Fakarava, l’atoll des Tuamotu aux milles promesses (1/2)

Passe sud de Fakarava, avec le village de Tetamanu.

Nous voici arrivés sur l’atoll mythique de Fakarava ! Patrimoine mondial de l’UNESCO, réputé pour son spot de kitesurf, il était impensable de ne pas nous y arrêter quelques semaines. C’est chose faite, on vient d’y passer plus d’un mois sans s’ennuyer ! Alors ne perdons pas de temps, on vous donne dans ce premier article tous les détails de nos plongées dans la passe sud de Tumakohua. Ne manquez pas le suivant sur nos mouillages au motu Hirifa au sud-est et au village de Rotoava au nord !

 

117 milles entre Makemo et Fakarava

 

On quitte l’atoll de Makemo dans la matinée, pour sortir de la passe nord à l’étal de marée. Dehors, la mer est belle, grâce au peu de vent de ces derniers jours. C’est donc sereinement qu’on aborde cette navigation de 24h jusqu’à Fakarava, avec l’espoir de pêcher du poisson frais !

Note : On vous explique tout sur les entrées et sorties des passes et sur les navigations dans les Tuamotu dans un prochain article.

Au même moment, ce sont nos amis norvégiens Helene & Andreas qui partent eux aussi de Makemo. Avec leur catamaran Wapiti, ils nous doublent bien vite, filant à vive allure sous spi, même dans ce faible vent.

Le catamaran Wapiti qui navigue entre Makemo et Fakarava.
Difficile de faire la course avec eux, on se laisse distancer, sans trop se vexer:)

Au moins, c’est nous qui gagnons le concours de pêche ! A peine passé la pointe nord-ouest de Makemo, un beau thon d’une petite dizaine de kilos mord notre leurre. On peut enfin se réjouir des nombreux plats que nous allons pouvoir cuisiner. Notre court périple se déroulera ensuite sans souci, avec une nuit paisible à surveiller l’horizon et le rivage des atolls que nous croiserons sur notre route, sous la lueur de la pleine lune. Manwë reste stable au portant dans cette mer bienveillante, on apprécie enfin une sortie agréable sur l’océan Pacifique !

Manwë naviguant au portant vers l'atoll de Fakarava.

Pêche d'un thon lors de notre sortie en mer jusqu'à Fakarava.

 

Navigation au sein de l’atoll de Fakarava

 

Comme on peut le voir sur la carte ci-dessous, on a longé l’atoll du sud au nord, alternant entre les trois mouillages principaux. Heureusement, naviguer sur le lagon est facile, des chenaux balisés plus ou moins larges sont présents sur la longueur de l’atoll pour éviter les patates de corail.

Trace de nos routes à travers l'atoll de Fakarava - vue OpenCpn.

Vue satellite de l'atoll de Fakarava avec nos traces de navigation.

Comptez une heure de navigation entre la passe sud de Tumakohua et Hirifa au sud-est (sans difficulté). Comme l’atoll est vaste – le 2ème de Polynésie française en superficie – il nous a fallu environ 5h à chaque fois pour rejoindre le village de Rotoava au nord. On y montait seulement si le vent était absent car rester là-bas devient vite insupportable si le clapot se lève sur le lagon.

 

Passe sud de Tumakohua : ses fonds marins et ses rencontres incroyables sous l’eau

 

La passe sud de Fakarava est orientée sud et assez étroite, mieux vaut éviter d’y entrer par vent et/ou houle de sud, surtout par courant sortant. A notre arrivée, les conditions sont calmes, nous sommes à l’étal et le vent faible effleure à peine la surface de l’eau qui brille comme un miroir. On suit le chenal dans la passe, slaslomant entre les hauts fonds, tout en découvrant sur notre droite le motu Tetamanu (qui donne aussi son nom à la passe) et son mini resort dédié à la plongée sous-marine.

Note : Attention, ne tentez pas de prendre le raccourci à droite en rentrant ! Il faut rester sur le chenal balisé.

La passe sud de Fakarava, vue de l'intérieur du lagon.
Vue de la passe depuis l’intérieur du lagon, donc avec le motu Tetamanu à gauche.
Le motu Tetamanu avec son resort et ses bungalows les pieds dans l'eau.
Avec les voiliers au mouillage au fond.

 

Mouillage de la passe sud de Fakarava

 

Il se situe sous l’îlot Tetamanu. Le Yacht Service de Fakarava, établi au village de Rotoava, avait installé des corps-morts gratuits à divers endroits du lagon, financés par le gouvernement. Plutôt pratique. Ici, il n’en reste que deux, rapidement utilisés. Dommage, car le fond comporte de grosses patates de corail très rapprochées, difficile de les éviter avec la chaîne…

Le mouillage est agréable, sauf si du vent d’est de plus de 10 nœuds se lève, rester ici devient alors vite inconfortable.

Une fois entré côté lagon, on aperçoit avec plaisir Wapiti au mouillage, ainsi que nos amis français de Quasar, Yann & Laura. Étrange de se retrouver avec une autre vingtaine de voiliers, ça faisait longtemps ! A Raroia et Makemo, nous étions parfois deux ou trois seulement à des milles à la ronde ! Mais 20, ce n’est pas non plus énorme comparé à ce qui nous attend apparemment sur Tahiti…

Soirée sur le catamaran Wapiti à Fakarava.
On repassera quelques soirées bien agréables sur Wapiti, avant qu’ils ne partent pour de nouveaux horizons… Ici avec l’équipage québécois de Mjolnir aussi !

 

Parlons sérieusement, parlons plongée !

 

La passe sud de Fakarava est réputée pour être l’un des plus beaux spots de plongée au monde, grâce à sa concentration exceptionnelle de requins, le fameux « mur de requins » aussi appelée la horde. Ces animaux ont besoin d’être toujours en mouvement pour respirer. Or ici, les conditions sont uniques, entre le profil de la fine passe sud, la taille de l’atoll et la large passe au nord. Tout est réuni pour créer un courant de force idéal dans la passe sud, qui permet aux requins de rester statiques face à lui et donc de respirer sans avancer.

 

« Quoi, nager avec des requins, vraiment ? »

 

Les espèces de requins – requins gris, requins pointes blanches, requins pointes noires – qu’on trouve dans les parages sont inoffensives pour l’homme, à condition de se comporter avec logique et bon sens. Tant qu’on nage autour sans les déranger, en journée, il n’y a pas de risque. On évite le lever et le coucher du soleil. Si on pêche au harpon, il y a certaines règles à respecter, comme sortir le plus vite le poisson de l’eau. Et si on le vide à l’arrière de son bateau, on ne met pas ses mains dans l’eau au même moment !;) Nous, on ne pêche pas dans les lagons aux Tuamotu, trop effrayés d’attraper la ciguaterra (lien vers Glossaire)…

Surtout, ne manquez pas les deux documentaires réalisés dans la passe par le plongeur professionnel français, Laurent Balesta : « Mystère mérou » et « 700 requins dans la nuit ». Avec son équipe, il a étudié et filmé les espèces sous-marines, pendant plus d’un mois à 4 ans d’intervalle. Des images incroyables, notamment la nuit quand les requins se mettent à chasser dans un chaos impressionnant, ponctuées de défis humains pour ces plongeurs et d’explications très intéressantes.

Vous l’aurez compris, rester ici sans aller voir sous l’eau serait bien dommage. Mais pas forcément besoin de bouteilles, on en prend plein les yeux aussi en snorkeling et c’est ça qui est magique ! En restant sur les tombants de coraux colorés de chaque côté, dans 3 m de profondeur, on admire même plus de poissons : poissons papillons, bannerfish, anges empereurs, chirurgiens, balistes, mérous à points bleus, énormes napoléons, perroquets multicolores, etc. Tout en croisant aussi des requins remontant paisiblement sur le récif:)

Requins pointe noire nageant dans peu d'eau près des pontons de Tetamanu.
Même pas besoin de se mettre à l’eau pour voir des requins pointe noire tout autour des pontons du Tetamanu Village !
Ça se passe comment une plongée dans la passe ?

 

Dans tout les cas, avant de se mettre à l’eau, il faut d’abord vérifier le courant. Celui de la passe sud de Fakarava n’est pas très fort mais c’est quand même plus agréable d’aller nager à l’étal ou de se laisser dériver en faible courant rentrant. En snorkeling, on garde l’annexe attachée à l’un de nous et on se laisse dériver avec elle. C’est marrant, le courant accélère souvent après le resort de Tetamanu et on peut « voler » dans l’eau, avec un aquarium géant qui défile sous les yeux !

Nos amis de Wapiti nous ont prêté leur équipement de plongée. Damien et moi sommes niveau 2 CMAS, on peut donc plonger en autonomie tous les deux. Andreas nous dépose en annexe à l’entrée de la passe et c’est parti pour une dérivante au fond, émerveillés, à longer le mur de requins. On tente de s’accrocher avec deux doigts aux coraux (sans les abîmer) pour rester un peu plus longtemps, profitant au maximum de cette faune extraordinaire.

Helene en plongée dans la passe sud de Fakarava.
Sous l’excitation et l’empressement de la plongée, on avait oublié notre GoPro dans l’annexe! Les photos sont l’eau nous ont été données par Wapiti.
Mur de requins dans le courant de la passe sud de l'atoll de Fakarava.
On s’approche doucement du fameux « mur de requins ». Ce serait l’unique lieu des Tuamotu et même dans le monde où on en rencontre autant en même temps !

Bien sûr, tout le monde n’a pas son propre équipement à bord ! On peut donc faire appel à un club de plongée, il y en a plusieurs autour de la passe. On a demandé les tarifs du Tetamanu Diving Center, 7500 Fr par plongée, ce n’est pas donné… On remercie encore Wapiti de nous avoir évité cette dépense, nous permettant de garder du budget pour plonger à la passe nord (voir plus loin dans l’article).

 

« Alors, voir des requins en vrai et d’aussi près, ça fait quoi ? »

 

Au début, ça impressionne. On se dit : vraiment, c’est sans danger ? L’animal instaure la peur dans la conscience collective. Il s’agit de réapprendre la vérité et de se renseigner. Certes, on n’aurait pas eu envie de se baigner à La Réunion entre des requins bouledogues nous confondant avec de la nourriture ! Déjà, toutes les espèces n’ont pas attaquées l’homme, seuls les requins tigres, les requins blancs et les requins bouledogues sont concernés. Mais normalement, ils n’ont même pas la chair humaine dans leur régime alimentaire ! Les attaques qui surviennent malheureusement sont souvent conséquence de raisons extérieures (surpêche par exemple) ou de comportements hasardeux (baignade en eaux troubles, etc.).

Bref, pas de danger dans la passe sud de Fakarava (en plein jour), face aux requins pointe noire, aux requins pointe blanche et aux requins gris. Au contraire, on vit un moment magique ! Je ne m’attendais pas à ressentir de telles émotions en nageant si près d’eux. Entre fascination,excitation et puis, bon, un soupçon de méfiance un peu quand même – eh, ça reste des requins;) Je vois ces prédateurs d’un autre œil maintenant. Ils ne devraient pas être victimes de leur réputation…

Note : On peut parfois apercevoir des requins marteaux dans les passes des Tuamotu, mais c’est assez rare. Dommage, car leur tête particulière vaudrait le coup d’œil;)

Requins gris nageant face au courant dans la passe réputée de Fakarava, à Tetamanu.
Les requins gris sont ceux qu’on trouve en grand nombre dans la horde. Les pointes noires semblent aimer traîner sur le récif en faible profondeur.
Quid de la plongée de nuit ?

 

Si vous regardez les documentaires cités juste avant, vous serez soit tentés par l’expérience, soit trop effrayés pour même y penser ! La plongée de nuit est controversée, déjà car ça correspond à du «shark feeding » : c’est-à-dire qu’on va immanquablement éclairer des poissons qui seront aussitôt choisis comme proie par les prédateurs. Mais aussi car elle reste dangereuse, les requins sont actifs, ils chassent et même s’ils n’attaquent pas l’homme à la base, on n’est pas à l’abri de se retrouver au mauvais endroit au mauvais moment… Seul le Tetamanu Diving Center la propose (8000 Fr) et demandent une plongée de jour avant pour évaluer le plongeur. Faute de place même pour une plongée normale de jour, car ils font passé en priorité les résidents du Tetamanu Village, on a abandonné l’idée.

Prochain article : la suite sur Fakarava ! On vous parlera kitesurf au motu Hirifa, visite d’une ferme perlière au village de Rotoava et pour finir, plongées à la passe nord de l’atoll. Encore de belles choses qu’on a hâte de partager avec vous !

3 commentaires

  1. Ça régale les amis! On continue de voyager avec vous.
    On me dit le plus grand bien de vos harengs pomme à l’huile.

  2. Excellent excellent excellent ! Super les 3 derniers articles ! J attend avec impatience l article sur les passes. Avec quelles cartes naviguez vous ?
    Ps : le lien vers vers le site wapiti est erroné.
    Continuez a me faire rever !

    1. Merci beaucoup ! On navigue avec les cartes OpenCPN et les photos satellites des îles du Pacifique. C’est ce qu’il y a de plus ces vues dans les lagons des Tuamotu. On utilise aussi Navionics (OpenCPN & Navionics ce sont surtout pour les entrées et sorties des passes). Le lien a été réparé merci pour votre remarque 😉

      Anaïs

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