Voici tous les détails de notre bilan énergétique à bord de notre Océanis 390, au mouillage et en navigation.
Consommation
Pour une journée type au mouillage, nous consommons environ 100 Ah, répartis de la manière suivante : 70 % pour les équipements de confort (réfrigérateur, dessalinisateur et groupe eau), 25 % pour l’électronique (VHF en veille pour la communication avec les bateaux copains, rechargement des ordinateurs et téléphones) et 5 % pour les éclairages (intérieur, extérieur et feu de mouillage – qui est en permanence allumé).
Pour une journée type en navigation, nous consommons environ 170 Ah, répartis de la manière suivante : 62 % pour l’électronique (pilote automatique, instruments de navigation, ordinateur de bord, VHF en veille), 32 % pour les équipements de confort (le réfrigérateur principalement) et 6 % pour les éclairages (les feux de route principalement).
Les gros consommateurs
- Notre réfrigérateur consomme trop, il pourrait être mieux isolé. Pourtant, nous n’avons jamais eu le courage de nous lancer dans ce type de travaux, mais cela aurait été bénéfique c’est sûr sur le long terme.
- Le pilote automatique consomme beaucoup, surtout dans les vagues, mais il est très fiable et tient bien la route en toute circonstance. On peut difficilement s’en passer ! L’alternative est d’installer un régulateur d’allure : un système très fiable qui ne consomme rien mais qui en revanche, nécessite beaucoup de place sur la jupe arrière du bateau (un point rédhibitoire pour nous). Cela reste aussi un investissement conséquent !
- Le dessalinisateur consomme 13 A sur 12 V. Nous l’utilisons seulement lorsque nous sommes en excédant d’énergie, au mouillage et en journée (rarement en navigation). Comme il tourne sur 12 V, nous n’avons pas besoin d’allumer le moteur pour le faire fonctionner.
- Enfin, le guindeau électrique consomme aussi beaucoup mais il ne fonctionne que quelques instants et lorsque le moteur est allumé (qui fournit donc l’énergie nécessaire.
Comment est distribuer l’électricité sur notre bateau ?
L’électricité est stockée dans les batteries à une tension de 12 V. C’est pourquoi la majorité des équipements sur le bateau fonctionnent directement en 12 V. De plus, nous avons des prises USB qui convertissent la tension en 5V, pour recharger nos téléphones notamment. Nous avons également un convertisseur 12-220V de 400W pour pouvoir utiliser des appareils domestiques ou charger nos ordinateurs portables.
Stockage
Notre parc batterie est constitué d’une batterie moteur de 80 Ah (indépendante, elle ne sert que pour le démarrage du moteur) et de deux batteries de service de type AGM de 200 Ah chacune, soit un total de 400 Ah.
Note : Les batteries AGM peuvent être déchargées jusqu’à 60 % de leur capacité, soit une capacité utile totale de 240 Ah.
Pour que le parc batterie soit adapté à sa consommation, la capacité utile doit être supérieure à la consommation maximum avant rechargement (donc pour nous, cela correspond aux 170 Ah en navigation).
Production
Nous avons 490 W de panneaux solaires (2x 145 W de 2018 et 2x 100 W plus anciens), associés à un régulateur MPPT. En plein soleil, ils fournissent jusqu’à 35 A. Sur les meilleures journées sous les tropiques (environ douze heures de jour donc huit heures de charge correcte), nous produisons 2000 Wh (soit environs 165 Ah).
La production solaire sous les tropiques
Comme le soleil se lève environ vers 6 h du matin, dès 7 h nous produisons nos premiers ampères. Vers midi, si le ciel est toujours dégagé, nos batteries sont pleines au mouillage.
Le soleil se couche vers 18 h et nous produisons nos dernier ampères vers 16 h 30 si le beau temps s’est maintenu jusqu’au bout. Nous commençons donc à tirer sur les batteries à ce moment-là, ce qui donne un temps de décharge d’environ quinze heures au total.
Avec des panneaux orientables, dans la plupart des mouillages sous les tropiques (orientation du soleil est-ouest), nous pourrions gagner trente minutes de charge le matin et pareil le soir. C’est une installation intéressante à mettre en place si on en a la possibilité !
Bilan de notre énergie à bord
On voit donc que pour une journée au mouillage, la production sera supérieure à la consommation. Les batteries resterons bien chargées, on profitera de l’excédent de production en milieu de journée pour faire tourner les gros consommateurs comme le dessalinisateur.
Cependant, sur une journée de navigation, le bilan s’avère légèrement négatif. Sur une journée, ce n’est pas grave car la capacité des batteries permet une décharge conséquente. Mais sur plusieurs jours, il faudra prévoir de faire tourner un peu le moteur (notre seconde source de production d’énergie). L’alternateur moteur de 70 A d’origine permet en effet la charge des batteries lorsque le moteur tourne. Comme expliqué au-dessus, nous avons rarement besoin de le faire tourner juste pour charger.
Prendre une marge pour plus de confort !
Il faut bien comprendre que toute mon explication sur la production est basée sur le beau temps à l’extérieur (ciel dégagé et grand soleil). Lorsque le ciel se couvre, la production chute fortement. Au mouillage, on peut supporter plusieurs jours de temps totalement couvert avant de devoir faire tourner notre moteur pour recharger.
Cependant, en navigation, il faudrait alors faire tourner le moteur tous les jours afin de ne pas décharger les batteries à plus de 60 % de leur capacité. C’est pourquoi un hydrogénérateur serait le bienvenu pour produire de l’énergie en navigation en tout temps et atteindre l’autonomie avec des énergies vertes. Mais cela a un coût conséquent.
Nous étions partis de France avec 2x 180 Ah de batteries au plomb, qui n’étaient pas neuves. Nous avons dû les changer au Cap-Vert par ceux batteries au plomb de démarrage de 200 Ah (pas très adaptées pour notre utilisation). En arrivant à Tahiti, nous avons encore dû changé nos batteries car elles étaient très fatiguées. En outre, en prévision de la vente du bateau, c’était un bon point. Nous avons alors acheté deux batteries AGM de 200 Ah.
Pourquoi pas d’éolienne sur Manwë ?
Trop d’éoliennes se mettent à vibrer en fonctionnement et font un bruit désagréable, qui je pense nous insupporterait à la longue au mouillage. C’est un avis personnel. Il faut donc choisir la bonne marque mais aussi faire un bon montage pour éviter les vibrations.
Nous n’en avons jamais ressenti le besoin au mouillage grâce à nos panneaux solaires. En navigation, la majorité du temps nous sommes au portant. Le vent apparent n’est pas souvent suffisant pour une bonne production de l’éolienne.
Enfin, nous n’avons pas la place pour l’installer sans qu’elle fasse de l’ombre au panneaux solaires, ce qui ferait perdre en production solaire l’équivalent de la production éolienne…
Ce qui nous contrarie le plus au mouillage
Les bateaux au mouillage qui sont obligés de faire tourner leur groupe électrogène pour fournir leur énergie, car il ont trop peu de panneaux solaires ou aucune éolienne, voire même aucun producteur du tout… (souvent des bateaux américains !) Pourtant, l’investissement solaire est peu cher (environs un euro du watt en France) et bien vite rentabilisé par rapport au prix du groupe électrogène et de son essence.
Un mouillage idyllique peut vite devenir moins sympathique quand son voisin fait tourner son moteur 4h par jour !
Faire son bilan énergétique
Avant de partir en voyage, je vous conseille de vous intéresser à votre bilan énergétique. Cela vous permettra d’équiper votre bateau convenablement à un coût moindre car acheter des équipements dans les îles coûte souvent plus cher. De plus, cela vous évitera d’endommager vos batteries en comprenant bien comment elle fonctionnent (expérience vécue…).
Commencez par lister tous vos équipements électriques et électroniques. Ensuite, il faudra trouver leur consommation en W ou en A (en 12 V), soit sur les notices, soit en testant directement sur le circuit. Déterminez le temps d’utilisation sur 24 h dans les deux configuration suivantes : au mouillage ou en navigation.
Listez vos producteurs d’énergie. Pour le solaire, j’ai appliqué un facteur de 0,5 sur la production journalière, car les panneaux fonctionnent rarement à fond, le moindre nuage et hop ! leur production chute. Donc je prends de la marge.
En comparant votre production à votre consommation, vous pourrez ainsi déterminer si vous êtes correctement équipés ou non. Si vous observez que votre consommation est trop élevée, vous pourrez essayer d’optimiser, par exemple changer toutes les lumières en LED ou bien isoler le réfrigérateur.>
Si vous souhaitez augmenter votre production, pensez au solaire, à l’hydrogénérateur, à l’éolienne ou améliorez votre alternateur de moteur avec un répartiteur électronique, un booster ou un alternateur plus puissant.
Pour vous aidez dans votre bilan énergétique, je vous mets à disposition ma feuille de calcul sur ce lien.
Donc utiliser un désal’ sans groupe, et compter sur ses excédents d’énergie de journée pour faire tourner les gros consommateurs ponctuels, ça se fait ! A ce niveau là, vous pourriez même avoir des équipements électriques (de cuisine par exemple) et les faire marcher ponctuellement la journée quand les batteries sont pleines.
Oui c’est exactement ce qu’on fait 🙂 On peut utiliser nos ordis sans souci en journée, voire même un batteur électrique ou autre.
Anaïs
Bonjour,
Je reprends le fil en espérant qu’il est encore actif… Quelle surface occupent vos panneaux sur le portique ? Je suis préoccupé par le fardage qu’ils peuvent représenter. Je voudrais mettre un panneau de 190×100 de 440w donc 1.90 m2 sur un Amphitrite de 13 m et 13t, et cette question du fardage m’alerter… A tort ou à raison ?
Cordialement
Pierre Jean