Réparation du guindeau sur notre voilier : un Goïot 312

Parmi les soucis un peu embêtants sur un bateau, il y a la panne de guindeau. Mais d’abord le guindeau, c’est quoi ?

C’est le mécanisme qui permet de descendre ou remonter l’ancre, avec un moteur électrique ou manuel. S’il ne fonctionne plus, on est donc obligé de remonter le mouillage à la main ! Des dizaines de mètres de chaîne ajoutées à notre ancre qui pèse le modeste poids de 20 kg… Bon, ça se fait mais c’est un peu usant quand même, surtout s’il y a beaucoup de fond et donc beaucoup de chaîne suspendue sous le bateau.

Le guindeau est également un organe de sécurité. Si par exemple un gros coup de vent se lève alors que vous êtes au mouillage, il faut le quitter rapidement pour éviter un problème (dérapage sur un caillou, éviter un autre bateau…). C’est évidemment plus facile de remonter son mouillage à l’aide du guindeau électrique et encore plus en équipage réduit ou seul à bord !

 

Premier souci majeur aux Baléares et second problème aux Antilles

 

On a cassé une première fois notre guindeau lors de la descente du mouillage dans une calanque très étroite à Minorque aux Baléares. On descendait l’ancre de façon électrique, il y avait une longue houle qui rentrait, une dizaine de mètres de fond et malheureusement quelques grosses roches. Au moment où l’ancre a touché le fond, le bateau s’est fait soulever par une vague et l’ancre s’est coincée sous un rocher. L’effort était trop important pour le guindeau, un axe intérieur s’est rompu et le roulement est devenu libre…

Après ma réparation quelques jours plus tard, l’axe de rechange s’est cassé de nouveau en remontant le mouillage dans 16 m d’eau à Charlotteville à Tobago. Il n’y a pourtant pas eu de souci particulier, peut être une surcharge de vase en plus de la considérable hauteur de chaîne. J’ai réparé à nouveau le guindeau en Martinique 2 mois plus tard, les mouillages étant peu profonds au Antilles, ça ne me dérangeait pas trop de remonter l’ancre à la main jusque là.

 

Mes réparations successives dans les détails

Voici l’éclaté et la liste des pièces du guindeau Goïot 312.

 

Après démontage du carter d’huile, on peut accéder aux roulements et engrenages.

La pièce responsable de mes problèmes est une goupille en acier de 8X45mm qui traverse l’axe principal (celui qui entraîne le barbotin). Cette goupille était cassée en plusieurs morceaux et avait quitté son emplacement.

Je l’ai remplacée par une vis inox de bonne taille bloquée par un écrou stop. C’est cette vis de diamètre 8mm qui s’est cassée à son tour à Tobago. Et c’est en Martinique que j’en ai remis une de même taille, pour le moment, ça tiens !

L’astuce est de mettre une vis sans filets sur la partie intérieur, c’est beaucoup plus résistant !

Attention, pour le remontage du guindeau, à chaque fois, il faut prendre soin de l’étanchéité du quarter d’huile pour ne pas qu’elle se déverse dans le puits de chaîne. J’ai découpé une chambre à air à la bonne taille pour faire joint d’étanchéité, c’est bien étanche depuis.

Toute la manipulation pour démonter ou démonter l’ensemble n’est pas très compliquée en soi mais on travaille dans un endroit peu accessible, les mains dans l’huile et il y a pas mal de boulons à enlever. Et bien sûr, en plein soleil:)

 

Révision novembre 2019 : Remise en état du barbotin d’origine

 

Après 30 ans de service, le barbotin d’origine devenait trop lisse. La chaîne sautait constamment, ça devenait vraiment un problème pour remonter le mouillage. Trouver un barbotin Goïot d’occasion, en bon état, n’est pas aisé ! Mais cette pièce étant en aluminium, je suis allé voir un soudeur alu sur le chantier naval de Raiatea, au nord-ouest de l’île.

Ça tombait bien il y en avait un qui travaillait ce jour-là sur un bateau de pêche et qui a bien voulu prendre 1h de son temps pour m’aider. La procédure de remise en état est assez simple. Avec son pistolet, le soudeur charge en aluminium les emplacements des dents puis les fraise pour leur donner leur forme. Pensez à prendre avec vous un petit bout de chaîne pour pouvoir calibrer la bonne forme du barbotin !

Après remontage sur le bateau, il va forcement falloir faire quelques retouches de limage pour que la chaîne entre et sorte facilement des mâchoires du barbotin. C’est finalement ce qui m’a pris le plus de temps, à la lime à métaux. En effet, avec la tension, la chaîne ne rentre pas tout à fait de la même manière qu’à vide !

Le « doigt repousse chaîne », qui sert à faire sortir la chaîne du barbotin, boulonné juste en dessous de ce dernier, légèrement tordu avant la réparation du barbotin, n’a évidemment pas supporté cette nouvelle contrainte… Il s’est légèrement cassé, bloquant alors complètement la chaîne dans le barbotin.

Heureusement le soudeur toujours présent au chantier a pu me le remettre droit et le réparer en 10 minutes. Et voilà un barbotin comme neuf ! Quel bonheur de remonter son mouillage sans avoir de mauvaise surprise !

Prix de la réparation : Eh bien, le soudeur ne me demandait rien, mais je lui est tout de même donné une trentaine d’euros pour le remercier.