Beaucoup de monde, famille, amis et batocopains, nous ont dit : « Surtout ne manquez pas les îles de Petite Terre » ou encore « ce serait bête de passer en Guadeloupe sans aller voir la réserve ! »
Petite Terre, c’est en fait un ensemble de deux îles, nommées Terre de Haut et Terre de Bas (tiens, comme aux Saintes!) situé à l’est de la Guadeloupe. C’est un parc naturel protégé qui appartient lui-même aux réserves de l’île de la Désirade. Toutes ces îles font partie de l’archipel de la Guadeloupe, avec les Saintes et Marie-Galante.
On s’est donc laissé tenter ! Après notre semaine passée aux Saintes et un week-end sur la Guadeloupe avec Morgane, la sœur de Damien, qui habite sur l’île, en route depuis l’îlet du Gosier vers les îles de Petite Terre !
Arrivée musclée dans le lagon
On s’est renseigné en amont, seuls les bateaux de moins de 2m de tirant d’eau peuvent entrer dans le lagon entre les deux petites îles. Ce n’est donc pas une destination pour tous les voiliers ! On décide de partir très tôt pour pouvoir profiter du lieu le plus longtemps possible. Une vingtaine de milles nous attendent, face au vent comme toujours par ici ! Mais là, la flemme de tirer des bords, ça nous prendrait trop de temps. On ira au moteur, allez, tant pis !
En approchant de notre destination quelques heures plus tard, on distingue toujours à peine les îles au ras de l’eau. La passe n’est plus très loin, il faut commencer à guetter. On observe avec une pointe d’inquiétude la houle qui déferle en amont de la passe. Pas drôle, il ne s’agirait pas de talonner ! On hésite, on y va, on y va pas ? On n’a pas fait 4h30 de navigation au moteur dans ce sens pour renoncer, ça non ! Deux dauphins frôlent le bateau, comme pour nous accueillir. Ça nous remonte le moral, on en a pas vu tant que ça aux Antilles !
On avance prudemment, je vais à l’avant pour vérifier le fond. La passe n’est pas très longue, mais notre carte est peu précise et les vagues déferlent par série. Damien pousse le moteur, sauf qu’à un moment, j’entends une vague plus grosse que les autres se mettre à déferler juste derrière nous ! Aie, ça sent le roussi ! Je me cramponne à l’étai, Damien tente de gérer le bateau pour ne pas prendre la vague de travers, je ferme presque les yeux… Manwë roule dangereusement mais on avance toujours, presque à surfer la vague. Un dernier passage en vitesse avant l’arrivée de la suivante et ça y est, on est passé ! Pas de talonnage:)
Je retourne à l’arrière pour retrouver un Damien trempé par la vague sournoise, qui a rempli complètement le cockpit. Avec un sourire penaud, il m’avoue qu’il a eu un peu peur aussi… Maintenant, c’est bon, tout va bien, on est dans le lagon. Et c’est une tortue cette fois-ci qui pointe le bout de son nez près du bateau !
La houle qui déferle avant la passe… Elle est plus impressionnante en vrai !
Réglementation stricte afin de protéger les lieux
Ici, à Petite Terre, le mouillage est obligatoirement sur bouée, pour ne pas abîmer les fonds marins. Il y en a de plusieurs sortes : 13 bouées blanches pour les plaisanciers (10T max), 5 bouées bleues réservées aux professionnels (catamarans de promenade) et 9 petites bouées blanches pour les embarcations légères (canots à moteur).
C’est avec une bonne surprise que l’un des gardiens de la réserve vient nous voir pour nous annoncer que la bouée est gratuite. En fait, ce sera payant à partir de juin 2018 – 20€ par bateau + 2,5€ par personne à bord – avec réservation obligatoire sur le site: www.reservesdesiradepetiteterre.com.
L’eau depuis le bateau !
Pour continuer à préserver ce lieu plein de charme où ses habitants, animaux terrestres ou marins, sont les rois, de nombreuses autres règles sont à respecter. En plus bien sûr de celles de bon sens, comme de ne pas jeter ses déchets à terre, de ne pas rejeter ses eaux usées ou de ne pas cueillir les plantes.
- Il est interdit de mettre le pied sur l’île de Terre de Haut. Sur Terre de Bas, le seul endroit libre d’accès est la cocoteraie sur la plage, ainsi que la promenade autour du petit phare. Elle est courte mais sympathique, avec une belle vue sur les falaises au nord de l’île. On peut y croiser les habitants principaux des lieux : les iguanes verts des Antilles. Il y en a partout!Sans oublier les nombreux oiseaux et les bernards l’hermite sur le sable !
La cocoteraie de Terre de Bas.
Au nord de l’île.
Jeune iguane (c’est pour ça qu’il est vert) des Petites Antilles dans les arbustes.
Celui-ci est plus âgé. On dirait clairement un dinosaure non ?
Et un bernard l’hermite !
- On ne peut pas débarquer directement en annexe sur la plage, on doit l’amarrer à une bouée prévue à cet effet près de la cocoteraie. Pour info, les chiens sont interdits sur l’île.
- On ne peut pas nager après la zone délimitée par des bouées devant la barrière de corail. De même, certaines zones sont balisées devant la plage. Pas grave, on observe suffisamment de poissons de toutes tailles dans le lagon ! On a pu voir aussi des lambis (des vivants cette fois-ci, pas que des coques vides), des jeunes tortues venues brouter à quelques mètres de nous près de la plage et même un requin citron dans les eaux peu profondes du rivage ! D’une taille d’un mètre environ, on a pu nager avec lui. On nous avait dit qu’il y en aurait plein mais c’est déjà super d’en avoir croisé un !:) Enfin, on a pu croiser quelques raies, des raies pastenague dont il faut se méfier de leurs dards, ainsi qu’un énorme barracuda ! Là, on ne faisait pas les fiers… Mais c’est un réel plaisir de pouvoir côtoyer les animaux d’aussi prêt. Attention, il ne faut pas les nourrir !
- Les campements sont interdits sur l’île. Néanmoins, on peut faire son propre barbecue dans les endroits prévus à cet effet. Bon, il faut encore se trouver une petite place, car tous les foyers sont pris d’assauts par les (très) nombreux groupes de touristes dans la journée. On se rend vite compte, en effet, que durant la journée (et ce dès 8h du matin), le mouillage se remplit très vite ! D’énormes catamarans et des navettes à moteur arrivent de Saint François et débarquent chacun une masse de monde sur la plage de Terre de Bas. Bon, ok, on ne peut pas dire grand-chose, nous sommes aussi des touristes ! Et il reste quand même de la place pour tout le monde. Heureusement, dès 16h, on commence à être tranquille, tous ces bateaux de promenade repartent vers la Guadeloupe. Ce qui laisse pas mal de temps pour profiter pleinement des lieux, et se sentir même seul au monde sur ce bout de plage rempli de cocotiers, face à la barrière de corail…
Pendant que certains font la sieste…
D’autres font du yoga !
- La réserve est délimitée à l’extérieur des îles par des bouées, il y a donc une grande partie maritime également protégée. Il ne faut évidemment pas pêcher dans cette zone ni dans le lagon !
- Enfin, il n’y a pas le droit de pratiquer des activités nautiques dans le lagon, comme le kitesurf ou le jetski, mais cela tombe sous le sens.
Toutes ces règles permettent de protéger cet endroit magnifique et il n’y aucun mal à les respecter (comme dans beaucoup d’autres endroits d’ailleurs), tellement on se retrouve enchanté ici de se retrouver aussi proche de la nature. Un vrai moment de détente (après 16h, hein!), une vraie parenthèse au cœur d’un lagon superbe, à vivre aux côtés des animaux et des cocotiers. On serait bien resté plus longtemps mais Marie-Galante nous appelle à son tour !
Notre départ de la réserve après deux jours sera beaucoup plus paisible que notre arrivée… Le vent qui s’est levé lors de notre seconde nuit, venant de l’est, a aplati la houle dans la passe. Aucun souci pour sortir donc !