534 milles. 4,5 jours de prévu si on prend comme moyenne une avance de 5 nœuds (on espère moins car nous allons être au portant).
L’objectif ? Les Bahamas ! Ça y est, nous avons pris notre décision, après moult hésitations. Nous allons passer quelques semaines au sein de cet archipel dont j’ai tant rêvé, réputé pour ses plages de sable blanc, situé juste en face de la Floride.
Note : Nous avons donc choisi de naviguer aux Bahamas pendant tout le mois de juin 2018. Sachant que nous étions au début de la saison cyclonique, les dates officielles étant du 1er juin au 30 novembre. On ne recommande pas de rester dans la zone à risques pendant cette période bien évidemment. Mais juste dire, par rapport à notre expérience personnelle, que nous n’avons pas rencontré de soucis particuliers niveau météo pendant ce mois de juin (pas de cyclone ni tempête aux Bahamas). Nous avons quand même fait face ensuite à de nombreux orages plutôt menaçants lors de notre navigation entre les Bahamas et le Guatemala (fin juin / début juillet)…
Nous partons bien motivés de Tortola, plus précisément de Road Harbour, notre dernier mouillage. Aussitôt, nous lançons le spi, on espère le tenir quasiment durant toute la traversée. Il faut bien surveiller au début, nous passons entre les dernières îles des BVI, puis quelques-unes des USVI, le vent tourne légèrement suite aux reliefs.
Puis, ça y est, on retrouve le grand large. Cette fois-ci, on navigue bien de nouveau sur l’océan Atlantique, fini la mer des Caraïbes. Elle est en effet fermée au nord par la République Dominicaine et Cuba, or nous allons bien au nord de ces îles.
Notre traversée s’annonce bien, peu de houle pour les premières heures, même en nous éloignant des Virgin Islands. Le spi nous fait filer à bonne allure, 6,8 nœuds dans environ 15 nœuds de vent. Ces conditions devraient durer le temps de notre périple. C’est très confortable car nous avançons suffisamment vite pour éviter de ressentir les vagues:) A ce train-là, on ne mettra certainement pas 4 jours !
Premières 24h paisibles, avec même une belle prise !
Tout en dépassant au loin l’île de Porto Rico, on commence à trouver notre rythme, il faut se réhabituer à ces quelques jours passés en mer. Les activités s’enchaînent doucement, entre lecture (on s’y remet, c’est propice), siestes, repas, grignotages et pêche ! A peine quelques heures après notre départ, ça mord sur la traîne. On ne se fait pas d’illusions, vu nos derniers exploits, c’est sûrement un barracuda. Mais Damien est perplexe et plein d’espoir, ce qu’il remonte ne leur ressemble pas tant que ça !
Heureusement, nous avons plusieurs livres de pêches à bord, ce qui nous permet d’identifier sans le moindre doute un thazar ! Damien est heureux, on dirait un matin de Noël, il faut dire que la bête est impressionnante ! Hissée à l’arrière sur les bossoirs par un bout, Damien la vide au-dessus de l’eau et c’est parti pour une séance découpage de poisson. Je préfère m’éclipser à l’intérieur et en profiter pour faire une sieste, peu désireuse de me retrouver malade dans les odeurs et le sang alors que tout allait bien jusque là.
C’est donc Damien le pêcheur et le cuistot à ce moment-là, il nous prépare un mahi-mahi avec quelques filets crus, tandis que le reste du thazar finira en conserves pour des plats futurs. On ne risque pas de mourir de faim pendant cette traversée ! Il va même falloir éviter de pêcher les prochains jours^^
Note : Les essais suivants ne seront de toute façon pas concluants. Par deux fois, on se fait couper net la ligne, plus rien au bout. La troisième, Damien installe un câble en acier au bout du leurre et on remonte un énorme barracuda ! Sa mâchoire est énorme (et horrible à regarder), pas de doute, ce sont sans doute d’autres de ces poissons qui sont repartis avec nos deux précédent leurres dans le ventre.
Les heures passent, le soleil finit par se coucher. Il est temps d’assurer notre première nuit de quart. On reprend nos bonnes habitudes, 3 h chacun dehors, deux fois dans la nuit. Nos 6 h de sommeil seront rattrapées par 2 h de sieste dans la journée, c’est amplement suffisant car on ne s’active pas non plus énormément à bord !
En plus des films à regarder la nuit, nous testons l’écoute de podscast, merci d’ailleurs à Charles & Amandine de Mystic Blue pour nous avoir conseillé une appli sympa ! C’est vraiment très agréable de se laisser bercer par les émissions (de toute sorte) en regardant l’océan. Hop, régulièrement, on fait un tour d’horizon, on croise quelques cargos mais toujours au large. La lune est avec nous, presque pleine, elle nous éclaire tant qu’on y voit comme en plein jour. Bref, tout paraît idyllique. Pour l’instant…
Aie, ça se corse… Maudits bancs de sable !
Notre route directe vers les Bahamas longe trois grands bancs de sable : Navidad Bank, Silver Bank et Mouchoir Bank. A fleur d’eau, il faut absolument les éviter. Puis, nous passerons juste au nord de ceux des Turks & Caicos. Peut-être verrons-nous les petites îles parsemées ça et là, que nous pensions au départ visiter. Ce projet fut vite abandonné suite au montant exorbitant de leur clearance (valable seulement pour une semaine) et à l’absence de données précises sur nos cartes.
La seule chose qui nous prouvera la présence de ces bancs de sable au loin, c’est la mer qui s’agite quand on arrive à leur hauteur. Il y a de quoi, la profondeur passe de 5000 m à presque 0 ! Les vagues se lèvent sur ces hauts-fond et Manwë ne peut résister. A chaque passage d’un banc, on se fait rouler de chaque côté. On peine même à dormir dans notre cabine arrière, il faut user de stratagèmes avec les coussins et les oreillers pour arriver à se caler dans une position plus ou moins stable…
Dehors, ça va, on arrive à gérer, à l’intérieur, ça devient un peu sportif de préparer un repas. Ce n’est pas comme au près, où le bateau est calé sur un côté, même s’il saute dans les vagues. Là, il roule violemment de bâbord à tribord, et fait valser tout ce qui n’est pas retenu. Le spi, lui, ne peut plus lutter contre le roulis du bateau. On surveillait, pensant à l’affaler, mais trop tard, les efforts dans la voile à chaque vague sont tels qu’à un moment, on entend un grand « bang » ! Aussitôt sur le pont, on constate les dégâts et c’est plutôt moche…
Le spi est déchiré en deux au niveau de son oreille au vent, elle pend tristement sur l’écoute tandis que le reste de la voile s’enroule dans tous les sens. Damien réagit vite et dépitée, je l’aide à affaler les restes de notre fidèle allié au portant. Il me rassure après inspection, ça lui ait souvent arrivé en régate, ce n’est pas si grave, on pourra le réparer. Ok, il était déjà vieux, ça devait arriver à un moment, on aurait du l’affaler plus tôt. Mais en attendant, on se sent un peu orphelin…
Pas le choix, nous tangonnons le génois pour avancer en ciseaux. C’est plus stable mais on perd un peu de notre vitesse. Pas grand-chose, Manwë tient le coup quand même ! Heureusement que des périodes plus calmes arrivent après chaque banc de sable de dépasser.
Île et lagon en vue !
Ça y est, on voit la terre. Nous voici arrivés à Mayaguana ! Cette île, la plus au sud-est des Bahamas, est quasi déserte. Le seul intérêt d’y faire un stop réside dans la possibilité d’y faire sa clearance. C’est une plage infinie que l’on longe pour atteindre le lagon situé au sud-ouest. On remarque pas mal de végétation mais surtout aucune habitation !
Une fois rentré dans le lagon (on vous explique les détails ci-dessous), on hésite longtemps pour se trouver une place pour mouiller. On est seul au milieu d’une zone de faible profondeur et d’eau turquoise à perte de vue ! Ce qui nous fait hésiter, ce sont les petites vagues levées par le vent malgré la barrière de corail. Dommage, ce n’est pas si bien protégé que ça…
Pas grave car nous ne comptons pas nous attarder ici de toute façon. Mayaguana n’est un stop utile que pour remplir ses formalités d’entrée ou de sortie. Le village est minuscule, on débarque à terre en annexe et on atteint les premiers bâtiments via une petite route au milieu des marais. Un cycliste nous aborde et nous souhaite la bienvenue avec un grand sourire ! Les habitants ne doivent pas voir grand-monde par ici ou des plaisanciers qui ne restent pas.
Il n’y a de toute façon rien à faire dans les parages. Les maisons semblent vides, abandonnées. Au croisement principal, on regarde de chaque côté de la route, on se croirait presque dans The Walking Dead, et on pourrait même voir passer un balot de foin comme dans les westerns !
Heureusement, notre clearance d’entrée est faite, nous sommes plus légers de 300 $US (eh oui, cher les Bahamas!) et nous avons même pu nous connecter à internet ! Nous ne tardons pas à relever l’ancre pour partir vers une autre des îles de l’archipel.
Damien nettoie l’annexe avant de repartir ! On l’avait dégonflé avant de partir des BVI…
Info mouillage de Mayaguana : Lagon d’Abraham’s Bay
Accès : L’entrée dans le lagon se fait par 2 passes. L’une à l’est et l’autre à l’ouest. Nous n’avons emprunté que celle de l’est, la plus proche du village. La profondeur dans la passe descend à 2 m, ma cartographie m’annonçait un haut fond à 0,9 à éviter en plein milieu, mais je ne suis pas sur qu’il existe réellement.
Le mouillage : Le lagon fait environ 5 milles de long par 1 de large, la profondeur généralement observée au centre étant de 2,4 m. A droite non loin de la passe de l’est, vers la plage, la profondeur descend très vite à 1,4 m. De plus, la houle rentrant par la passe rend cette zone un peu désagréable pour y mouiller. Nous avons choisi de mouillé dans 2 m d’eau sur la gauche de la passe, derrière la barrière de corail. Elle laissait malheureusement passer un léger clapot qu’on ressentait bien à bord, dans 15 à 18 nœuds de vent d’est.
A terre : On a du mouiller Manwë assez loin de la côte, à cause de la profondeur et du clapot. C’est donc un long chemin en annexe un peu mouillé qui nous permet de rejoindre un quai en béton, en passant un minuscule chenal avec 30 cm de fond. Pas âme qui vive ici ! Une petite route nous mène au village après 5 min de marche. Ici, il n’y a rien à faire ! A part sa clearance dans l’un des premiers bâtiments sur la gauche, annoncé par un panneau « Customs Immigration » et le drapeau national. Il y a un accès wifi gratuit dans le bureau des Customs:)
Ressenti : Mouillage désert, nous étions seuls ! Un peu trop agité par alizés d’est pour nous donner envie de rester. Si vous savez partir de votre bateau en kitesurf, la zone de jeu est gigantesque et assez flat, ça doit être bien sympa. Le paysage reste magnifique, avec des couleurs sublimes entre le ciel, l’océan derrière, la barrière de corail et les eaux transparentes du lagon.
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Sympa vos commentaires et très pratiques. C’est cependant à Mayaguana que nous avons rencontré en 2017 les gens les plus charmants des Bahamas. Après etre venu à bord boire quelques bières ils sont revenus nous voir en famille avec des présents comme du poisson et des langoustes. Nous avons hâte de les retrouver au printemps 2019 lors de notre remontée vers le Groenland l’été prochain
Bonjour,
Les belles rencontres sont super en voyage.
Bonne chance pour la suite de votre voyage!
Bon et bien ça me confirme que je ne pourrai pas vous suivre… mes 2,2 de T.E me limiterons vite dans les Bahamas !
profitez !
En effet les Bahamas sont idéales pour les petits tirant d’eau ! Même avec nos 1,7 m on doit faire bien attention.