Voici le résumé de notre trajet le long de la côte Est espagnole !
Nous sommes partis pour le continent deux jours après avoir déposé les cousins de Damien à Ibiza pour leur avion retour. Ces deux derniers jours (on voulait partir quasiment aussitôt mais le vent n’était pas de la partie) ont donc été un peu moroses, comme si une période s’achevait, la fin de quelques chose… Eh oui, au final, c’est bien la fin de notre périple autour des îles Baléares, la première escale de notre voyage, et même si ça fait un moment que nous y sommes, quand on regarde en arrière, le temps est passé très très vite !
Carthagène
Nous avons mis environ 27 h (pour 122 milles) pour traverser depuis l’île d’Ibiza jusqu’à Carthagène, sur la côte Est de l’Espagne (dans la région de Murcie). On voulait d’abord aller à Alicante plus au nord, mais finalement, nous avons préféré profiter du vent présent pour descendre plus au sud, le but final étant bien sûr d’atteindre Gibraltar. Nous n’avons pas spécialement de plan ni d’envie particulière en ce qui concerne l’Espagne, nous verrons bien où le vent nous mène. Nous ne sommes pas pressés mais nous aimerions pouvoir partir en Atlantique pour les Canaries début septembre.
Nous sommes arrivés donc à Carthagène et cette fois-ci (et pour la première fois depuis notre départ de France !), nous demandons une place au port. Environ 80 € pour deux nuits avec notre bateau de 11,5 m. Pas donné mais rien à voir si on compare avec les prix annoncés par certains ports des Baléares (jusqu’à 100 € la nuit !). De toute façon, nous n’avons pas vraiment le choix ici, impossible de mouiller devant la ville.
Pas de chance pour nous, on tombe en pleine semaine de mauvais temps, il fera gris pendant notre court séjour, avec des grosses pluies intermittentes. Si on en voit les avantages, ça permet de rincer le bateau sans trop se fatiguer, la température est plus clémente et surtout, moins besoin de se tartiner de crème solaire ! Être au port nous permet donc de remplir nos réservoirs à eau, de nettoyer à fond l’intérieur de Manwë, de faire une bonne lessive de nos draps et autres linges encombrants et de dormir enfin sans que le bateau ne bouge d’un pouce. Je suis quand même obligée de mettre mes boules Qies durant la nuit, car le port de commerce un peu plus loin travaille à temps plein, chargeant et déchargeant les containers sur les cargos. Pas trop gênant pour Damien mais je suis plutôt sensible aux bruits pour dormir 🙂
On en profite aussi pour réparer deux trois petites choses cassées (butée du chariot de grand-voile, fixation du lazy-bag au niveau de la bôme…) pendant notre dernière navigation : Damien s’en sort rapidement, ce n’était pas grand-chose. Le plus long au final aura été de trouver le ship pour acheter les pièces ! C’est bizarre mais à croire que les Espagnols ne réparent pas souvent leur bateau, nous n’en avons presque pas trouvé aux Baléares (ou ouverts seulement le matin?!) et ici à Carthagène, le ship le plus proche est à 20 min de marche du port. Ce n’est pas très pratique si on a beaucoup de choses à réparer…
Nous nous sommes un peu baladés dans la ville pendant nos deux jours mais le temps maussade ne nous a pas beaucoup motivé et ne rendait pas les alentours très attrayants. La pluie s’étant néanmoins calmée lors de notre première soirée, nous en avons quand même profité pour tester les tapas locaux, aux prix imbattables : 2,5 € pour un tapas à partager + un verre de vin (ou un demi de bière). Une formule plutôt économique !
Navigation le long de la côte
Nous quittons Carthagène vers midi dans l’espoir d’atteindre Málaga dans les jours qui viennent. Malheureusement, on aura un peu tout en terme de vent et de houle en longeant la côte. C’est en slalomant entre les cargos mouillés dans la baie, au moteur, que nous commençons ce périple. Au bout de deux heures de moteur, le capitaine en a marre (il déteste vraiment mettre le moteur, c’est vrai que c’est un peu ironique sur un voilier…) et décide de mouiller dans la première baie que l’on trouve. C’est donc seulement 11 milles après Carthagène que nous passons la nuit (devant la plage du port de La Azohía) en attendant le vent, qui ne se lèvera que le lendemain après-midi.
Nous levons l’ancre du coup le lendemain et Damien décide de retenter sa chance à la pêche à la traîne (aucun poisson depuis notre départ de France!). Mais à peine le leurre est plongé dans l’eau que la ligne tire, Damien pense avoir accroché quelque chose, mais on ne croit pas à un poisson si vite, ce serait un miracle qu’il morde si rapidement. Damien remonte sa ligne et si ! ce sont bien deux petites bonites qui ont mordu ! C’est Damien qui s’occupe de les vider car je n’ai pas encore le cœur assez accroché pour ça. Les poissons sont encore dans le seau que la ligne se remet à tirer ! Et ça mord une nouvelle fois pour une nouvelle bonite ! Une quatrième sera prise enfin dans les minutes suivantes. Maintenant stop car on en a assez à manger. Je ne suis pas fan du poisson mais Damien me promet de me les préparer et de me faire aimer. Un premier plat de simple filet à la poêle avec des épices et du riz pour le soir même, le second sera un plus élaboré.
Recette avec des bonites :
Il faut :
- 3 bonites
- 1 tomate
- 1 oignon
- 1 demi-citron
- ail
- huile d’olive
- épices / herbes
Préparer les poissons : tirer tous les filets pour que ce soit plus facile pour manger ensuite. Couper la tomate et l’oignon en petits dés. Récupérer des morceaux d’écorces de citron. Couper quelques gousses d’ails. Mettre ce mélange avec les poissons dans une seule papillote. Ajouter du jus de citron et de l’huile d’olive, ainsi que des herbes (nous on a seulement de la coriandre en ce moment) et des épices.
Refermez la papillote pour que ce soit bien hermétique.
Laisser mariner le tout pendant 1 demi/heure voire 1 h mais pas plus, le but n’est pas que le poisson cuise avec le citron.
Cuire entre 15 et 30 min selon la quantité de poisson à la chaleur maximum du four, c’est prêt ! C’était plutôt réussi, nous avons servi tout cela avec une salade de tomate/poivron/avocat. Ce qui est bien en tout cas avec les bonites, c’est qu’une fois les filets bien relevés, il n’y a plus d’arêtes !
La suite du trajet vers Málaga sera dans les mêmes tons, du vent puis plus rien… Du coup, nous nous sommes arrêtés une fois pour une pause déjeuner (devant Almerimar) et une autre fois tard dans la nuit (devant la plage de La Herradura), pour se reposer car nous étions bien secoués au milieu de l’eau, sans vent.
Málaga
Nous arrivons à Málaga en milieu d’après-midi. Tout ce parcours depuis Carthagène nous a paru bien fastidieux et long, malgré nos pauses, le vent ne jouant pas en notre faveur. Nous espérons bien qu’une fois dans l’Atlantique, ce sera différent et plus constant ! D’après notre carte, il y aurait plusieurs mouillages disponibles devant le port de Málaga et surtout un, bien protégé, encastré derrière deux digues. Sans grande information, nous avons donc mouillé ici, parmi deux autres voiliers (qui partiront le soir venu). Pas une ride à la surface de l’eau, ça fait du bien d’avoir un bateau bien immobile !
Nous décidons de ne pas perdre de temps, il nous reste la fin d’après-midi pour aller voir un peu la ville. Nous mettons l’annexe à l’eau mais nous ne sommes pas rassurés pour l’accrocher ensuite quelque part. Il n’y a pas d’appontement prévu dans cette zone de mouillage, à part le débarcadère d’une école de voile, et la plage située derrière les digues est bien secouée par les vagues. Nous attachons finalement directement l’annexe sur les rochers de la digue, avec notre chaîne et notre cadenas.
Le centre-ville est assez loin à pied, une bonne demi-heure à pied, mais ça fait un bien fou de marcher après ces quelques jours à bord ! Une bonne glace (même excellente) sera méritée à l’arrivée, nous déambulons ensuite dans les rues commerçantes de Málaga. C’est très joli, beaucoup de magasins, de restaurants, de musées (Picasso notamment) et de monuments à observer. La ville est grande, il semble y avoir beaucoup de choses à faire. Nous prévoyons de revenir y manger le lendemain soir (un dimanche) et de faire quelques visites le lundi suivant.
Une fois de retour à notre annexe, nous voyons que quelqu’un a tenté de défaire le nœud de notre amarrage. Sans la chaîne, nous n’aurions peut-être plus notre chère petite annexe… Nous retournons à notre bateau et nous passerons la nuit seuls au mouillage (on ne se pose pas trop la question de pourquoi nous y sommes seuls, on y est vraiment bien pour le moment !).
Le lendemain, après une journée de repos, nous décidons de retourner en ville en fin d’après-midi. Des bateaux sont revenus au mouillage dans la journée autour de nous. La question se pose pour l’annexe, est-ce qu’on la remet au même endroit ? C’est risqué, même si nous avons la chaîne, on commence à s’imaginer des trucs : « et si des gens revenaient avec une pince coupante ? » Bon, c’est un peu tiré par les cheveux, juste pour une annexe, mais on ne voudrait pas la perdre non plus… Damien décide donc de l’accrocher près de la descente à l’eau de l’école de voile. Mais il faudra alors passer un grillage et traverser à pied une zone d’entrée de chargement pour le port, avant de rejoindre le boulevard qui va vers le centre-ville. Je ne suis pas rassurée du tout, je n’aime pas ça, mais il semble que nous n’ayons pas trop le choix…
On passe à l’aller sans encombre, il ne semble pas y avoir de gardien au niveau de la zone portuaire, qui reste ouverte en permanence sur le boulevard. Nous testerons deux endroits pour déguster quelques tapas en ville, un bar, la Taberna Mitjana, plus réputée pour ces boissons que pour sa nourriture mais cela nous convient quand même. Et ensuite, un restaurant, le Madeinterranea, un peu plus cher (mais encore très raisonnable) et très bon !
Une fois de retour à notre annexe, après une belle balade de nuit sur le port, je commence à stresser un peu de repasser le fameux grillage. Et ça ne manque pas, au moment où nous voulons passer sur la mise à l’eau de l’école de voile, un gardien nous hèle au loin. Bon, c’est râpé pour la discrétion… Damien lui explique qu’on est au mouillage derrière mais le gardien ne veut rien entendre, non seulement (et c’était sûr), c’est interdit de laisser son annexe là, mais en plus, on commence à comprendre qu’il faudrait une autorisation pour mouiller dans la zone où nous sommes ! On aura jamais le fin mot de l’histoire de ce mouillage, le gardien nous menace d’appeler la police et nous lui promettons donc de bouger notre bateau derrière les digues, face à la plage. Aussitôt dit, aussitôt fait, heureusement, ça ne roule pas trop devant la plage, les vagues des jours précédents se sont calmées. Nous n’aurons pas de problème, d’amende ou autre puisque nous avons aussitôt déguerpi de la fameuse zone. Je n’aime pas trop me faire remonter les bretelles comme ça, mais c’est vrai que le fait qu’il n’y ait aucun bateau sur plusieurs jours, comme nous, aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. On aurait pu aussi se renseigner à la Capitainerie du port, mais en tout cas, sur internet ou dans la zone elle-même, il n’y avait aucune information.
Le lendemain, nous avions donc prévu d’approfondir notre visite de la ville, on a repéré un château sur les hauteurs (nous ne sommes pas très musées…). Mais la question de l’annexe (pour la troisième fois) se pose, comme on fait ?! Sur la plage, il y a du monde, et on n’est pas très rassuré de la laisser là comme ça. On opte donc pour la dernière solution, la moins agréable mais la plus sécu, y aller à la nage ! Au moins, pas de risque pour l’annexe… On prépare donc un petit baluchon étanche avec des affaires pour aller en ville, une serviette et une bonne bouteille d’eau (il fait très très chaud en journée ici). C’est environ après 400 m de nage que nous mettons le pied sur le sable (brûlant), et nous nous rinçons aux douches de plage (que nous avions quand même repérées en amont, dur de se balader recouvert de sel…). Mes cheveux sécheront en plus en un temps record par cette chaleur !
Nous visitons le palais et la forteresse de l’Alcazaba ainsi que le château de Gibralfaro. Il fait tellement chaud (45° au soleil), c’est dur de grimper sur les hauteurs mais la vue en vaut la peine. La visite est vraiment sympa, on en apprend plus sur l’histoire de la ville. Encore une fois, une bonne glace sera apprécié une fois redescendus à l’ombre des immeubles (on abuse un peu mais ça fait du bien ! ^^). On fait aussi quelques magasins juste pour profiter de la climatisation, puis c’est le retour à pied et à la nage vers notre cher Manwë.
Gibraltar
Nous voulions partir le lendemain matin dès que le vent serait favorable pour aller vers Gibraltar, mais les vagues me réveilleront en plein milieu de la nuit. Comme je vois que le vent semble être dans le bon sens, je réveille Damien et nous décidons de partir aussitôt (3 h du matin quand même).
On mettra quand même une douzaine d’heures à rejoindre Gibraltar (il nous restait environ 64 milles). Nous approchons alors du rocher, si caractéristique du lieu, caché dans la brume et les nuages. En tournant autour à l’ouest, le vent se met à forcir énormément au moment où nous remontons la presqu’île vers le nord ! Nous avons décidé d’aller au port espagnol juste au nord de Gibraltar, la Linea de la Concepción, c’est moins cher. On peut mouiller devant ce port mais le débarquement en annexe est payant, autant aller directement prendre une place au ponton (on en aura pour 45 € pour deux nuits).
Nous passons notre fin d’après-midi à nettoyer et ranger Manwë, faire le plein d’eau et une lessive (7 € pour un lavage + un séchage). Nous ferons le plein de gasoil à Gibraltar le matin juste avant notre départ pour les Canaries, pour le coup, le prix à la pompe est moins cher là-bas : nous payerons 46 euros environ (on a réglé en livres) pour 90 litres. Sur le ponton de La Linea, nous faisons la connaissance d’un voisin allemand qui compte partir au même moment que nous pour les Canaries (mais seul sur un voilier un peu plus petit que le nôtre). Les meilleures prévisions de vent nous indiquent en effet qu’un bon moment pour partir est le surlendemain. Puis, ce sont deux français qui arrivent à côté de nous dans la soirée, sur un bateau en aluminium, avec le projet de partir pour Madère dans les jours qui viennent.
Le lendemain, on se réveille tôt, plutôt excité de passer côté anglais ! Ce serait dommage en effet d’être ici sans aller visiter un peu Gibraltar ! Heureusement, on a la présence d’esprit de prendre nos passeports avec nous plutôt que nos cartes d’identités. En tant que Français, je pense qu’elles auraient été suffisantes, mais au moins, nous passons rapidement les bornes automatiques du contrôle des passeports. Après la frontière et après avoir traversé à pied l’unique piste de l’aéroport (c’est plutôt original !), on arrive enfin en ville, au pied du rocher. Il semble se trouver quasiment toute la journée dans les nuages, au moins les Gilbratariens ne sont pas dépaysés du temps anglais ! Il fait gris alors qu’à quelques pas, le soleil brille sur l’Espagne… Mais au moins, il ne fait pas trop chaud !
Nous nous promenons dans la ville, la Main Street ressemblant un peu à un aéroport à ciel ouvert. Les magasins alternent entre bijoux, parfums, montres, alcools, souvenirs en tout genre, bijoux, parfums, montres… Tout semble détaxé. Mais comme nous n’avons besoin ni de bijoux, ni de parfums, nous ne ferons pas d’emplettes ici. Le seul intérêt serait d’acheter des cigarettes et de l’alcool pas cher (encore que nous n’avons pas vérifié les prix), mais nous n’avons pas envie de les transporter ensuite sur le dos. Par contre, les odeurs de nourritures présentes à tous les coins de rue nous donnent bien envie après nos salades quotidiennes : burgers, fish and chips et autres aliments de ce style. Mais on se retiendra, ne faisant que quelques courses sur le chemin du retour pour notre traversée vers les Canaries. On préfère se réserver pour une bonne pizza côté espagnol le soir même, plus économique qu’un restaurant à Gibraltar qui font plus penser à des attrape-touristes.
Nous marchons jusqu’au téléphérique qui emmène au sommet du rocher et qui permet d’aller voir les autres habitants locaux de cette petite région : les singes, des macaques de Barbarie. Ils sont sauvages mais malheureusement regroupés dans un parc naturel. Et le téléphérique + l’entrée de ce parc avoisine les 25 livres, trop cher pour nous. J’avais imaginé que les singes se baladaient plus en liberté que ça, en croisant en plus les nombreux panneaux dans le centre-ville interdisant de les nourrir, mais ce n’est pas le cas. On continue notre marche vers un petit parc, où la végétation est assez luxuriante et où un panneau à l’intérieur nous indique « Alameda Wildlife Park ». Peut-être verrons nous quand même quelques animaux ! Mais seconde déception, l’entrée y est de 6 livres et il semble n’y avoir que trois ou quatre enclos dont des perroquets et quelques singes, ça n’en vaut pas le coup.
Nous retournerons donc sur Manwë, satisfaits quand même de notre balade, c’est assez dépaysant et plutôt sympatique de se promener dans les rues qui rappellent un peu l’architecture et la décoration typiquement anglaise.
Prochaine étape : les îles Canaries ! Nous comptons partir le lendemain, après avoir réglé le port et fait le plein de gasoil à Gibraltar. D’après nos prévisions de vent, nous devrions mettre entre 4 et 5 jours pour arriver dans l’archipel au large du Maroc !
Là je regarde par la fenêtre et je me dis que j’échangerais bien le ciel normand contre le votre. En tout cas ces belles photos me donnent faim lol. Et ces paysages magnifiques ça réchauffe.
Merci 🙂 après bon le poisson, on n’en a pêché qu’une fois, il va falloir s’améliorer pour avoir encore de bons plats ! On devrait peut-être penser à changer de leurre…
Oui j’ai entendu dire qu’il ne faisait pas très beau en Normandie en ce moment. Là, aux Canaries (on est sur une île au nord de Lanzarote), ça va, il fait beau pour l’instant mais pas très chaud, le vent souffle bien, et depuis hier soir, c’est assez humide aussi sur le bateau. Bizarre, car l’air à terre est plutôt sec. Mais la température reste sympa quand même !