Question d’assurance pour un tour du monde à la voile

L’assurance, la question tabou dans le milieu de la voile ! La plupart des bateaux (en voyage) sont assurés mais personne n’en parle et c’est un véritable calvaire pour choisir et/ou se faire accepter par une assurance avant de partir pour un tour du monde.

Depuis Maria et Irma, les deux cyclones dévastateurs qui sont passés sur les Petites Antilles en septembre 2017, il est plus que difficile de trouver une assurance pour la zone Antilles, surtout pendant la saison cyclonique. Certaines ont même simplement décidé d’arrêter d’assurer les bateaux là-bas.

Comment avons-nous géré la question de l’assurance de Manwë et de ses occupants ? Pourquoi sommes nous assurés ? Et chez qui ? Comment avons-nous trouvé cette offre ? Combien ça nous coûte ?

Je ne suis pas spécialiste de la question, je suis juste un plaisancier qui essaye de comprendre comment fonctionnent les assurances. Je vous fais un état des lieux de notre situation au fur et à mesure, peut-être que ça en aidera certains !

 

Les différents types d’assurance

 

Pour commencer il faut savoir quels sont les différents types de contrat d’assurance. C’est comme pour une voiture, on a l’assurance au tiers ou assurance multirisque.

Être assuré au tiers est obligatoire si vous souhaitez entrer dans un port (ça arrivera forcément un jour en bateau…). Cette assurance couvre les dégâts infligés aux autres ainsi qu’aux infrastructures extérieures. C’est le minimum, il ne faut pas le négliger car le jour où vous abîmerez la jambe d’un nageur avec le moteur de votre annexe, ça pourrait coûter cher sinon !

Cette assurance en France et Europe coûte environ quelques dizaines d’euros par mois. C’est un peu plus cher si on est en tour du monde. Si on se rend aux USA, il faut vérifier que l’assurance nous couvre encore.

Note : Suite à leur tendance à envoyer rapidement quiconque en procès et sans doute pour d’autres raisons, la plupart des assurances françaises bateaux excluent les territoires américains de la responsabilité civile.

L’assurance multirisque permet de couvrir son bateau et ses occupants pour de nombreux dommages, à hauteur de la valeur vénale ou d’expert du bateau (là ça devient plus complexe). Elle comprend également l’assurance au tiers et peut également être accompagnée d’assurances personnelles et responsabilité civile (RC).

Cette assurance est encore abordable en zone Europe et facile à trouver. Seulement, une fois qu’on parle de traverser l’océan Atlantique, ça devient vite hors de prix et surtout mission impossible pour en trouver une, surtout si on navigue sur un « vieux » bateau, le nôtre étant de 1989 par exemple. Si on est en plus en solitaire, n’en parlons même pas !

 

Est-ce nécessaire d’assurer son bateau et ses occupants ?

 

Je dirais que ça dépend du prix d’achat du bateau et de la durée du voyage. On aurait acheté un bateau à moins de 15 000€ pour partir plusieurs années autour du monde, je ne l’aurais peut-être pas assuré multirisque comme nous l’avons fait au début. Car pour environ 2000€ d’assurance par an autant prendre le risque de perdre son investissement.

Alors que pour un bateau assez cher, on paye un faible pourcentage par an pour être « assuré » de conserver son investissement. Attention aux histoires de vétusté tout de même : un batocopain a perdu son mât et toutes ses voiles durant la transatlantique, or l’assurance ne lui remboursait que 30 % car le gréement avait 8 ans. Il avait perdu en effet 10 % de vétusté par an (sachant que son assurance limitait la vétusté à 70%).

Il est aussi intéressant de pouvoir assurer les personnes du bord lorsqu’elles sont à terre en RC et individuel accident. Alors certes, on peux trouver ce genre d’assurance personnelle dans d’autres compagnies mais je suis déjà bien assez perdu dans toute cette paperasse, je trouve ça plus pratique et plus facile à gérer via l’assurance du bateau.

Donc chacun prend sa calculette ou simplement mesure ses risques pour savoir s’il veut ou non payer une assurance multirisque. Pour ma part, ça m’a toujours fait très mal de payer des fortunes pour des assurances car je n’ai jamais été confronté au cas où je devais faire appel à leur aide, mais je suis conscient que ce jour-là, l’investissement vaudra sans doute le coup.

 

Assurer son bateau pour un tour de monde, la croix et la bannière !

 

Pour les bateaux neufs je ne sais pas, mais pour assurer un bateau de 1989, on a eu beaucoup de mal !

Alors que pour avoir une assurance sur la zone Europe, il faut juste passer un coup de fil, avoir une expertise de moins d’un an et en 30 min l’affaire est réglée, dès qu’on annonce qu’on veut traverser l’océan Atlantique à deux sur un bateau de 11,50 m de 29 ans, ça devient un peu la quête du Saint Graal.

Avant le départ, notre assurance zone Europe était April Marine. Elle pouvait proposer une offre pour la transatlantique puis il aurait fallu passer sur un autre contrat avec eux via leur antenne des Caraïbes. Évidemment, ça n’aurait couvert que les Petites Antilles. Il aurait fallu encore changer d’assurance pour continuer notre route…

Étant membre de l’association Sail the World (une simple cotisation à payer sur le site), je suis passé par un partenariat avec le courtier en assurance SATEC. Il faut remplir un formulaire avec une liste de questions longues comme le bras sur les équipements du bord, le parcours nautique du skipper et des équipiers, etc.

Il faut toujours une expertise de moins d’un an. La mienne avait un an et demi, après insistance de ma part, ils ont fini par l’accepter. Mais bien sûr, ils demandent un gréement de moins de 10 ans, or le nôtre en avait 15.

J’ai encore poussé pour voir si ça passerait et le courtier a réussi à me trouver une seule proposition, juste soumise à une expertise du gréement, pas à son changement. Finalement, nous nous sommes décidés à changer quand même tout le gréement dormant, pour aussi une raison de sécurité pour un tel voyage à long terme. Mais je n’ai pas eu par la suite plus de propositions d’assurance pour autant ! La principale raison évoquée : votre bateau est trop vieux…

C’est bien étrange de réfléchir comme ça, tant qu’il est bien entretenu. Il est sûrement même plus marin et résistant que certains bateaux récents, où certains chantiers réduisent leurs coûts en rognant sur l’épaisseur des coques ou sur la qualité des matériaux. Bref, sans autre proposition, j’ai du prendre l’offre proposée par la compagnie Transmer Assurance.

 

Au final, on paye pour quoi dans cette fameuse assurance multirisque tour du monde ?

 

C’est là que j’espère avoir bien compris mon contrat. Globalement, nous sommes assurés tous risques partout dans le monde, soumis à des franchises, hors dégâts induits par un cyclone ou tempête tropicale. Ça veut dire qu’on peut rester en zone cyclonique et être assuré s’ils nous arrivent un pépin non lié à un cyclone.

Nous pouvons naviguer dans toutes les zones du globe. En précisant notre trajet à chaque grand changement de région par simple envoi d’e-mail (par exemple pour passer des Petites Antilles à l’Amérique Centrale), pour les tenir au courant.

On a également une individuelle accident, qui en cas de dommages corporels, blessures voire plus grave encore, nous dédommagent de certaines sommes d’argent (calculées en fonction du souci).

En plus de cela, nous avons la RC individuelle en dehors du bateau, quand nous mettons le pied à terre. Enfin, nous avons une assistance et protection juridique, en cas de problèmes juridiques (avocats, tribunaux).

Tout ça donc pour la somme de 2590€ par an. Ce prix est plutôt élevé par rapport à la valeur assurée de notre voilier. Nous avons choisi d’accepter et de signer ce contrat, nous partons pour un bon moment, on voulait avoir l’esprit tranquille. Est-ce un bon choix ou non ? Ça on ne peut pas encore le confirmer, nous n’avons pas eu besoin de faire appel à notre assurance jusqu’à maintenant et tant mieux dans un sens ! 🙂

 

Révision fin 2018

Depuis le mois d’octobre 2018, nous avons changé d’assurance pour une assurance basique Responsabilité Civile (pour le bateau) chez Pantaenus, pour environ 500€ par an. En effet, notre assurance multirisque précédente avait refusé de renouveler notre contrat pour un an de plus. Nous n’avons pas trouvé d’autre assureur acceptant de nous fournir une couverture multirisque, sans un rapport d’expertise de moins d’un an. Nous ne voulions pas payer pour cette nouvelle expertise et nous avons estimé qu’il était préférable d’économiser l’argent de l’assurance pour effectuer d’éventuelles réparations s’il y a un problème. C’est un choix personnel, motivé par des soucis d’économies.

Note : Dans tous les cas, je pense qu’il aurait été impossible de retrouver une autre assurance acceptant de nous couvrir multirisque.

Après plus d’un an de voyage, nous avons bien pris le bateau en mains, nous n’avons jamais eu de soucis à référer à l’assurance et finalement je me sens à l’aise avec l’idée de faire des travaux. Il nous est donc apparu clairement qu’il valait mieux ne plus payer des sommes exorbitantes dans l’assurance pour un bateau en voyage autour du monde (et encore, lorsqu’on en trouve une…).

Seulement, avec cette assurance, nous n’avons plus d’individuelle accident, plus de RC individuelle ni d’assistance et protection juridique. Pour combler ces manques, nous avons souscrit à côté à Grand Large First, un produit proposé par Sail The World qui comprend également une assurance santé individuelle. Ce produit, incluant aussi d’autres aspects pour le bateau et du rapatriement pour nous, nous coûte environ 500 € par an.

Note : Au final, comme quoi, même en se renseignant, on arrive à oublier des choses, nous n’avions pas la première d’assurance individuelle en dehors de l’Europe et des îles françaises dans tout ça ! On avait encore personnellement une mutuelle sur un an de validité (après nos ruptures de contrats professionnels) et la CPAM. On misait tout sur les soins aux Antilles françaises si jamais on avait un problème…

Donc au total, RC bateau Pantaenus + Grand Large First nous revient à un total d’environ 1000 € par an, beaucoup moins que notre première assurance multirisques (mais évidemment, ça ne couvre pas autant).

 

Révision fin 2019

 

Le bateau est toujours assuré en RC chez Pantaenus. Pour notre propre cas à nous, en arrivant en Polynésie française, on a eu du mal à savoir si Grand Large First prenait en compte ce territoire ou pas, car à la base, ce produit ne couvre pas la France ni les DOM.

Il s’avère qu’il comprendrait bien la Polynésie française. Mais ici, on a également le droit à 6 mois de couverture via la CPS (équivalent local de la CPAM). Eh oui, le système de santé est différent ici mais il peut y avoir quelques équivalences pour les voyageurs notamment. Ces 6 mois sont donc valables pour les personnes en transit ou en voyage sur zone, avec une date de retour prévue.

En négociant fermement avec la CPAM en France (nous n’avions pas de date de retour avion car évidemment, nous sommes sur un voilier), nous avons réussi à obtenir chacun le précieux formulaire 980-04, « Attestation de droit aux prestations en nature de l’assurance maladie – maternité pendant un séjour sur l’autre territoire », permettant d’ouvrir un compte ici à la CPS locale. On obtient ensuite des droits sur 6 mois, avec remboursement sans souci.

Nous avons donc gardé au début de notre séjour en Polynésie française Grand Large First, jusqu’à échéance du contrat annuel, pour ne pas le renouveler et profiter ensuite de cette affiliation possible à la CPS.

Probablement que les deux ou trois derniers mois ici, nous ne serons plus couverts personnellement pour la santé, nous aviserons et nous mettrons à jour cet article !