurs un peu de fil à retordre car on l’avait repliée en urgence de nuit lors de notre transat.
Tout de suite, on voit bien la différence. Manwë avance à une vitesse de croisière de 8 noeuds, ce qui nous satisfait amplement. La houle se fait moins ressentir, c’est donc parti pour une navigation plus tranquille.
On longe la côte sud-ouest hollandaise, avec son gros port de commerce, ses nombreux immeubles et son aéroport international. C’est vraiment très urbanisé de ce côté-ci, ça nous change de nos escales précédentes ! De loin, on ne voit pas trop les dégâts causés par le cyclone Irma, on ne s’en rend pas compte, du moins de ce côté de l’île.
Note : Apparemment, venir sur la plage sous l’aéroport hollandais constitue une aventure en soi ! Nous n’avons pas testé mais nos amis de Mystic Blue si, pour le fun:) Les énormes avions de ligne décollent et atterrissent au ras de la plage, envoyant vent, sable et mini-cailloux à chaque fois ! Pas une plage de tout repos^^
Juste avant la pointe nord-ouest de Saint Martin, il est temps d’affaler le spi. Les rafales nous font faire un beau départ au lof ! Heureusement, même pour une navigation au portant, je sécurise bien tout à l’intérieur. De toute manière, il le fallait, car une fois passé la pointe, on se retrouve au près pour les derniers milles qui nous séparent de Marigot. On aperçoit rapidement la ville au fond de la baie mais c’est toujours aussi frustrant de ne pas pouvoir y aller en route directe, car face au vent. Au bout d’un moment, on abandonne, on préfère finir au moteur…
On dépose notre ancre dans la baie, non loin de Cotinga et Saturnin que nous retrouvons parmi les nombreux bateaux mouillés ici. Ça roule un peu par ici, lors de notre prochain passage, nous nous mettrons dans la zone plus proche de la jetée et du ponton à annexe, beaucoup mieux protégée. Le coin n’est pas le plus joli de Saint Martin mais venir à Marigot présente plusieurs avantages au niveau pratique, notamment pour la clearance, pour les courses et pour entrer dans le lagon.
Note : Tiens, un lagon, ici ? En fait, Saint Martin n’a pas de barrière de corail mais présente pourtant l’un des plus grands lagons des Antilles. Il est tout simplement situé à l’intérieur de l’île ! C’est une large bande de sable (ou de terre), urbanisée, qui délimite tout son pourtour. Le lagon est d’ailleurs lui aussi coupé en deux, avec une partie française au nord et une partie néerlandaise au sud. Il y a un passage pour entrer ou sortir du lagon dans chaque pays, celui de Marigot étant situé juste à droite de la baie où sont mouillés les voiliers.
Retrouvailles avec Mojo II et derniers avitaillements français
Une fois descendus à terre, là, on ne peut s’empêcher de remarquer cette fois-ci les conséquences d’Irma. Beaucoup de débris, de maisons abîmées, d’immeubles sans toits… Les réparations ne sont pas encore terminées, loin de là. Et encore, nous ne visiterons pas beaucoup la ville, beaucoup nous ont dit que c’était pire dans certaines rues. Nous nous empressons de nous rendre dans la marina de Marigot à la recherche de nos amis de Mojo II, qui devraient partir pour la transatlantique retour sous peu. Ouf, à un jour près, nous retrouvons Jean-François, accompagnés de 3 co-équipiers pour cette longue navigation jusqu’aux Açores et en France. C’est dommage, nous avons loupé de peu Florence, repartie en avion quelques jours plus tôt. Nous sommes déjà très contents de pouvoir partager une soirée sur Mojo avant leur départ. Ça nous rappelle combien voyager de la sorte nous aura permis de faire de très belles rencontres !
Revenir à Marigot ne sera pour nous qu’une escale d’avitaillement par la suite. Quelques aller-retours au Super U nous permettront de faire le plein de denrées françaises, que nous sommes certains de ne pas retrouver sur la suite de notre route. Alors on n’hésite pas à se faire plaisir en terme de fromage, chocolat et autres petits caprices, sans oublier les produits de beauté ! On trouve vraiment de tout sur place, c’est un vrai plaisir (surtout pour moi car Damien déteste toujours autant faire les courses…). Le seul inconvénient est que le supermarché est assez loin du ponton à annexe, il faut pouvoir tout ramener ensuite en sac à dos !
On trouve même des fromages de taille étrange, non ? 🙂
Barbecue et après-midi détente à Grand Case
Charles & Amandine sur Mystic Blue rejoint notre petite troupe devant Marigot le lendemain matin. Ils sont à Saint Martin depuis quelques semaines et en attendant une bonne fenêtre météo pour transater, ils ont passé par mal de temps dans le lagon. C’est donc à 4 bateaux que nous partons pour une journée devant la plage de Grand-Case, un peu plus au nord, à 4 milles. Au programme, barbecue le midi tous ensemble. La difficulté consiste surtout à en trouver un, un barbecue… Car à 12 personnes au total, impossible de faire ça à bord d’un bateau. Heureusement, Claire, sur Cotinga, connaît des jeunes installés dans un Airbnb sur la plage. Ils nous prêtent gentiment leur barbecue sur leur terrasse et c’est parti pour une après-midi repas / détente / baignade / jeu de cartes chez eux. Après tout, c’est dimanche !
Au cœur du lagon de Saint Martin, à slalomer entre les épaves
Attirés par le lagon, on finit par se convaincre les uns les autres d’y passer quelques jours. Après un restaurant tous ensemble le midi sur la plage de Grand-Case (mmm, les ribs trop bonnes), nous partons dans l’après-midi pour rejoindre Marigot. Le pont pour entrer dans le lagon se lève en effet à 17h.
Note : Il se lève une seconde fois dans la journée à 9h. Un zodiac fait la circulation entre les bateaux qui sortent ou qui entrent.
C’est à la file indienne, Mystic Blue devant pour bien montrer le chemin, que nous passons le pont levé. Plutôt étroit le passage ! Entre les roches à fleur d’eau devant la station service, le passage du pont lui-même n’est pas large, il faut veiller à ce que les barres de flèches du mât ne frôlent pas.
Une fois dans le lagon, Mystic Blue nous avait prévenu, c’est un champ de ruines. Des épaves de bateaux à perte de vue ! Catamarans, monocoques, bateaux à moteur, rien n’a été épargné. On suit le chenal balisé, toujours les uns derrière les autres bien sagement. La profondeur n’est pas grande, le sondeur s’affole et Mystic Blue, qui a le plus grand tirant d’eau de nos 4 voiliers – 2,20 m – nous montre la voie.
On se rend vite compte que le lagon est immense ! Il y a même des îlots en son milieu. On s’écarte du chenal, continuant de zigzaguer entre les épaves, pour aller vers le fond ouest mouiller devant l’hôtel Mercure (et profiter de son wifi gratuit). 1,90 m sous notre bateau où nous jetons l’ancre, pffiou, il ne fallait pas moins !
On ne résistera pas à aller faire un tour en annexe pour voir les nombreuses épaves, Damien et moi. Charles en a déjà visité quelques unes, les plus abandonnées, car certaines ont été sorties de l’eau, remises à flot et semblent bénéficier d’une seconde chance. Il a pu trouver un barbecue en inox presque neuf, la chance !
Nous n’osons pas monter sur les épaves. Le lagon est si grand d’ailleurs que nous n’en ferons pas le tour, trop long en annexe.
Saturnin et Mystic Blue ne sont pas loin derrière nous !
Kitesurf, foil et wakefoil
Le vent qui souffle sur nous dans le lagon nous donne envie de nous (re)mettre au kitesurf. Malheureusement, orienté nord-est depuis quelques temps, il est très irrégulier à cause du relief de l’île. C’est donc entre rafales et moles que Damien et Edouard de Saturnin mettent leurs planches à l’eau et tentent quelques bords avant de renoncer assez vite.
Non, ici, le mieux dans ce vent et sur ce terrain de jeu assez plat, c’est de tenter le foil ! Grâce à Pierre qui donne des cours sur la plage. Pour le moment, son école, nommée B52, est un simple préfabriqué blanc sur le sable, avant de pouvoir retrouver des locaux plus adaptés. Lui non plus n’a pas été épargné par Irma. Ses zodiacs ont volé dans tous les sens, il a eu pas mal de dégâts. Mais l’école fonctionne de nouveau. Pierre et son équipe, très sympathique, propose des cours pour s’initier à la pratique du foil, à des tarifs raisonnables. Charles l’a bien expérimenté, dédiant toutes ses journées dans le lagon à se lancer dans le foil.
Ce qui est très intéressant, c’est que Pierre fait débuter par un ou deux cours de wakefoil, c’est-à-dire tirer derrière un zodiac, avec une planche de foil pour débutant (mât de 45 cm) sous les pieds. Ainsi, pas besoin de s’occuper à gérer son aile, on apprend juste à sentir la planche, à optimiser les sorties de l’eau. Puis, le cours suivant est avec une aile sur le plan d’eau, coaché par Pierre par radio. Enfin, on peut louer le matériel, augmentant la taille des mâts des foils petit à petit.
En 2 cours de wakefoil et un sur l’eau, Charles a pu tirer des bords par lui-même ! Au final, il a même fini par acheter une planche, ce qui remboursait en même temps toutes ses locations. Les planches proposées par Pierre sont très jolies et pratiques, c’est en fait un surf F-one avec la possibilité d’y clipser un foil de la même marque (sachant que toutes les tailles s’adaptent). On peut donc juste sortir avec le surf si on veut.
Damien et Edouard se laisseront tenter par un cours de wakefoil, réussissant tous deux à sortir et à voler au-dessus de l’eau. Edouard continuera avec un cours avec l’aile car il compte s’y mettre sérieusement de retour en France!
Note : Un cours de wakefoil coûte 35€ la demi-heure et 70€ l’heure. Celui sur l’eau, avec le foil et l’aile, dure une heure et coûte le même prix, 70€. Les locations de planche à la demi journée sont de 25€ et les tarifs d’achat sont : dans les 700€ pour la planche seule et à peu près pareil pour le foil.
Nous verrons donc plus d’une fois Charles nous montrer ses prouesses avec sa planche tout neuve et son aile de 7 m². L’avantage en foil c’est qu’on peut sortir dans beaucoup moins de vent et donc utiliser des ailes plus petites !
En dehors de ces pratiques sportives, nous avons profité d’être tous ensemble pour enchaîner les apéros, une autre des activités répandues sur les voiliers:) Et les barbecues également, propices grâce aux tables de pique-nique sur la plage et à l’appareil de Pierre, le gérant de l’école de kite. On aura pu ainsi déguster de délicieuses langoustes pêchées par Charles et Edouard, apparemment elles prolifèrent sous les tôles au fond du lagon (amenées là suite au cyclone).
Enfin, les garçons profiteront d’être dans le lagon pour aller faire un tour côté hollandais et visiter leurs nombreux shipchandlers. Après un long trajet en annexe ! Damien me rapportera que Sint Maarten semble être plus actif que le côté français, avec de grands chantiers et beaucoup de ships, tout ce qu’il faut pour réparer son bateau. Après quelques menus travaux sur chaque bateau, car ceux qui s’apprêtent à faire la transatlantique retour le préparent au mieux, nous reviendrons finalement devant Marigot.
Clearance de sortie, dernières courses et lessive à la laverie, on occupe bien notre dernière journée sur place avant de partir en fin d’après-midi un dimanche pour les British Virgin Islands, de leur petit surnom les BVI, au nord-ouest.
Sans oublier la veille bien sûr de dire un dernier au-revoir à nos deux batocopains, Saturnin et Mystic Blue ! Enfin décidés face à la météo des prochains jours sur l’Atlantique, ils partent en milieu de journée. Charles et Amandine rejoignent Nantes tandis qu’Edouard et Sonia vise la Méditerranée, avec l’intention d’y naviguer encore quelques mois. Ils comptent bien entendus profiter tous ensemble des Açores !
Cotinga a vu ainsi son équipage se réduire, JB accompagnant Saturnin dans leur traversée de l’océan. Les 5 marins restants, Brieuc, Anthony, Claire, Jaume et Alex, restent dans les parages, comptant aller travailler en Martinique durant la saison cyclonique. Peut-être les recroiserons-nous à bord de leur Moody 39 ?