Quand on arrive en Guadeloupe en bateau par le sud, on est presque obligé de faire escale aux Saintes. Ce mini archipel de deux îles principales, Terre de Haut et Terre de Bas, se situe à mi-chemin entre la Dominique et Basse-Terre en Guadeloupe. Et il vaut vraiment le coup qu’on s’y arrête !
Mouillages au cœur des Saintes
En arrivant à hauteur des premiers îlots, on comprend assez rapidement que la majorité des mouillages des Saintes se font désormais sur bouées. Pas que les fonds marins soient remplis de coraux et autres flores/faunes à protéger (peut-être pour les herbiers) mais je pense plus pour le côté touristique/je fais payer le plus de monde. C’est le cas notamment dans la baie face au bourg de Terre de Haut, sous l’îlet Cabrit et sous le Pain de Sucre.
Sachant que la bouée coûte 10€ la nuit pour un bateau comme le nôtre, en gros entre 9 et 12m de long, en pleine saison, ça peut revenir vite cher la semaine aux Saintes… En plus, elles sont prises d’assaut chaque matin ! Il faut souvent arriver entre 8h et 9h pour voir une bouée se libérer… Donc pour ceux, comme nous, qui aiment les petites économies (de plus en plus d’ailleurs plus le voyage avance), on peut quand même trouver encore quelques mouillages gratuits.
Il y a par exemple l’Anse Galet, entre la baie principale de Terre de Haut et le Pain de Sucre. On peut mouiller sur ancre devant la petite plage. En annexe, on est pas si loin du bourg, surtout si on la dépose sur la plage de la base nautique de l’UCPA. Sinon, depuis la plage même de l’Anse Galet, on ne semble pas très loin non plus à pied du village. Nous avons testé ce mouillage à notre arrivée aux Saintes. Malheureusement pour nous, la houle était orientée nord-est (sans être liée au vent!) pendant ces quelques jours, ce qui rendait ce mouillage fortement rouleur et inconfortable ! Mais par une autre orientation de houle, il est très tranquille.
Un autre mouillage qui peut se faire gratuitement est celui du Pain de Sucre, que nous avons testé quelques jours plus tard. En fait, la zone des bouées payantes est délimitée par 3 bouées jaunes formant un arc de cercle. Au delà de cette ligne, il est donc possible de mettre son ancre ! Attention, au pied du Pain de Sucre, il y a quand même une vingtaine de mètres de fond. Mais à l’opposé, près de la falaise, on remonte à 14 m voire moins, ce qui rend le mouillage faisable. Au début, nous voulions seulement mouiller là pour la nuit, attendant une bouée disponible pour le lendemain matin. Mais nous n’avons pas plus roulé que ceux 50 m devant nous, autant rester là !
C’est joli le Pain de Sucre !
Enfin, il y a l’Anse Fideling à Terre de Bas. Pas de bouées de toute façon sur cette île. Un minuscule port au sud-est mais pas pour les voiliers. Donc on mouille dans la baie suivante, par 2m50 de fond à l’endroit le plus protégé. Nous avons mis une ancre arrière pour rester face aux vagues qui s’engouffrent dans l’anse, car le vent lui peut souffler en rafale depuis la terre.
Nous avons quand même fini par prendre une bouée face à l’Anse Mire à Terre de Haut, proche du village. Nos amis Fanny et Victor sur Abana étaient tout proches sur bouée également. C’est quand même beaucoup plus pratique pour débarquer, et si c’est seulement deux jours dans le séjour, ça reste quand même raisonnable pour un cadre aussi joli !
Note : Une guide de l’île nous a informé qu’il est interdit de mouiller dans l’Anse Marigot et l’Anse Pompierre au nord-est de Terre de Haut. Or, nous avons vu 3 ou 4 voiliers mouillés à Marigot, peut-être ont-ils bravés l’interdiction… En tout cas, ils avaient l’air tellement tranquilles là-bas !
Explorations de Terre de Haut et Terre de Bas
Le Fort Napoléon
1ère étape sur Terre de Haut, visiter la petite ville et monter au Fort Napoléon qui domine la baie. On nous avait prévenu d’y aller le matin, en effet, il ferme à 12h30.
Le village de Terre de Haut est super mignon, je retrouve tout plein de boutiques, des restaurants bordent la rue et les maisons colorées embellissent le décor. Certes, c’est assez touristique mais je n’ai pas trouvé cela gênant. Les gens occupent les terrasses, on ne joue pas non plus des coudes pour avancer. Et puis, ça met de l’ambiance de voir du monde !
En montant vers le fort, on se fait dépasser sans cesse par des scooters et des voitures électriques (style voiturette de golf tout terrain). La location est un vrai business ici ! Nous, on préfère monter à pied, eh oui, on est des vrais sportifs;)
Il fait chaud, on cuit un peu au soleil mais la route n’est pas très longue. Ça y est, on l’atteint enfin, le fameux Fort Napoléon ! Il nous a été chaudement recommandé de le visiter par le grand-oncle de Damien, qui avait participé à sa rénovation dans les années 1970. Construction Vauban, les remparts du fort se fondent dans la nature environnante. Rien à voir donc avec l’architecture du Fort Shirley en Dominique !
Nous n’hésitons pas à acheter nos tickets : 5€ l’entrée par personne. On peut le visiter par soi-même ou suivre une visite guidée, comprise dans le prix du billet. On le recommande ! La guide qui gérait notre groupe était très sympathique et très intéressante. On a pu apprendre plein de choses sur l’histoire des Saintes, son patrimoine et sur la bataille qui opposa les Français et les Anglais entre les Saintes et la Dominique en 1782 (que les Français ont perdu d’ailleurs…) ! Cette bataille célèbre est aussi racontée au Fort Shirley en Dominique.
A l’intérieur du fort, dans les salles qui se visitent
Le Chameau
Beaucoup nous l’ont conseillé, on l’a fait, monter en haut du Chameau pour le coucher du soleil ! C’est le point culminant de Terre de Haut et la vue sur les deux îles des Saintes est superbe de là-haut ! Nous sommes partis du Pain de Sucre, en débarquant en annexe au pied de l’hôtel sur la plage. Il faut passer derrière le complexe, suivre une route sur quelques dizaines de mètres puis s’enfoncer dans la forêt, sur un sentier très bien balisé par d’énormes marques jaunes. Heureusement d’ailleurs car on se perdrait rapidement ! Suite au cyclone Maria, des branches et quelques arbres sont tombés (rien à voir avec la Dominique…) mais ça passe quand même. Par contre, c’est court mais très intense ! On aura mis 45 min pour faire 300 m de dénivelé, c’est dire ! Il faut même parfois mettre les mains pour avancer.
Mais le point de vue de là-haut, d’un côté comme de l’autre, vaut vraiment le coup. On ne regrette pas ! Surtout qu’on est rejoint par un groupe de l’UCPA (25 personnes d’un coup, il ne fallait pas s’attendre à être tranquille) qui nous offre un petit verre de punch:) La descente est plus facile, il suffit de reprendre la route qui part vers le village. Et de ne pas louper le croisement pour retourner vers le Pain de Sucre !
Petite tour au sommet du Chameau
L’îlet Cabrit
Mouillage du Pain de Sucre
Manwë tout seul en dehors des bouées
Plage de Pompierre et vue sur Grand Anse
Sur Terre de Haut, on s’est aussi baladé au cœur de l’île pour rejoindre depuis le village la côte nord-est. On arrive par la route sur la jolie plage de Pompierre : nombreux cocotiers, sable blanc, eau bleue turquoise (bon, il y a un peu de sargasses…). Un sentier permet de longer le littoral pour suivre l’Anse Marigot et arriver sur Pompierre mais la vue du morne à gravir m’avait tout de suite découragée. La montée du Chameau, c’était suffisant pour l’instant !
Après quelques petits feuilletés de lambis achetés au village, on déguste des Tourments d’Amour sur la plage à l’ombre des immenses cocotiers. Ces petits gâteaux ronds sont délicieux, c’est une spécialité des Saintes, que les femmes préparaient à l’époque dans l’attente du retour de leurs maris marins. On longe ensuite la plage et la falaise pour arriver sur une deuxième langue de sable blanc, d’où un sentier caché dans les broussailles (mais balisé par des marques jaunes) monte vers l’est. En croisant par ci, par là iguanes et cabris, on grimpe en admirant au fur et à mesure la vue des falaises, sur Grand Anse au loin (la plus grande plage de l’île face à l’océan Atlantique) et sur la Dominique. C’est vraiment magnifique par là ! Dommage que le chemin s’arrête à un moment, pour cause de début de terrain privé. Obligés de faire demi-tour, il n’y a pas d’accès pour faire complètement le tour de l’île…
Une pâte feuilletée en base, une confiture (à l’origine c’était de la confiture de coco mais plusieurs goûts sont proposés aujourd’hui comme goyave, banane ou ananas) et une génoise moelleuse au dessus, mmmm !
La côte Atlantique de Terre de Haut avec vue au loin sur la plage de Grand Anse.
Note : On ira faire un tour rapidement sur la plage de Grand Anse quelques jours plus tard. A part sa caractéristique d’accueillir quasiment la piste de l’aérodrome sur le sable, elle n’a pas grand intérêt. Interdite à la baignade, balayée par les vents et les vagues, elle est même plutôt inhospitalière !
Terre de Bas
Lors de notre séjour de deux jours à Terre de Bas, nous en profiterons pour faire un peu de snorkeling et tenter de nous réconcilier avec la pêche. Damien aura un calmar pour le déjeuner, c’était bon mais pas assez:) Quelques poissons sinon à voir dans les parages mais surtout des tortues ! Nous sommes tombés sur un bébé tortue trop mignon nageant dans les rochers !
Les deux villages de l’île, Petites Anses et Grand Anse, n’ont pas beaucoup d’attrait. Calmes, trop calmes même, ils donnent une sensation de lieux abandonnés comparés à l’île voisine de Terre de Haut… Si on aime la tranquillité, il faut venir voir mais pour moi, c’était un peu trop ! On s’est promené avec Cyril et Toa de Tabernac (on en parle peu après) en traversant l’île par un sentier de randonnée puis en revenant par la route. C’était joli, assez sauvage mais j’ai préféré Terre de Haut, beaucoup plus de choses à faire !
On en croise des personnes sur ce petit archipel !
Pétanque (cette fois-ci au Ricard) à Terre de Haut
Après avoir contacté Edouard et Sonia sur Saturnin par VHF dès notre arrivée aux Saintes (on avait repéré leur bateau sur internet), on les retrouve le soir-même autour d’une pétanque sur le terrain proche de la base nautique de l’UCPA. On fait alors la connaissance avec un nouvel équipage : Amandine et Charles sur Mystic Blue, un First 36.7. Sonia nous présente également des amis à elle habitant en Guadeloupe.
La pétanque bien arrosée se termine après le coucher du soleil et la soirée continue au Coconuts Bar, un bar de l’île réputé pour son ambiance et sa piste de danse ! Quelques cocktails plus tard (planteurs et Ti-Punch notamment), on finit tous par danser nous aussi jusqu’au bout de la nuit (enfin jusqu’à minuit, c’est-à-dire la fermeture du bar…). Evidemment, le lendemain sera quand même bien difficile !
Retrouvailles depuis le Cap-Vert
Un matin en arrivant en annexe, on se fait héler par un couple derrière nous qui nous font coucou ! Après quelques secondes de perplexité, on les reconnaît, c’est Victor & Fanny qu’on avait rencontré avant la transatlantique à Mindelo ! Ils étaient partis sur leur petit voilier Paco. Une fois arrivés en Guadeloupe, ils l’ont revendu – en une semaine – pour acheter plus grand, un ketch acier de 16m nommé Abana, toujours dans la même semaine ! Ils travaillent depuis aux Saintes, elle dans un hôtel restaurant, lui en faisant Airbnb sur leur voilier, pour financer la suite de leur voyage. On les retrouvera le long de notre séjour aux Saintes pour quelques apéro et pour rencontrer leur nouvel équipier : un petit chat gris appelé Elvis !
En parlant de retrouvailles, c’est Morgane, la sœur de Damien qui vient également nous voir depuis Basse-Terre (elle habite à Petit Bourg en Guadeloupe depuis 1 an et demi) pour une journée sur Terre de Haut. Journée repos et détente ! Paddle, dégustation d’une autre spécialité locale – les crêpes de poisson – , cocktail dans un bar puis dîner dans l’un des restaurants les plus réputés de l’île : 1 Ti Bo Doudou ! C’était délicieux ! Le menu est à 25€ et les entrées et plats servis sont principalement à base de poisson. C’est bien cuisiné, joliment présenté, les pieds dans le sable, bref, un bonne adresse:)
Note : Les crêpes de poissons, ce sont des petits roulés salés frits très bons, vendus dans la rue le matin par des locaux. Je précise bien le matin, on n’en trouve pas après 11h ! (On s’est fait avoir deux fois…)
Nouvelles connaissances sur Terre de Bas
C’est au mouillage à l’Anse Fideling qu’on fait la connaissance d’un nouveau bateau : Tabernac. Décidément, les Saintes, c’est un super point pour rencontrer ou retrouver du monde ! Nous avions déjà croisé ce voilier lors de notre escale à Saint Pierre puis à Portsmouth en Dominique, mais de loin. Sur Terre de Bas, on tombe nez à nez avec Toa au beau milieu de l’eau pendant une session snorkeling !
De fil en aiguille, on finit par se faire inviter, Cyril et Toa de Tabernac et nous-mêmes, pour l’apéro le soir sur un catamaran mouillé dans la baie, une famille de 3 enfants très sympathique, qui connaît déjà Callinago et Zanzibar. Fabien, Agnès et leurs enfants Margaux, Timothée et Baptiste, les Extra-Terrestres, sont en effet partis pour un an autour de l’Atlantique et ont passé du temps en Casamance, comme les deux voiliers que nous avons déjà rencontrés. Le monde est bien petit !
On gardera donc un très bon souvenir de ce petit archipel plein de charme, entre beaux mouillages, randonnées, visites et retrouvailles !
Merci de votre partage d’expérience.
Préparant ma nav pour les saintes, vos impressions sont très utiles!
De rien, merci à vous de nous suivre !