Ua Pou aux Marquises, au pied de ses immenses pitons de lave

Les impressionnants pitons de l'île de Ua Pou aux Marquises.

 

Il nous reste une dernière île à visiter dans l’archipel des Marquises : Ua Pou, située au sud-ouest de Nuku Hiva. Elle est sur notre route pour les Tuamotu, aucun détour donc pour nous y rendre. Nous partons de Nuku Hiva et de sa capitale Taiohae sans regret, nous avons bien profité de la grande île du nord, à deux puis à trois avec notre copine Maya !

Naviguer jusqu’à Ua Pou nous prend une bonne partie de la journée. On est au travers au vent, les vagues restent heureusement de taille raisonnable. On avance bien mais nous avons quand même 25 milles à parcourir pour atteindre le premier mouillage possible au nord-est : Hakahau.

On peut par contre commencer à admirer l’île de loin, car ses reliefs sont très caractéristiques et uniques aux Marquises. Ua Pou signifie en effet « les piliers » et doit son nom aux gigantesques colonnes de roches qui s’élèvent à plusieurs centaines de mètres au centre de l’île. Cette chaîne de pitons est véritablement impressionnante !

Grâce à ses pitons, Ua Pou se détache à l’horizon. Par beau temps, on les voyait déjà depuis Taiohae au sud de Nuku Hiva.

Le plus haut de ces pics atteint les 1200 m et les autres s’élancent tout autant vers le ciel. Formées à partir de roches volcaniques spécifiques à la formation de cette île, la phénolite, contrairement aux autres îles de l’archipel où le basalte prédomine plus, ces aiguilles ont su en plus résister à l’érosion et à l’effondrement au fil du temps.

Nous avons hâte d’observer tous ces phénomènes géologiques de plus près, aussi sommes-nous bien contents d’arriver enfin à Hakahau, la ville principale de Ua Pou. On se réfugie derrière la digue, 4 voiliers sont déjà ancrés, certains depuis longtemps semble-t-il. Mais on reste sceptique, ça roule pas mal même derrière la petit digue… La houle, venant du sud-est avec le vent, arrive à s’immiscer dans la petite baie et il ne reste guère de place pour s’abriter au mieux.

On hésite, on tourne en rond et puis hop, on remet les gaz, direction le village suivant ! Ça ne sert à rien de se forcer, ici ça ne donnait pas envie, la faute à ce roulis incessant. Et dire que je pensais qu’en quittant Taiohae, l’un des mouillages les moins agréables que nous ayons fait aux Marquises, on serait tranquille !

On pense quand même à prendre au passage quelques photos des pitons sous le ciel gris.

Mouillage devant le petit village de Hakahetau

6 milles plus loin, nous arrivons dans la baie de Hakahetau au nord-ouest. Deux voiliers seulement y sont présents, décidément, il n’y a pas tant de monde que ça sur Ua Pou en ce début juin. Les plaisanciers seraient ailleurs dans l’archipel ou déjà partis vers les Tuamotu…

On se trouve une petite place face à la cale de mise à l’eau, côté ouest. Et on ne réfléchit pas longtemps à mettre un mouillage arrière pour rester face à la houle ! Car oui, même si ce mouillage est réputé pour être bien abrité d’avril à septembre, à ce moment là, la houle longue tenace arrivait à tourner la pointe ouest de la baie.

Ouf, une fois bien installés, on peut se sentir plus serein et stable pour notre première nuit à bord ici. Le lendemain, il est temps de mettre pied à terre ! On amarre notre annexe au quai et on arpente le village d’Hakahetau, encore un brin endormi sous le soleil matinal. Comme sur les autres îles, c’est toujours aussi charmant par ici, maisons et jardins sont joliment entretenus et on prend plaisir à se balader dans les quelques petits rues.


Dégustation de chocolat dans les hauteurs de la vallée

Damien a vu un panneau indiquant un chemin jusqu’aux pitons de lave solidifiée, mais des locaux nous précisent que la randonnée ne peut se faire qu’avec un guide. Néanmoins, on peut monter seuls jusqu’aux cascades qui surplombent le village dans la vallée.

Le sentier à l’ombre des arbres est agréable et rapidement, on croise les ruines d’un site archéologique, vestiges d’un lieu de vie du passé, des premiers habitants de la région.

Comme sur Nuku Hiva, on peut voir les fondations des anciennes habitations, plateformes de pierres au milieu des arbres.

On continue de monter dans la vallée pour arriver à un croisement, où un panneau nous indique à gauche la direction de chez Manfred, alias « Choco-Man », un Allemand qui vit ici et fabrique son propre chocolat ! On se garde ça pour plus tard, on prend d’abord à droite pour rejoindre une mignonne petite cascade. L’eau est fraîche et on aurait presque envie de se baigner, mais c’est sans compter les dizaines de moustiques qui nous assaillent sans pitié !

Retour vers chez Manfred, sa maison est bien éloignée de tout dis donc ! On arrive devant le domaine, où une arche délimite l’entrée et une cloche permet de s’annoncer. La femme de Manfred, une Marquisienne, nous accueille dans un jardin surprenant, tout en décorations végétales et petits salons extérieurs. On discute avec cette locale déterminée et motivée face au travail des ressources de son île, tout en dégustant le chocolat noir fabriqué par son mari et elle. Nature, au riz soufflé, aux noix de macadamia, au gingembre… il y en a pour tous les goûts ! Le savoir-faire artisanal de ce chocolat se dévoile sous la langue, on sent les arômes et presque les grains de sucre ajoutés, c’est brut, grossier presque mais délicieux.

Quand on sait le processus long et compliqué qu’il y a derrière, pour avoir visité des chocolateries sur l’île de Grenade ou au Mexique, on est admiratif du courage de ce couple pour ce lancer dans cette aventure. L’épouse de Manfred déplore d’ailleurs la paresse de nombreux jeunes apparemment qui ne s’occupent que de la coprah (chair de la noix de coco qu’il faut faire sécher au soleil), une récolte physique mais sans grande difficulté, sans même chercher à renouveler les vieilles plantations de cocotiers des vallées. Elle pense que ce serait bénéfique pour les exportations de s’intéresser au café, à la vanille et au cacao, cultures plus fastidieuses mais tout aussi intéressantes économiquement, voire plus.

Note : On peut acheter des tablettes de chocolat sur place, pour 500 Fr par tablette, quel que soit le goût.


A la chasse aux fruits dans le petit village de Hakahetau

On n’a pas le courage de marcher plus loin que chez Manfred, surtout à cause des moustiques voraces. Aussi retourne-t-on au village, non sans avoir récupérer quelques citrons verts sur le chemin. Notre départ pour les Tuamotu étant imminent, il va d’ailleurs falloir amasser le plus de fruits possible ! En effet, ce n’est pas sur les atolls de sable et de coraux que nous trouverons beaucoup de produits frais… Exceptées les noix de coco bien sûr !

Note : Il y a des supérettes apparemment sur certains atolls, notamment les plus gros, comme Makemo, Fakarava ou Rangiroa. Mais je ne sais pas s’ils sont approvisionnés en fruits et légumes. Nous avons entendu dire que certains locaux avaient des potagers et qu’on pouvait leur acheter quelques denrées.

Nous avions prévu le coup en tomates, choux, concombres et oignons sur Nuku Hiva, après un passage chez Moana au nord, à Haatuatua, chez Kuha au sud, à Hakaui, ainsi qu’au marché de Taiohae. Les petits supermarchés de la ville nous ont aidé pour des œufs, de la farine (indispensable pour le pain matinal!) et un peu de viande qui ne durera pas longtemps… Ah si seulement on avait un congélateur à bord !

Note : Pour le poisson, nous avons encore à bord quelques conserves de thon de notre transpacifique. Et on espère en pêcher lors de notre navigation d’ici aux Tuamotu ! Car sur place, impossible encore de songer à la chasse sous-marine, les atolls sont eux-aussi atteints par la ciguaterra. Certains tentent le coup, instruits par les locaux sur les espèces à chasser ou non (elles changent à chaque atoll) mais nous ne voulons pas prendre de risque. Trop moche comme maladie, dont on peut garder des symptômes toute sa vie ensuite !

On a donc besoin de fruits et pour cela, on se promène dans Hakahetau en demandant par ci, par là aux habitants. Tout en discutant avec les Marquisiens, toujours enclin à la conversation, on récupère ainsi des mangues, des noix de coco, des pamplemousses et un gigantesque régime de bananes, achetés à prix doux ou même donnés gratuitement.

C’est bon, on est paré pour les semaines à venir en bananes!

Départ pour les Tuamotu, après deux mois aux Marquises

On est un peu triste de quitter les Marquises, tout est passé si vite. Mais nous avons bien profité de chaque île au mieux, pas de regret ni d’impression d’avoir manqué quelque chose. On aurait certainement pu faire plus de choses aussi sur Ua Pou mais il faut l’avouer, on commence à en avoir marre des mouillages rouleurs… La houle incessante autour des îles nous empêche de vivre paisiblement à bord.

Nous ne sommes pas mécontents donc de partir pour des mouillages plus calmes, des plages et de l’eau turquoise ! En route pour les Tuamotu ! Nous n’avons pas de date limite au travers de ces dizaines d’atolls disséminés d’est en ouest. On pense juste arriver vers Tahiti pour la fin de l’hiver austral. Nous avons tout le temps nécessaire devant nous, avec pour objectif pour l’instant les atolls de Raroia, Makemo, Tahanea et Fakarava.

On choisit donc une route par le milieu des Tuamotu, principalement en raison des bons échos pour le kitesurf de ces lagons (et pour la plongée aussi à Fakarava). D’autres voiliers optent pour une route au nord, passant par d’autres atolls jusqu’à Rangiroa par exemple. En fonction des passes praticables ou non, tous ne sont pas accessibles de toute façon parmi les 77 existants!;) Certains ont des passes trop peu profondes, d’autres lagons sont complètement fermés et impossibles à aller voir en voilier. Et ça dépend aussi si on vient des Marquises au nord-ouest ou des Gambiers au sud-ouest !

Dernier coucher de soleil avant de partir le lendemain pour de nouveaux horizons.

Certains plaisanciers comptent revenir aux Marquises vers le mois de novembre. D’une part car l’archipel est complètement hors du chemin des cyclones, contrairement aux Tuamotu – les îles de la Société étant statistiquement épargnées – d’autre part, car ils veulent assister au Festival des Arts des Marquises en décembre.

Cet événement très réputé a lieu tous les 4 ans sur une île principale. Entre les deux, une petite version est organisée sur une des îles mineures. Cette année, en 2019, ce sera la grosse version qui aura lieu sur Ua Pou, tant attendue par les locaux qui s’y préparent déjà, prêts à accueillir toute la Polynésie et même des délégations de Hawaii, des Samoa, etc. Danses traditionnelles, exploits sportifs, artisanats, tout l’art polynésien est mis l’honneur.

Dommage de manquer ça mais dur de revenir aux Marquises depuis Tahiti ! Contre le vent et à une grande distance, on ne sent pas suffisamment motivé pour prévoir cette épopée. Mais d’autres bateaux que nous connaissons, comme Maple, sont disposés à le faire, peut-être nous ferons-t-ils changer d’avis ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.