Santo Antao, deux jours sur l’île la plus à l’ouest du Cap-Vert

Randonnée sur l'île de Santo Antao, au Cap-Vert, au milieu de la végétation et des nuages.

Toutes les personnes croisées au ponton de Mindelo nous ont conseillé à tour de rôle de nous rendre sur l’île voisine de Santo Antao, surtout en tant qu’amateurs de randonnées. Apparemment, c’est le paradis pour ça là-bas ! Certains mêmes y allaient pour deux jours et finissaient par y rester une semaine !

 

Ferry pour Porto Novo

 

Nous avons donc décidé de prendre le ferry un beau matin en partance pour la ville de Porto Novo sur Santo Antao. Il n’y a en effet pas vraiment de mouillage praticable autour de l’île, nous avons donc laissé Manwë devant Mindelo, avec quand même deux ancres plongées dans le sable. C’est la première fois que nous laissons notre bateau pour une nuit, car nous avons décidé de profiter de Santo Antao sur deux jours. Après un dernier au-revoir à notre chère maison, nous embarquons à bord du ferry, déjà bien rempli par des touristes qui comme nous, veulent profiter des joies de la nature sur l’île voisine.

Nous mettons une heure pour arriver de l’autre côté du détroit entre São Vicente et Santo Antao, le ferry avance à petite vitesse. A peine débarqués, il est très facile de trouver un « aluguer » ou un taxi pour se rendre quelque part. On n’a même pas le temps de sortir de la gare maritime qu’on se fait complètement assaillir par les chauffeurs brandissant des pancartes qui indiquent un lieu précis de l’île (pour commencer une randonnée) ! Au moins, on trouve très rapidement un pick-up pour nous emmener au sommet de la Cova, un des lieux dont nous avions le plus entendu parler, à la fois sur internet et au ponton de Mindelo.

Anaïs dans le pick-up/taxi qui nous emmènera au sommet de la Cova, sur Santo Antao.

On a décidé en effet de faire une randonnée à partir de ce cratère pour ensuite aller dormir dans une ville au nord de l’île, et faire une autre marche le lendemain en partant directement de notre point de chute.

Aussitôt dit, aussitôt fait, le pick-up nous emmène avec 4 autres passagers, direction la Cova, en sillonnant une route pavée montant dans les montagnes. Le trajet nous semble plus cher que prévu, 500 escudos par personne. Mais on a vite compris le fonctionnement ici des aluguers, c’est tout un business. Les tarifs sont bien définis en fonction des destinations et parfois, il faut en prendre plusieurs d’affilée pour rallier une ville éloignée d’une autre, car les trajets sont eux aussi bien délimités entre chaque aluguer. Cela semble être l’un des seuls moyens de transport sur Santo Antao, nous avons vu peu de voitures de particuliers, les locaux les prennent aussi. Et du coup, il y a deux systèmes de tarification pour les aluguers :

  • soit on demande à partir directement, ce qui revient à le réserver pour soi et on paye cher ce transport (mais c’est rapide)
  • soit on le prend en mode « collectif », donc on attend que le chauffeur fasse quelques tours des pâtés de maison environnantes pour remplir son van avec d’autres passagers. Le tarif est fixe mais beaucoup plus bas, par contre, il faut être patient car les passagers ne se bousculent pas forcément. Cela dépend aussi des heures de la journée mais si on a du temps devant soi, c’est plus économique…

Il y a aussi des « vrais » taxi dans les villes, réseau de voitures identiques avec leur borne visible, mais là, c’est sûr que ce sera le plein tarif !

 

Randonnée Cova de Paul

 

Nous voici donc en haut de la Cova et nous n’y sommes pas seuls. Nous croiserons très régulièrement des couples ou des groupes entiers de touristes venus eux aussi profiter des joies de la randonnée. On ne peut donc pas se perdre ici ! La plupart des autres randonneurs croisés sur Santo Antao sont français, ça ne dépayse pas trop mais ça permet de discuter. Bizarre, car les nationalités rencontrées sur les autres îles du Cap-Vert étaient plus diverses ! Mais à Mindelo aussi, nous avons croisé énormément de Français, naviguant comme nous ou même venant visiter le Cap-Vert à pied.

La randonnée longe d’abord l’immense cratère circulaire de la Cova, où on peut voir en son centre des plantations de canne de sucre ainsi que quelques vaches qui paissent tranquillement à l’ombre. On marche sur une route assez large, pavée et très bien praticable. A l’autre bout du cratère, nous avons pris je pense une sorte de raccourci : un petit chemin de pierres blanches partant sur la droite de la route, pour monter sur la crête du cratère. Mais d’autres sentiers plus loin semblaient y mener aussi.

C’est là sur cette crête qu’il ne faut pas avoir le vertige ! On domine la vallée de Paul, qui descend jusqu’à la mer et à la ville du même nom. La vue est magnifique, le sentier pavé, plus étroit, descend en serpentant le long de la paroi plutôt abrupte, les pics des montagnes aux alentours percent les nuages et plusieurs villages se devinent tout au long de la vallée. Malheureusement pour nous, il y en aura un peu trop de nuages, pour profiter au maximum de cette splendide vue. Ils bougent vite et sont très bas, cette brume épaisse nous cache parfois toute la vallée. Mais au moins, on n’a pas trop chaud ! Car le soleil quand on l’aperçoit tape très vite ici, et on aura pris (encore!) quelques couleurs à l’arrivée.

La descente jusqu’à la vallée est longue et plutôt éprouvante. Rien de difficile, le sentier pavé descend en lacets, mais les genoux y prennent quand même un coup. Ce n’est pas une randonnée à conseiller à quelqu’un qui a déjà mal aux genoux ! Mais on peut l’arrêter dans chaque village sur la route, où des aluguers passent régulièrement. De toute façon, le plus beau correspond à la première partie de la descente !

Arrivés au premier village, on passe sur une route plus large, qui monte et qui descend autour du relief marqué qui continue tout au long de la vallée. Le paysage est superbe, on évolue entre des hautes parois de montagnes recouvertes de végétation, ce qui nous change beaucoup des îles précédentes. Ici, on côtoie les cannes à sucre, les bananiers, les palmiers et les cocotiers. La végétation n’est pas très dense non plus mais c’est très agréable de voir du vert autour de nous !

On observe avec envie les papayes dans les arbres ou même les bananes et les noix de coco, mais rien n’est mûr ou accessible pour en profiter 🙂

Papayes sur un arbre sur l'île de Santo Antao, au Cap-Vert.

La fin est un peu longue, on commence à espérer voir la mer au bout de la vallée. Il fait de plus en plus chaud car les nuages ne nous cachent plus du soleil. Enfin, on arrive au bout et on trouve un bar dans Paul pour y boire une bière bien méritée ! Là encore, aucun souci pour trouver un aluguer, juste un peu de patience pour qu’il trouve d’autres passagers à emmener avec nous. Notre taxi nous dépose dans une autre ville au nord, Ribeira Grande, et notre chauffeur nous fait signe vers un autre qui prend des gens pour aller vers Ponta do Sol, notre destination finale. Le réseau est bien organisé ici ! Au moins, chaque chauffeur n’empiète pas sur le trajet de son voisin.

Le trajet en aluguer depuis la gare maritime jusqu’au sommet de la Cova nous aura pris environ 45 min, pour 500 escudos par personne. Notre randonnée du jour, du sommet de la Cova jusqu’à la mer, au fond de la vallée de Paul, nous aura pris environ 4h45, quasiment toujours en descente, en comptant les pauses et le pique-nique du midi. Le retour en aluguer depuis Paul jusqu’à Ponta do Sol n’est pas très long, et nous aura coûté 150 escudos par personne.

 

Ponta do Sol, petit village balnéaire

Bord de mer près de Ponta do Sol, sur l'île de Santo Antao.

Statue de plongeur sur le bord de mer.

Les pêcheurs reviennent avec leurs prises au petit village de Ponta do Sol, sur Santo Antao.

Les pêcheurs reviennent avec leurs prises.

Elevage de cochons et poules à Ponta do Sol, sur Santo Antao, au Cap-Vert.

Il y a une multitude de minuscules enclos à cochons sur les versants, près de Ponta do Sol. Les pauvres n’ont pas beaucoup d’espace…

Ponta do Sol est un petit village en bord de mer, au nord de Santo Antao. On voit tout de suite que c’est un endroit touristique, car en cherchant un logement pour la nuit (résidence, hôtel, peu importe), les deux premiers demandés s’avèrent complets ! On ne pensait pas qu’il y avait autant de monde dans les parages. Nous atterrissons alors dans un petit hôtel, le Residencial Vitoria, où nous avons une grande chambre un peu rétro (mais salle de bain commune avec une autre), avec Wifi compris. Le soir venu, nous errons dans la petite ville à la recherche d’un restaurant, mais là aussi, les premiers que nous voyons sont complets ! Bon, en même temps, c’est ceux avec vue sur mer…

Mais finalement, ce n’est pas par dépit que nous trouvons un restaurant dans la rue de notre résidence Vitoria, le Gato Preto, tenu par un Français. Est-ce pour cela qu’il propose un menu « entrée, plat, dessert » pour 1300 escudos ? Nous n’avons jamais revu cette formule depuis notre départ, si typique des restaurants français ! Nous tentons notre chance et nous ne sommes pas déçus ! La cuisine est très bonne, le patron très sympathique et un groupe de musiciens cap-verdiens viendra jouer en milieu de soirée. Damien teste en entrée de la murène frite, c’est très bon, très fin, mais alors que d’arêtes ! Heureusement, le patron nous avait mis en garde, nous avouant que c’est pour cela que ce poisson, pourtant très bon, est rarement servi en France.

Moi, je me régale de gigot de porc servi comme un bourguignon, on mange rarement de la viande sur notre bateau. Et la plupart du temps en dehors, on trouve surtout du poulet, même si souvent très bien cuisiné.

Le petit déjeuner à l’hôtel Vitoria sera aussi royal que notre dîner de la veille ! Servi à 8h dans la « lanchonete », petit restaurant attenant, il nous attend bien au chaud sur une table, déjà préparé et recouvert d’une nappe. C’est trop gentil, ça fait vraiment petite attention de préparer tout en avance comme ça pour les clients ! Au menu, tout ce qu’il faut pour bien démarrer la journée, avec même le café chaud prêt sur la table. Bon, on est tellement content de ce petit dej qu’on ne critiquera pas le jambon blanc d’aspect bizarre et le fromage sans goût, ni le pain blanc très basique. Ici difficile de trouver ces aliments tel qu’on les connaît d’habitude. Mais c’était très bien quand même !

 

Randonnée à flanc de falaises jusqu’à Corvo

 

Du coup, nous avons prévu pour notre seconde journée sur Santo Antão une randonnée partant directement de Ponta do Sol. En discutant avec un groupe de français et leur guide, nous apprenons que nous comptons aller dans la même direction qu’eux. Cependant, en fonction de l’horaire de notre ferry retour, le guide nous conseille de nous arrêter à Corvo, un des villages traversés, pour faire demi-tour. Il sera en effet beaucoup plus facile de retrouver un aluguer pour Porto Novo depuis Ponta do Sol.

Nous empruntons une petite route, là-aussi pavée, au sud du village, à droite du cimetière si on regarde vers les montagnes. La marche longe les falaises et la vue est imprenable sur l’océan et sur ses vagues qui se fracassent en contrebas. Tout du long, cela ne fera que monter et descendre, et nos genoux et mollets nous rappellent nos efforts de la veille (surtout en descente :)). Heureusement, nous sommes la plupart du temps à l’ombre, c’est plus agréable.
Là-aussi, nous croiserons beaucoup de randonneurs sur la route, souvent accompagnés d’un guide. Pourtant, il n’y a pas vraiment de moyen de se perdre, aucun chemin ne part dans les montagnes depuis notre petite route… Le guide doit par contre apporter de précieuses informations sur les paysages et villages environnants.

Nous traversons un premier village, Fontainhas, et les aluguers depuis Ponta do Sol ne peuvent aller plus loin. Une fois Fontainhas passé, on ne peut que faire demi-tour à pied, ou continuer jusqu’au bout, jusqu’à Cruzinha da Graça, où là on pourra retrouver des taxis. Mais c’est trop loin pour nous, c’est pourquoi dès la vallée suivante, en arrivant au-dessus de Corvo, nous rebroussons chemin sur les conseils du guide rencontré le matin même.

L’aller-retour jusqu’à Corvo depuis Ponta do Sol semble faire 12 km. Nous avons mis environ 3h45 à faire cette randonnée au total. Si vous choisissez l’aller simple jusqu’au bout, c’est 4h30 ou 5h de marche.

 

Retour à Mindelo, auprès de Manwë

 

Après un pique-nique à Ponta do Sol, nous montons dans un aluguer pour rejoindre Ribeira Grande, où nous en trouverons un autre pour Porto Novo. Le trajet total nous coûtera 450 escudos par personne. Puis, c’est le retour par ferry, il faut attendre un peu avant d’embarquer, nous sommes en avance. Le retour n’est pas plus rapide que l’aller, toujours une bonne heure pour retrouver le quai de Mindelo. Manwë nous attend toujours fièrement au mouillage ! Notre infidélité d’une nuit, passée à l’hôtel, aura été quand même agréable. Ça fait plaisir de pouvoir redormir dans un grand lit, qui ne bouge pas ! Mais nous nous sommes habitués tous les deux au roulis sur le bateau et de toute façon, à Mindelo, le mouillage est très calme, on y dort très bien !

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