Le 2 avril 2019, nous jetons l’ancre dans une destination rêvée depuis le début de notre voyage : la Polynésie française ! Après une agréable traversée de l’océan Pacifique, longue mais calme, quoi de mieux comme point de chute que la mythique baie des Vierges aux Marquises ?
Ne manquez pas notre article précédent qui vous raconte tous les détails de notre transpacifique !
Nous voici sur la Terre des Hommes – Fenua Enata en marquisien, le nom d’origine de l’archipel. Une jolie expression pour ce chapelet d’îles volcaniques impressionnantes et quasi vierges, où la nature s’exprime à pleine puissance.
On rêvait de montagnes vertigineuses au-dessus de l’eau, avec une végétation dense contrastant avec le bleu foncé de l’océan, eh bien, tout s’est réalisé dès qu’on a aperçu la terre au loin ! Cette terre, c’était Fatu Hiva, l’île la plus au sud et une des plus authentiques.
L’île de Fatu Hiva a été découverte en 1595 par un navigateur espagnol, Alvaro de Mendana – qui pensait alors avoir atteint les îles Salomon… L’archipel tout entier fut renommé îles Marquises à ce moment-là.En 2019, c’est à notre tour de jouer les aventuriers et d’approcher cette île, puis son mouillage si connu, la baie des Vierges. Même si nous ne sommes plus les premiers depuis longtemps, c’est vrai qu’on se sent un peu comme des explorateurs à ce moment-là, sur notre petit bateau !
Note : Fatu Hiva n’est pas un port d’entrée aux Marquises. Il y en a trois, sur les îles d’Hiva Oa, Ua Pou et Nuku Hiva. Mais on avait tellement envie d’arriver en premier dans la baie des Vierges qu’on a fait une entorse au règlement… Allez voir notre article sur les formalités d’entrée en bateau en Polynésie française pour plus d’informations !
Mais au final, c’est quoi la baie des Vierges ?
C’est la baie située à l’ouest de l’île, aussi appelée baie de Hanavave, du nom du village qui se trouve dans la vallée. Elle est tellement impressionnante quand on y arrive en voilier ! Encastrée entre des falaises immenses, avec ces cheminées rocheuses noires ressemblant à des tikis qui veillent sur le mouillage, on comprend vite pourquoi c’est l’escale la plus réputée aux Marquises pour de nombreux navigateurs !
On profite de l’eau chaude retrouvée autour du bateau, après les 20° face à Panama City. Attention aux requins désormais, nous sommes dans le Pacifique. Mieux vaut éviter les baignades au lever ou au coucher du soleil, ou quand l’eau est trop trouble…
Mais surprise, ce sont des raies manta qu’on aperçoit un soir nager entre les bateaux ! Moi qui pensais que je devrais payer pour une telle activité, car je voulais absolument en voir, eh bien même pas besoin aux Marquises. Elles évoluent paisiblement à la surface de l’eau et on peut les suivre en paddle ou à la nage. Une expérience incroyable !
A la découverte des trésors de Fatu Hiva
Il est temps d’aller se dégourdir les jambes et d’aller explorer à terre. On accoste notre annexe au quai de débarquement. Il y a l’eau potable au robinet juste à côté, pratique pour remplir ses bidons ! C’est parti pour arpenter les petites rues du village. On déambule entre maisons colorées et jardins verdoyants avec des arbres fruitiers remplis de toute part. Quel plaisir de voir du français écrit sur les panneaux d’affichage et de pouvoir discuter en français avec les habitants ! Ça nous change:)
Mis à part la langue, qu’ils parlent en roulant les « r », on se sent bien loin de la France dans ce décor tropical. La vie est simple sur cette petite île. A Hanavave, on trouve une petite épicerie, une église, un bureau de poste, une mairie et c’est tout ! Les Marquisiens vivent ici surtout de la culture de la coco, en vendant ensuite la coprah (la noix de coco séchée) pour la production d’huile de coco (et du fameux monoï!). Mais aussi de leur artisanat, qu’ils vendent aux touristes de passage et qu’ils envoient par caisses à Tahiti pour les marchés et galeries d’art. On verra que chaque île marquisienne et même chaque vallée présente un art différent : travail sur bois, écorce, os, bijoux en tout genre, etc.
Même si leur environnement est sans superflu, leur niveau de vie n’est pas modeste non plus. Leurs barques en aluminium (fabriquées à Raiatea dans les îles de la Société) feraient envie à n’importe quel petit pêcheur. Chaque maison a son gros 4×4 Hilux dernier cri garé devant sa maison. Et les produits vendus à l’épicerie sont bien chers !
Note : Il n’y a pas de wifi sur l’île. Par contre, on peut acheter des cartes SIM pour se connecter à un hot spot, valides dans toutes la Polynésie française. Mais les tarifs sont prohibitifs : 25€ environ pour 10h de connexion ! Pratique pour avoir un numéro local mais pour internet, on attendra de trouver un café avec wifi sur une autre île…
Se nourrir à la mode marquisienne
Quand est-il de la nourriture locale ?
Dès le premier jour, on récupère une énorme quantité de fruits au village. Nous n’avons pas encore de francs polynésiens mais les habitants nous les donnent gentiment, il y en a tellement ! Ou alors on peut aussi faire du troc. Les locaux peuvent demander diverses choses en échange, parfums pour les femmes, matériel de pêche, bouts, vêtements de bébé (encore faut-il en avoir…), etc. De l’alcool aussi mais mieux vaut éviter, en Polynésie française c’est très réglementé, il paraît que c’est un vrai fléau…
Note : Pas de banque sur Fatu Hiva, on ne pourra retirer des espèces qu’à Hiva Oa, l’île au nord. On ne pourra rien acheter dans la mini-épicerie, mais on lorgnera avec envie les produits de marque française retrouvés, comme le beurre Président ou le roquefort !
Ici, les arbres fruitiers poussent partout, on trouve en fonction de la saison mangues, papayes, bananes, noix de coco, pamplemousses, citrons verts, oranges, etc. Peu de légumes par contre, heureusement que nous avons prévu des conserves au Panama.
On a pu goûter à un vrai dîner traditionnel marquisien dans les jours qui suivirent. En effet, plusieurs personnes du village proposent des repas chez l’habitant. On s’est retrouvé à manger chez Christian, avec une douzaine d’autres plaisanciers de toute nationalité. Vraiment très sympa ! Et c’est quasiment à volonté tellement les plats sont copieux… Nous avons pu testé ainsi du cochon grillé au barbecue – ils chassent le cochon sauvage dans la montagne – du poisson mariné dans du lait de coco, du poisson cru avec de la papaye verte ou encore des frites de fruits à pain. Un vrai régal !
Note : Le repas nous a coûté 1700 Francs Pacifique par personne. Mais nous n’avions pas de monnaie locale, heureusement Christian acceptait les euros, soit 15€ par personne.
Pour les plus gourmands, on trouve aussi du miel, on peut voir des ruches dans les jardins. Un autre petit plaisir sucré, ce sont les bananes séchées ! Une idée pratique à reproduire quand on se retrouve avec un régime entier qui mûrit trop vite.
Sinon mission confitures ! On a pu se cuisiner quelques pots de confiture de bananes et de confiture de mangues, autant dire qu’elles sont vite mangées…;)
Promenade dans la vallée de Hanavave et sur les hauteurs
On s’enfonce dans la vallée, en dehors du village, en quête de promenades dans la nature. Pas beaucoup de chemins de randonnée sur l’île, tout reste très sauvage. La végétation est dense sur les flancs des falaises ! Fatu Hiva est censée être l’île la plus humide de l’archipel, car la plus proche du Tropique du Capricorne, mais on repère des zones plus arides sur certains sommets. La pluie était restée absente un moment, les locaux l’attendent avec impatience pour leurs récoltes fruitières.
Cascade à 1h du village
L’un des premiers sentiers à suivre nous emmène dans les hauteurs, à travers la jungle. On aperçoit de nombreuses fleurs un peu partout, on se rend compte que les espèces végétales – hormis les cocotiers et les bananiers – ne sont plus les mêmes que celles croisées dans nos précédentes escales. On finit par atteindre une cascade…enfin plutôt un ruissellement le long d’une haute paroi de pierre. Mais le décor est agréable sous les arbres à l’ombre, même s’il fait chaud dans cette humidité ambiante ! On prend plaisir à se reconnecter avec la nature lors de cette première marche, facile et accessible.
Randonnée sur les hauteurs
Le lendemain, c’est sous un ciel menaçant (mais du coup une température plus clémente) qu’on se motive pour grimper en haut des falaises environnantes. Accompagnés d’Anna et Lucas, du voilier Dir Na Dor, on suit la route qui serpente et qui rejoint Omoa, le second village de l’île. Bon, il y a quand même 17 km entre les deux, on n’ira pas jusque là !
On se retrouve vite trempés jusqu’aux os, la pluie ne rigole pas par ici… Évidemment, comme à chaque fois, on a tout oublié au bateau, coupe-vent, parapluie, protection pour le sac à dos, etc. Tant pis, au moins, il fait frais pour randonner ! Car pour grimper, ça grimpe, les pentes sont raides pour atteindre le plateau qui borde la vallée d’Hanavave, on met presque 2h pour y arriver.
Rapide détour à Omoa, le second mouillage de l’île
J’ai reçu un colis ! Sur cette petite île au milieu de nulle part, c’est vraiment excitant d’aller chercher son colis à La Poste, envoyé par une très bonne amie pour mon anniversaire. Bon, le seul souci, c’est qu’il est arrivé à Omoa, dans l’autre vallée:)
La spécialité artisanale d’Omoa, réputée dans tout l’archipel, c’est le tapa. Il n’y a qu’ici que c’est fabriqué ! Ils s’agit d’un morceau de tissu fabriqué à partir d’écorces d’arbre, comme le banian, le mûrier (pas le même que chez nous) ou encore l’arbre du fruit à pain. La fibre est tapée avec un bois strié jusqu’à atteindre l’épaisseur désirée et devient alors un tissu : le tapa. Il est amidonné et séché au soleil, il peut aussi être blanchi et décoré de motifs marquisiens.
On croise dans les rues du village un couple de Français avec qui nous allons à la rencontre des habitants et de leur art. On entend ci et là des femmes taper sur leurs écorces. Mais la majorité des œuvres de tissus ou de bois sont déjà empaquetés dans des grandes caisses pour une prochaine exposition à Papeete en mai, nous n’en verrons qu’une infime partie !
Tout le monde se connaît et pour cause, on comprend que tous les habitants d’une même vallée (soit 600 dans chacun des deux villages) sont quasiment de la même famille ! Pour trouver son conjoint, il faut aller soit sur une autre île des Marquises, soit aux Tuamotus ou même à Tahiti. Les cultures sont mixées et ça se voit dans l’artisanat. Comme Bruno, un Paumotu d’origine (habitant des Tuamotus) qui créée des objets en bois et en coquillages !
On a adoré ce contact avec les locaux, ce partage des cultures, on apprend tellement de choses. Les habitants sont tellement gentils et accueillants ! Et ce sera toujours le cas lors nos autres escales dans l’archipel.
Et les mouillages autour de Fatu Hiva, ils sont confortables ?
Mouillage d’Hanavave
On avait entendu que la baie des Vierges n’était pas le mouillage le plus agréable, car profond, avec un fond de cailloux et pouvant subir de grosses rafales.
Il n’y avait pas beaucoup de voiliers quand nous sommes arrivés, on a pu choisir sans souci notre emplacement. C’est-à-dire dans le fond de la baie, dans 7 à 8 m d’eau et dans une petite zone de sable ! La chaîne raclait un peu sur les cailloux aux alentours mais notre ancre était bien enfoncée dans le sable. Pas de souci lors des rafales, qui sont en effet assez fortes en descendant de la vallée. Par contre, tout autour, ce sont des cailloux et plus on s’éloigne vers l’océan, plus la profondeur augmente. Certains bateaux se sont ancrés dans au moins 25 m d’eau !
Et ce mouillage peut vite devenir encombré en fonction des arrivées de la transpacifique. Lors de notre départ après 10 jours sur place, vers mi-avril, nous étions une bonne vingtaine de voiliers. Ce qui m’a surpris, ce sont les nombreuses nationalités présentes en dehors des Français : Américains, Canadiens, Norvégiens, Irlandais, Allemands, bref, tout le monde est attiré par la Polynésie !
Mouillage d’Omoa
La baie du Bon Repos n’est guère confortable pour dormir, contrairement à son nom, car la houle rentre et peut faire rouler dans tous les sens. Par contre, le vent ne souffle quasiment pas de la vallée. Le fond est de sable, on peut laisser le bateau l’esprit tranquille.
Passage de l’Aranui et départ de l’île
On passe un dernier jour à Hanavave avant de partir pour l’île du nord, Hiva Oa, afin de profiter de l’arrivée du fameux cargo de ravitaillement/touristes : l’Aranui 5. La croisière dure 12 jours entre Tahiti et les Marquises, avec quelques stops aux Tuamotus.
L’Aranui ravitaille tous les villages quasiment des Marquises et ceux-ci sont en ébullition à chaque fois ! Les colis débarquent pendant que les régimes de bananes et les sacs de noix de coco séchées partent vers Tahiti. Les pontons sont redécorés pour l’occasion, les vacanciers sont accueillis avec des fleurs, des stands pour vendre l’artisanat local et parfois des danses traditionnelles (dommage, à Hanavave, il n’y en avait pas…). Même les pick-up sont décorés de fleurs ! On ne sait pas si les touristes à bord pensent que c’est le cas en permanence ^^
La baie des verges, c’est le cratère d’un ancien volcan.
Il faut lire »Fatu Hiva , le retour à la nature » de Thor Heyerdahl (1938).
Il y a des moustiques … beaucoup !
Hana Vavae….
Baie des Verges. La pudibonderie des missionaries leur a fait shooter le I.
Toujours bien écrit, bien documenté avec de magnifiques photos ! Merci Anaïs !
Bravo à Damien qui assure grave ce périple autour du monde !
Un jour, on apprendra qu’il a gagné le Vendée Globe ?
Je voyage avec vous !
Philippe et Yannick
Oh il n’est pas prêt non plus aux navigations en solitaire 😉